Alice et le miroir vénitien
En poursuivant le lapin blanc qui se plaignait toujours d’être
en retard, Alice se trouva dans une petite pièce qui était illuminée par la
présence de nombreux miroirs.
Elle en choisit un qui portait en son cœur une rose dont les
tons étaient du plus bel effet. C’était en fait un poudrier qui faisait office
de miroir par la même occasion.
Sa sœur Adèle refusait toujours de lui laisser regarder de
près son poudrier c’est pourquoi Alice fut aux anges de pouvoir ainsi s’approcher
d’un objet qui lui était interdit à la maison et qui semblait si beau et si
pratique à en juger par l’habitude répétée d’Adèle de lui rendre une visite
pour s’assurer de l’état de sa beauté.
Alice fut enchantée de découvrir à l’intérieur du poudrier
magique une décoration qui reprenait ses traits en lui donnant une finesse
inaccoutumée.
Elle activa la houppette qui était jointe au poudrier et se
poudra avec délices : elle était enfin une jeune fille certifiée et
reconnue.
Un nuage de poudre ocre et rose se développa dans la pièce, mettant
en relief un magnifique miroir vénitien qui avait échappé à sa vue.
Elle le prit avec délicatesse et vit son visage se
transformer d’une seconde à l’autre.
Un tapis de fleurs, roses, jasmin et réséda, orchidées, déroula
une traîne royale qui l’incita à ôter ses souliers vernis et à se déplacer avec
précaution sur cet accessoire magique qui se mit à onduler pour devenir une
véritable mer fleurie où nageaient des dauphins.
Sautant de nénuphars en lotus, elle finit par arriver dans
une prairie où elle retrouva, sans en être surprise, le chapelier fou et le lièvre de Mars qui
prenaient le thé de manière chaotique et charmante.
Le lapin blanc arriva tout essoufflé ; il s’épongea le
front avec un mouchoir brodé à l’effigie de la reine de cœur puis but avec
délices le contenu d’une tasse de thé venu des Indes.
Alice accepta également une tasse, se poudra ensuite le
visage d’un geste machinal et se retrouva, de ce fait, dans sa chambre, une
poupée sur les genoux.
« Qui a encore pris mon poudrier » ? dit
Adèle avec une colère qui n’était pas feinte mais Alice put répondre qu’elle n’était
pas la coupable.
Elle décida de faire la demande d’un poudrier ou d’un miroir
à la bonne fée, sa marraine et se replongea dans la lecture de son livre favori
A l’ombre des cerisiers en fleurs qui lui apporta, comme d’habitude, le plaisir
de vivre les aventures d’un descendant du chat botté ou le voyage inédit d’une
jeune femme sur les routes de Saint Jacques de Compostelle.
Le chant d’un oiseau interrompit sa lecture et elle se
promena dans le jardin en rêvant à une prochaine expédition dans le monde
féerique imaginé par un mathématicien britannique, Lewis Carroll !
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