Au cœur des magnolias
Dans un royaume où abondaient des magnolias aux larges
fleurs nacrées et veloutées, des oiseaux se relayaient, donnant des concerts
pour célébrer les multiples beautés de la nature.
Il advint que des chasseurs eurent vent de ces
rassemblements musicaux et alléchés par la perspective de captures d’oiseaux
dont la chair délicate était prisée des gourmets, ortolans, grives et autres
prises de choix, ils organisèrent un voyage à des fins meurtrières.
Une fée, heureusement, fut avertie par les ondes de ce projet
funeste et elle constitua une brigade de lutins habitués au combat pour
défendre de justes causes.
Leur chef assigna chacun à un poste d’observation dans les
althéas et les lilas des Indes, muni de filets et de frondes dignes de Robin
des bois pour arrêter les criminels en puissance.
Quelle ne fut la surprise de ces chasseurs lorsqu’ils se
retrouvèrent suspendus dans les airs comme un vulgaire gibier !
La fée Oriane qui était à l’initiative de ces prises réunit
les chasseurs dans une tente et les invita à un repas festif d’où les viandes
étaient exclues.
Des tourtes aux légumes et des beignets de fleurs, acacia,
hibiscus, rose, mauves et violettes charmèrent les convives à qui l’on fit
ensuite jurer de renoncer au massacre des oiseaux, quel qu’en soit le prix
proposé par un gourmet.
De retour chez eux, après avoir prêté serment et paraphé un
document officiel, cérémonial célébré par de l’hydromel et du jus de pommes
artisanal, les chasseurs vendirent leurs armes afin de ne pas succomber à la
tentation de reprendre le sentier de la guerre, installèrent un salon de jardin
spacieux près des magnolias et se surprirent à éprouver de la félicité en
écoutant le chant des oiseaux.
Définitivement dégoûtés par les appâts carnés des repas de
chasse qui attiraient bon nombre de convives dans leur région landaise, la
chasse à la palombe étant le sport favori, les chasseurs convertis devinrent
mélomanes et organisèrent des réunions dédiées à la musique.
Les repas servis à la clôture des fêtes étaient un modèle d’ode
aux produits de la terre.
Pommes de terre farcies au fromage de chèvre aromatisé à la
ciboulette et au coriandre, salades de tomates et de mozzarella décorées d’olives
aux amandes, pastilla de légumes anciens et de miel, beignets d’agrumes, tartes
aux fruits, aux noix et aux noisettes firent oublier les agapes rabelaisiennes
auxquelles les convives étaient accoutumés et ce fut le lancement d’une mode
qui permit enfin aux oiseaux et aux animaux de la forêt de vivre en paix.
Ils avaient déjà fort à faire pour lutter contre les
caprices du climat pour devoir encore se garder de la folie des hommes qui
consiste à se faire plaisir en tuant d’innocentes créatures.
Espérons que cette fable donnera à réfléchir aux amateurs d’armes :
lorsqu’on en possède, on est toujours tenté de s’en servir, sans réfléchir et
sans état d’âme.
Que le chant des oiseaux sublime cette histoire, donnant des
ailes aux promoteurs de la paix !
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