Il était une fois un
roi qui mourait de froid dans son palais de marbre. Les courtisanes se
succédaient pour le réchauffer mais elles le quittaient, bleui et meurtri. Les
chasseurs et les tanneurs puis les couturiers s’affairaient pour lui présenter
d’aériens manteaux à partir d’hermines, de zibelines et de martres.
De plus en plus désespéré, ces manteaux
sublimes ne lui apportant aucun réconfort, le roi songeait sérieusement à
abandonner son royaume pour partir très loin, dans un pays où il aurait enfin
chaud.
Alors que les
servantes emballaient dans des malles ses effets personnels, son or et ses
pierreries, un traîneau s’arrêta à la porte du palais et une sublime créature,
vêtue de dentelles et d’organdi se présenta à ses yeux éblouis. Des fleurs de
myosotis étaient piquées dans ses boucles vaporeuses, son sourire était
prometteur, semblant inciter à l’amour.
Le roi, conquis, prit
la belle par la main, ordonna que l’on s’affaire auprès de son attelage, lui
présenta une fourrure de vison tout en l’invitant à s’asseoir sur le trône, à
ses côtés mais la divine créature laissa échapper sa colère. « Pourquoi
toutes ces fourrures ? N’avait-il pas honte de profiter de l’assassinat de
pauvres bêtes, parures des forêts et des lacs pour se vêtir de leurs dépouilles ?
- Pardon, ma mie, dit
le roi, si je vous ai offensée. C’est la coutume en mon pays.
- Eh bien, si tu veux
échapper au châtiment que tu mériterais, cesse de grelotter sans raison au fond
de ton palais. Habille-toi avec simplicité, monte à cheval et cours à la
recherche de ta destinée. Tu n’auras plus jamais froid, j’en réponds ! »
Et la divine créature
partit comme elle était venue, dans un bruit de grelots, laissant le roi à ses
réflexions.
Penaud, il ne put s’empêcher
de penser que la merveilleuse apparition avait dit vrai.
Il agit désormais en
suivant ses conseils et demeura en son palais de marbre, juste le temps de se
reposer de grandes chevauchées qui lui donnèrent enfin le soleil et la paix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire