J’aimerais parler de
la beauté de la neige, de la poésie de ses cristaux, des ruisselets gelés que l’on aime, enfant, regarder comme
une rivière de diamants, j’aimerais parler des roses qui poussent sous la
neige, du rouge-gorge qui vient demander un peu d’aide et à qui on offre des
miettes de pain, j’aimerais tellement retrouver le bonheur des promenades, à la
campagne, pour admirer la splendeur de ce décor féerique, mais il y a ce carcan
de l’âge qui m’emprisonne et m’empêche de savourer ces beautés extrêmes.
Alors il me reste les
souvenirs. Je me revois, professeur téméraire, portant d’une main mon cartable
et de l’autre une soupière pleine de hachis parmentier que les élèves ne
mangeraient pas. On les avait renvoyés en apprenant que les chauffeurs de cars
ne reviendraient pas les chercher en fin de matinée. Tant pis pour les
professeurs s’ils avaient froid ! Trouvant l’attente insupportable, je m’étais
avancée dans la neige, à pied, dans un équilibre précaire, à la rencontre de
mon héros, mon mari venu me chercher de si loin avec une voiture venant de l’Est
car nous vivions chichement. Il avait pris la route pour venir à mon secours.
Nous sommes rentrés à la maison, inquiets tout le long du chemin tant la neige
et le verglas se renvoyaient la balle pour nous piéger dans les congères.
Après avoir été mon
amie, dans l’enfance, la neige m’est apparue sous un autre angle lorsqu’il m’a
fallu parcourir tant de kilomètres pour aller parler de Ronsard, Hugo et
grammaire dans de lointains collèges ruraux, mes royaumes chéris où j’étais
tout à la fois professeur, magicienne et enfant entrant dans une ronde
enchantée ! La neige fut notre sujet d’études, notre source d’émerveillement
et le thème star de notre mois dédié à la Poésie.
À si bien le rêver, l’étudier sous la forme de métaphores et
de mots précis ouvrant sur des images, nous expulsions l’hiver de sa gangue,
retrouvant la pureté du chant de Charles d’Orléans qui vécut durant la guerre
de cent ans : « Le temps a laissé son manteau, de vent, de
froidure et de pluie et s’est vêtu de broderie, de soleil luisant, clair et
beau ». Ces vers sont d’une grande beauté en leur simplicité et c’est
cette façon d’écrire que j’ai retrouvée sous la plume de Thierry Manirambona :
« au retour du soleil, une rose percera la neige ». Je garde
précieusement sa lettre qui commence à la manière des conteurs :
Dites-nous, Marguerite et je suis désolée d’avoir laissé les strates de l’âge
se déposer peu à peu sur mon être pour me fossiliser.
Alors je vous le
promets, je vais lutter et retrouver en moi le soleil de mes jours.
et a mon tour de dire que cette lettre-reponse est le plus beau cadeau de 2012
RépondreSupprimerUn grand merci à mon tour ! Que 2012 vous apporte la reconnaissance et la consécration pour cette poésie lyrique que vous nous apportez avec tant de fraîcheur et de justesse dans le choix musical des mots !
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