La princesse Stella
Dans un royaume insulaire vivait une princesse dont le
plaisir consistait à courir sur la grève, les pieds nus.
Stella portait bien son prénom tant elle aimait admirer les
étoiles, au soleil couchant.
Elle évitait les étoiles de mer, urticantes et défensives
lorsque les vagues les avaient déposées sur le sable mouillé.
Elle emportait souvent un panier repas contenant des
gougères au fromage de chèvre, des tranches de pain bis tartinées de tapenade
ou de confitures ainsi qu’une gourde de boisson aromatisée au sirop de fruits.
Son repas achevé, Stella cherchait les fruits de mer
accessibles sur la plage et les nettoyait avant de les placer dans un sac
isotherme destiné à préserver la fraîcheur.
Un soir, alors qu’elle s’apprêtait à remonter vers son
hacienda solaire, un galop de cheval retentit aux abords de sa crique et elle
vit émerger d’une dune un superbe cavalier qui montait un alezan, à l’indienne,
sans étriers et pieds nus, comme elle.
Arrivé à sa hauteur, le cavalier descendit de sa monture d’un
mouvement digne d’un apache et ploya le genou face à la princesse pour lui
baiser la main.
Les jeunes gens échangèrent ensuite des propos anodins et
Stella céda aux lois de l’hospitalité qui étaient en vigueur dans son royaume.
Le prince Marin de Noblecourt reçut l’invitation avec une
joie mesurée par la bienséance et tous deux se dirigèrent vers le palais d’été
de la princesse.
Le prince découvrit une habitation conçue pour bénéficier
des effets du soleil.
Les jeunes gens prirent place dans des fauteuils Emmanuelle
et se servirent de bouchées gourmandes placées sur un guéridon.
De la citronnade les rafraîchit et pour adoucir les effets
nuisibles causés par le sable, des bains parfumés suivis d’onguents
adoucissants furent offerts à leurs pieds irrités.
Ensuite, Stella conduisit elle-même le prince à sa suite,
décorée et aménagée avec soin puis ils se séparèrent jusqu’au lendemain.
L’alezan Orion jouissait des soins dispensés par un
palefrenier et il rejoignit son maître dans le pays des rêves.
Le lendemain et les jours suivants, Stella et Marin
développèrent une belle amitié qui devint un manteau royal fleurdelisé qui les
conduisit à envisager un avenir commun.
Alors que leur idylle était au beau fixe, Stella s’enhardit
jusqu’à lui poser une question qui lui brûlait les lèvres depuis le début de
leur rencontre :
« D’où venez-vous, cher ami » lui demanda-t-elle
d’un ton aussi léger que possible au vu des circonstances.
« J’attendais cette question depuis si longtemps,
chère Stella qu’à présent, je peine à vous répondre.
J’ai l’impression d’avoir toujours vécu à vos côtés et vous
êtes tout pour moi à présent, une future épouse si vous le souhaitez, une
enfant que je porterai toujours dans mon cœur et une mère aimante puisque j’ai
perdu la mienne lors de ma naissance ».
Des anges passèrent et les deux amants tombèrent dans les
bras l’un de l’autre.
Pour la première fois, Stella emmena son prince dans le
palais de ses ancêtres qui étincelait sous le cristal et les dorures.
Les préparatifs nuptiaux allèrent bon train et l’on vit
arriver, à bord de voiliers, des dames aux têtes couronnées et des gentilshommes
portant l’épée et des vêtements chamarrés.
« Vous voyez, ma mie, murmura le prince Marin à l’oreille
de sa promise, vous avez eu raison de me faire confiance et de m’avoir donné
votre amour sans la contrepartie d’un titre que, du reste, je possède ».
Et tous deux se jurèrent à nouveau un éternel amour et ils
prirent la décision de se chausser dorénavant car il leur serait difficile d’être
pris au sérieux par leurs sujets s’ils restaient pieds nus !
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