Retour en Brocéliande
Au château de la tulipe d’or, les veillées se prolongeaient tant les récits légendaires de Brocéliande
captivaient l’auditoire.
L’histoire de la dame blanche, cette mariée enterrée vive, donnait
le frisson à chacun et l’on aimait
ensuite regarder la copie de la robe que Flor destinait à sa mère.
On eut l’idée de la reproduire à nouveau et pour ce faire,
on fit appel à une jeune villageoise, Nolwenn, qui avait des doigts de fée.
La jeune et jolie personne demanda l’autorisation de s’entourer
d’amies brodeuses qui l’aideraient à venir à bout de cet immense travail.
Les fleurs du voile étaient d’origine inconnue. Elles
étaient veloutées et avaient la forme d’une étoile.
Ce sont des edelweiss dit un chevalier qui venait de Haute
Provence. Ces fleurs miraculeuses, on ne les trouve que sur les sommets, là où
bondissent les chamois.
C’était sans doute l’origine de cette malheureuse émit
sentencieusement la princesse Nour dont la beauté n’avait d’égale que l’intelligence
vive, cultivée dans le palais de son père.
A moins que ce ne soit le chiffre du marié dit Kylian qui ne
voulait pas demeurer en reste.
Cette légende terrifiante et pleine de mystère les rapprocha
et on les vit déambuler doctement dans le jardin d’amour, s’arrêtant parfois
sur le banc où des anges diaphanes encourageaient les prémices de leurs amours.
Veillées et promenades déambulatoires dans le jardin d’amour,
incluant sa pause romanesque sur le banc, contribuèrent à accentuer les liens
qui se tissaient entre la princesse Nour et le comte Kylian de Concoret.
Chacun en apprenant un peu plus sur l’autre, au fil des
jours, la princesse eut envie de plonger à son tour dans l’univers féerique et
celtique de Brocéliande, aimée et cultivée par les dieux.
Les druides à la faucille d’or, coupant le gui et hantant
les lieux ornés de pierres granitiques , les korrigans, les fées, tout cet
univers fantastique et empreint de mystère parlait à l’âme de la princesse Nour
qui avait hérité de son père l’amour fou de l’inexplicable.
On finit au château par céder à ses instances et l’on
organisa un nouveau voyage en Brocéliande.
La princesse dut promettre de ne pas se rendre seule au
château de Trécesson dans l’espoir d’y
rencontrer le fantôme de la dame blanche et c’est nantie de mises en garde de
toutes sortes qu’elle prit la route, escortée , il va sans dire, par son frère,
le prince Flor et par son soupirant , le valeureux Kylian de Concoret, et une
nuée de chevaliers téméraires.
Les cadeaux rituels étaient chargés sur des mulets, coffres
où abondaient des coupons de soie, de satin et de mousseline, coffrets de
pierres précieuses et étuis décorés qui renfermaient des instruments de musique
orientaux.
Lorsqu’ils arrivèrent au château de Comper, la demeure
paternelle de Kylian, les voyageurs furent accueillis par des personnes
costumées.
Gilets brodés, jupes et corsages arborant festons dorés et
fleurs en relief, coiffes en ailes de papillons, tous ces accessoires et
vêtements chamarrés enchantèrent la princesse qui se promit d’arborer une
coiffe aussi belle et aussi aérienne.
Le château de briques roses reposait dans un écrin de
verdure auprès d’un lac où se cachait le palais de cristal de la fée Viviane,
selon la légende.
Avant de vous connaître dit Kylian à la princesse, je rêvais
de rencontrer la fée Viviane et j’espérais pouvoir l’enchanter à mon tour mais
depuis votre arrivée sur nos terres vouées à la tulipe d’or, je n’ai eu de
cesse de vous charmer voire de vous séduire si vous m’y autorisez.
La princesse n’eut pas le loisir de répondre à ce jeune
homme car le couple seigneurial accueillit son fils bien aimé avec tendresse et
prodigua hommages et effusions amicales à la princesse Nour qui resplendissait
de tout son éclat.
Flor avait voulu faire une halte à l’abbaye de Paimpont où
il s’était senti si heureux et il avait promis de rejoindre sa sœur et son ami
dans le château des origines.
Un repas fabuleux fut servi dans la grande salle du château
et pour faire patienter les invités entre chaque plat, on leur donna une aubade
et des danseurs et voltigeurs
détendirent l’atmosphère.
Une pyramide de choux à la crème et à l’essence de rose et d’oranger
fut le clou du spectacle et l’on servit des coupelles de gelées de fruits
ornées de chantilly.
Des hanaps de vin, de cidre ou de boissons aromatisées
circulaient à la ronde et lorsque tout le monde fut rassasié et rafraîchi, on
débarrassa prestement les tables et l’on put admirer un spectacle poétique où
alternaient des musiciens, des danseurs et des poètes.
Kylian voulut faire montre de son habileté à manier les
termes du fin amor, encore appelé amour courtois et il adressa le plus beau des
poèmes à celle qu’il voulait éblouir.
Les effets du voyage se faisant sentir, chacun fut heureux
de trouver un lit clos pour passer une nuit reposante.
Le lendemain, les amants en devenir se levèrent à l’aube
pour goûter les charmes évanescents de la brume celtique qui déchira un à un
ses voiles d’or et de pourpre, comme un clin d’œil oriental adressé à la plus
belle des princesses.
Kylian et Nour goûtèrent des heures enchantées et le temps s’écoula,
au rythme de promenades dans la forêt et de périodes de repos dans le plus
merveilleux des châteaux, de briques roses, au bord d’un lac où se reposait
peut-être, la fée Viviane, décidée à pouvoir encore faire usage de sortilèges
pour ancrer définitivement sa renommée.
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