La fontaine de Yasmina
Dissimulée derrière le moucharabieh de ses appartements, la
princesse Yasmina observe les allées et venues des hommes de sa vie, mari, fils
et aussi amis de la famille mais elle s’attache surtout à regarder le jet d’eau
de la fontaine qui orne le patio, entre les citronniers et les orangers.
Sensible à la mélodie de l’eau qui rappelle à chacun qu’elle
est la source de la vie, du liquide amniotique aux torrents de montagne où s’abreuvent
les chèvres, elle compose un poème dédié à la divinité des sources et des
rivières.
Utilisant la barque sacrée des pharaons, elle part à la
recherche de son destin.
Elle largue les amarres et guidée par un matelot fantasque,
à l’image de Corto Maltèse, elle va chercher de l’ambre, des pierres précieuses
et des perles d’amour dont elle fera des colliers qu’elle offrira à ses amies d’enfance
ou de rencontre poétique, ses filles et les nymphes ou naïades de son Panthéon céleste.
De retour en son domicile, elle se met immédiatement à l’ouvrage,
crée des parures fabuleuses qu’elle enferme ensuite dans des carnets précieux.
Nouvelle Shéhérazade, elle se lance ensuite dans la
rédaction de contes inédits où les gazelles se métamorphosent en jeunes filles
pour tromper les chasseurs.
Mais voilà que ses fils lui réclament du pain, des brioches,
du cake et du pain d’épices.
Alors elle range ses cahiers secrets pour mettre les mains
dans la farine en suivant les vœux de Claude Nougaro, le chanteur toulousain à l’âme
universelle.
Le four est allumé, les pains sont enfournés et tandis que
Déborah, son bras droit, finalise la cuisson, Yasmina repart dans sa rêverie,
face à la fontaine bleue et écoute le chant divin de l’oiseau de paradis.
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