De la pointe de son
pinceau, Ninon éclabousse de soleil le portrait sombre du prince des ténèbres,
le bel amant dont elle est amoureuse et elle ponctue çà et là sa tunique marron
glacé de boules mimosa pour le rendre lumineux, tel l’empereur du Levant.
Dans la profondeur de la toile surgit un lac
où jouent des flamants roses et de grands cygnes blancs. D’énormes fleurs de
lotus voguent sous la lune qui offre sa clarté romanesque aux collines boisées
pleines d’animaux aux ébats printaniers.
Lasse d’avoir guetté
la lumière pour l’inscrire sur la toile, Ninon se repose dans une bergère
fleurie de tournesols et ferme les yeux.
Soudain le prince
quitte son écrin et lui réchauffe les mains.
Ninon entend une
musique du Grand Siècle et s’abandonne dans les bras de celui qu’elle aime au
plus profond de son cœur depuis si longtemps.
Ils dansent jusqu’au
petit matin. Les premiers rayons du soleil réveillent la belle Ninon. Elle veut
reprendre ses pinceaux. Trop tard !
Elle est figée dans le
tableau en costume de marquise, aux côtés de son prince, pour l’éternité de la
toile.
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