Les lutins de Brocéliande
Dans la forêt légendaire de Brocéliande, des lutins se
décidèrent à passer à l’action pour sauvegarder cet endroit mythique et le
préserver d’une destruction inévitable.
Feux de forêt, souvent d’origine incendiaire, symbolisés par
l’arbre d’or, chêne calciné recouvert de feuilles d’or par un artiste qui
souhaitait pérenniser la forêt, petites parcelles entretenues avec plus ou
moins de soin par des propriétaires peu enclins à considérer l’aura légendaire
de leur bien, afflux de touristes parfois peu délicats, le paroxysme consistant
en un bain pris en plein jour dans la fontaine de Barenton , haut lieu
sacré qui vit la rencontre de la fée Viviane et de l’enchanteur Merlin, par une
écervelée prête à braver les interdits tacites, à la mode celtique, tous ces
événements fâcheux dévastateurs à de multiples degrés furent les détonateurs de
cette réunion, un soir, au clair de lune, de toutes les personnalités féeriques
encore présentes dans la forêt, à commencer par les lutins qui étaient les plus
nombreux.
Céleste, la petite fée qui était reconnue pour être une
parfaite organisatrice, avait préparé un banquet digne des réunions de solstice
d’été, à l’abri d’une tente de style médiéval avec la modernité d’un
laboratoire culinaire adjacent pour mettre en œuvre des mets et préparations du
terroir.
Pas de vin mais du cidre ainsi que des jus de fruits
aideraient les esprits à se délier.
« J’espère qu’il y aura tout de même un peu d’hydromel
en fin de banquet » dit un lutin qui était féru de cette boisson quasi
divine.
Céleste accepta cette entorse à ses principes, d’autant plus
volontiers qu’elle n’était pas insensible au charme de Séverin, le lutin
amateur d’hydromel.
Elle prépara de la pâte à galettes et aux crêpes et fit
graisser les galétières qui seraient actionnées en temps voulu pour que les
galettes soient servies chaudes et moelleuses à souhait, garnies de fromage, d’œufs
et d’andouille de Guémené ou de viande séchée.
Des fromages en provenance d’un monastère voisin assortis de
confitures artisanales et de pâtes de fruits du verger formeraient l’essentiel
du dessert, des plats sucrés sous forme de crèmes au caramel et de
millefeuilles pâtissiers formant le ban.
Satisfaite par l’organisation de tous ces préparatifs,
Céleste mit ensuite l’accent sur la décoration de la table.
Des ornements floraux formant l’essentiel esthétique, la
vaisselle provenant de Quimper, parachevant l’harmonie celtique du lieu destiné
en avant-première à la réflexion furent le point d’orgue de la beauté
singulière de la terre de légende.
Or, lorsqu’ils virent la jolie table de fête qui leur était
destinée, les lutins et personnalités féeriques de haut vol, suggérèrent qu’ils
pourraient cumuler la réflexion et le déroulé du repas qui semblait être de bon
augure.
Céleste céda à cet empressement, secrètement flattée par ce
désir de savourer ses préparations.
Une brigade de petites fées et de lutins s’affaira pour que
l’enchaînement du repas soit parfait.
Une consigne fut donnée notamment au sujet du cidre qui
serait servi avec parcimonie pour que les penseurs et les débatteurs gardent
toute leur lucidité.
Des amuse-bouche furent servis en toute hâte et on laissa
les langues se délier.
Il fut décidé par l’assemblée que l’on mettrait les
propriétaires face à leurs responsabilités en leur envoyant des rêves évoquant
le triste état des parcelles avec les incendiaires en embuscade.
Des rondes seraient organisées dans la forêt pour
sensibiliser les touristes à la beauté légendaire de Brocéliande et l’on
choisit des conteurs de qualité pour éviter que les dérives du bain dans la
fontaine ne se reproduisent plus.
Une tournée de cervoise Lancelot clôtura cette avancée dans
le projet du sauvetage de la forêt et Céleste donna le signal du lancement de
la cuisson des galettes pour que chaque convive soit servi avec célérité.
Un barde donna un concert à la fin du repas et l’on se
sépara en félicitant Céleste et tous les participants au festin, cuisiniers et
serveurs qui avaient donné de leur personne pour assurer l’excellence de la
réunion festive.
Des pièces d’or circulèrent à la ronde et chaque lutin se
jura d’observer une rigoureuse assistance pour que perdure la plus belle des
forêts puisqu’elle abritait en plusieurs lieux, les souvenirs de la légende.
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