La chanson des boutons d’or
Un jour, dans un vallon, des boutons d’or formèrent une
ronde et devinrent de petites fées qui dansèrent au clair de lune, offrant leur
cœur éclatant à l’astre de la nuit.
Un poète passa par là et s’empara de cette beauté pour
écrire une ode à la nature.
Le lendemain, le poète qui se prénommait Lawrence se
réveilla aux côtés d’une jeune femme enveloppée d’un long voile de soie
blanche, brodé de lys d’or.
Elle s’abandonna dans les bras du poète en lui murmurant son
nom, Astrid.
Quel joli nom, ma fée, Astrid ! Tu me viens d’outre-lune
et tu attends de moi que je te renvoie vers les astres qui gravitent dans le
ciel, n’est-ce pas ?
Mais à part la plume que je tiens de Pierrot, je ne possède
rien et je ne pourrai te satisfaire en aucune manière. Les poètes sont riches
de leurs mots mais c’est là que s’arrête le prodige de leur âme.
Veux-tu que je te chante la romance des boutons d’or lui
répondit la délicieuse jeune femme-fleur et sans attendre son consentement,
elle chanta ces paroles de miel et de jasmin.
« Dans le paradis éclatant où se meurent les roses,
les boutons d’or parsèment la robe des élégantes de cœurs solaires et s’accrochent
à la pochette des hommes en smoking qui rentrent chez eux, une femme à chaque
bras.
La beauté des boutons d’or, modeste et pleine de gloire
intérieure rejaillit sur les vêtements des hôtes dans les bals mondains.
Les fleurs embellissent les nattes des jeunes filles,
entrelaçant les perles et les diamants de leur parure royale.
Prêtes pour le bal, les jeunes filles se chaussent d’escarpins
et tâchent de ressembler à Cendrillon dans leur robe de princesse, en rêvant de
rencontrer le prince de leur vie.
Les boutons d’or leur murmurent à l’oreille les paroles d’un
poème échappé des Fleurs du Mal ou d’Alcools et elles en font de jolies énigmes
qui s’apparentent à celles qu’aimait André Breton dans L’amour fou ou Nadja.
Alors un beau jeune homme passa par là et emporta les
boutons d’or qui se mirent à swinguer en rêvant et depuis ce temps, ces jolies
fleurs printanières attendent que des enfants les cueillent et les mettent sous
le menton d’un ami pour lui demander : aimes-tu le beurre … »
C’est alors que Lawrence enlaça la belle Astrid et lui dit :
« J’aime le beurre ma chérie mais vois-tu j’imagine une jolie motte
palpitant au cœur de ton âme pour me rendre l’amour que je te porte ».
Et les deux amants partirent à la recherche des pierres de
lune qui leur donneraient l’amour éternel et ils marchèrent longtemps, jusqu’à
les trouver, dans un champ fleuri de boutons d’or qui chantèrent sous la brise
un hymne à l’amour victorieux.
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