L’amandier de nos amours
Elle a longtemps erré sur les bords de la Durance, la fée
Amandine, la fée de nos amours et elle a privilégié les vergers avant de s’installer,
dans les collines, près d’une petite maison de pierre où des poètes venaient se
recueillir, un livre ou un carnet à la main, écrivant et déclamant les fruits
de leur pensée.
Et de tous ces mots, le plus bel amandier a jailli et chacun
de vouloir s’emparer de la récolte, certain de rencontrer l’amour.
Cet amandier, j’en ai rêvé et je l’ai uni à un olivier centenaire
qui m’a rappelé les amours d’Ulysse. J’ai décidé de ne jamais quitter ces
collines car, au détour d’un chemin, l’envoyé céleste m’apparaîtrait et me
demanderait l’autorisation de goûter ces amandes prodigieuses.
Il me prierait également de réaliser un gâteau où l’amande
serait présente, sous la forme d’une poudre fine alliée à du beurre frais et de
la fleur d’oranger, d’une pâte rose qui glacerait la génoise avec, en son
centre, une rose contenant un fruit délicat et gourmand.
La fée Amandine aimait contempler les amoureux de cet arbre
qui semblait appartenir au chemin de la vie comme le symbole de l’amour.
« J’avais le plus bel amandier du quartier »
chantait Georges Brassens, imaginant qu’une belle lui avait croqué toute sa
récolte pour finalement y trouver son compte « mais sa jolie bouche
gourmande en baisers m’a tout rendu ».
Quant à moi, je me suis contentée du rêve et les promenades
sur les berges de la Bléone, l’un des affluents de la belle rivière fugueuse qu’est
la Durance m’ont aidée à abolir le cours du temps.
C’est sur ses bords que j’ai lu les plus belles pages de
Jean-Jacques Rousseau et que j’ai écouté le clapotis de l’eau sur les rochers
plats où j’avais pris place, en reine du rêve amoureux qui ne semble pas avoir
sa place ici-bas et qui se promène, au gré des nuages.
La fée Amandine s’est installée définitivement dans la
maison de pierre et c’est là qu’elle a guetté le retour des poètes, certaine de
les voir, un jour, activer le heurtoir de sa porte pour quémander une part du
gâteau merveilleux qu’elle enfournait quotidiennement pour être prête à
accueillir un prétendant au rêve, prêt à écrire le roman picaresque de cet
arbre magique.
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