Il était une fois une
reine blanche qui vivait en son palais entourée de fiers chevaliers à l’armure
flamboyante. Sa devise était : « la rose percera la neige »
et ses couleurs étaient celles de l’Orient.
Chacun se demandait
quand elle se déciderait à choisir un époux mais la reine restait évasive et
prétendait qu’elle était trop jeune pour accepter qu’on lui passe la bague au
doigt. À sa nourrice qui craignait de ne pas vivre assez longtemps
pour élever le premier né, elle disait gaiement que le dieu de l’amour lui
enverrait peut-être une flèche sans l’avoir prévenue.
Afin de faciliter l’événement,
le grand chambellan ordonnait bals, tournois, jeux de cour avec notamment l’usage
du portrait énigmatique qui avait révélé tant d’inclinations réelles menant au
mariage mais la reine assistait à tous ces plaisirs sans se dévoiler. On lui
prêta une inclination pour un chevalier tant elle lui témoigna d’attentions,
multipliant les recommandations mais on réalisa ensuite qu’elle avait agi de la
sorte pour épargner un homme qu’elle savait malade.
Un jour, une petite
escorte se présenta au palais entourant un homme fascinant à la beauté solaire,
le regard criblé d’étoiles.
Il mit un genou à
terre face à la reine et même dans cette position pleine d’humilité, la tête
baissée, il avait un port royal, son long corps revêtu de tissus cousus et
peints par des doigts de fée, pliant comme une belle fleur accablée par le
soleil au zénith.
Quelques dames d’atour
restèrent discrètement auprès de la reine tandis que l’assistance se retirait à
reculons afin de ne pas gâcher une idylle naissante.
De fait, la reine
éprouva un amour naissant pour ce beau prince venu de loin et au fil des jours,
cet amour grandit tant il était plein de qualités, cultivé, modeste et prêt à
jurer fidélité pour la dame de ses pensées.
Un grand tournoi fut
organisé et le prince oriental insista pour y participer. La reine lui offrit
ses couleurs, une écharpe blanche brodée de sa devise au fil d’or et le jeune
homme valeureux, juste armé d’une lance et protégé par un bouclier s’élança au
signal des trompettes pour affronter des hommes en armure, à cheval. Chacun s’attendait
à le voir mordre la poussière tant les disparités étaient énormes mais l’incroyable
se produisit : le prince les défit un à un avec une adresse qui relevait
du prodige.
La foule l’acclama, la
reine lui sourit tendrement tandis qu’une pluie de roses blanches jonchait la
tribune royale.
Le soir, au souper, la
reine annonça leurs fiançailles. On dégusta des volailles en vol-au-vent et l’on
but du vin chaud épicé pour accompagner des pâtisseries au miel et au
gingembre. Une pyramide de choux caramélisés fourrés de crème pâtissière
clôtura le repas avec une coupe de champagne.
La nourrice ravie
offrit au couple de belles pièces de linge brodées par ses soins et le chœur des
chevaliers battus donna pour sa part une épée dont la poignée était d’or massif
serti de pierreries au prince et un diadème d’argent et de turquoises à la
reine qui avait fait le choix du meilleur des princes pour la stabilité de son
royaume.
La reine accepta tous
ces cadeaux en souriant et demanda que désormais elle ne soit plus désignée
sous l’appellation de Reine Blanche. Mon prince m’a appris dit-elle que la
couleur n’était qu’une nuance et que seul comptait l’élan du cœur !
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