L’oiseau de Mai
J’ai rencontré l’oiseau de Mai un soir où chantait une diva.
L’air de la reine de la nuit retentit sous la lune et des
lampions éclatèrent en projetant des roses de cristal et des fleurs de jasmin
aux pétales soyeux.
Des unions se nouèrent cette nuit-là et l’on vit danser des
ballerines qui exécutèrent des entrechats dignes de Margot Fonteyn.
Cette nuit-là, miraculeuse et divine, resta dans les
mémoires et j’en profitai pour passer une commande à la meilleure brodeuse du
pays.
Des oiseaux, des fleurs devaient parsemer des nappes de lin,
ajourées à l’ancienne.
Cet ouvrage destiné à parachever la soirée de rêve fut
longtemps sur le métier comme le voile de Pénélope et lorsqu’il fut enfin
achevé, l’hiver était venu avec sa cohorte de princes portant une pelisse et de
belles dames en manteau de fourrure.
Puis arrivèrent les petites marchandes de violettes avec la
promesse du printemps et je rangeai soigneusement la toile brodée en attendant
que revienne l’oiseau de Mai.
Mais l’oiseau ne revint pas et je demeurai seule, à le
guetter comme la sœur d’une héroïne de conte qui craignait pour sa survie.
Pour lutter contre la fuite du temps, j’ouvris un cahier
neuf et le couvris de notes et d’arabesques à la gloire de Charles d’Orléans, l’initiateur
de la poésie dédiée au printemps :
« Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau. »
C’est en classe, à l’école primaire
que le goût de la poésie naquit en moi et ce poème magnifique de Charles d’Orléans,
Le printemps, y est pour beaucoup !
Que renaisse l’amour de la poésie qui
parle directement à l’âme des enfants !
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