Sa renommée allait en grandissant et bientôt on vit arriver
de beaux attelages qui conduisaient les dames vivant dans des châteaux, en
calèche ou en carrosse ou encore en chars à bancs, rustiques mais confortables
pour les paysannes aisées.
Toutes ces dames qui constituaient une fidèle clientèle
heurtaient la porte de la coquette maison où vivait la jeune artiste.
Elle était si extraordinaire que les jeunes gens du village
n’osaient pas lui faire la cour.
Diane ne s’en souciait guère car elle avait tant de
commandes qu’elle n’avait pas le temps de songer à l’amour.
Ce beau sentiment qui faisait battre le cœur des jeunes
filles lui servait surtout de base pour son inspiration et les broderies qui
naissaient de ses doigts représentaient de plus en plus précisément des scènes
charmantes et romantiques : de beaux jeunes gens lançaient des regards
langoureux à de jolies créatures en frou-frou, au regard angélique.
Or, un jour, ce fut un jeune homme qui semblait échappé de l’un
de ces tableaux ornant des pièces de lin ajourées, qui se présenta à elle avec
une commande qui sortait de l’ordinaire.
Elle devait réaliser tant de pièces qu’elle ne put s’empêcher
de dire en souriant qu’elle aurait du travail pour le restant de ses jours.
J’y compte bien, lui répondit en badinant le jeune Dorian et
il se présenta à la jolie brodeuse comme l’un de ses admirateurs éperdus. C’était
en somme une demande en mariage déguisée sous la forme de cette extravagante
commande.
Je viendrai tous les jours si vous m’y autorisez, douce
Diane et je soutiendrai vos travaux d’aiguilles en vous chantant des romances
qui, je l’espère, vous aideront à trouver l’inspiration en créant des motifs
exceptionnels qui seront l’emblème de notre union si vous accédez à ma demande.
Diane sourit pour toute réponse et elle commença son
extraordinaire commande avec une aiguillée de fil d’or qui courut sur son
ouvrage comme une promesse d’amour.
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