L’éventail de la Reine
Dans le royaume des Mille Fontaines, il se produisit un
événement qui aurait pu sembler mineur s’il ne s’était agi de la perte d’un
symbole de la royauté : l’éventail de la reine Eléonore disparut.
Comme dans l’album Le sceptre d’Ottokar, l’éventail était l’élément
indispensable à la stabilité du royaume et conférait à la reine la dignité du
statut qui la reliait à la lignée de ses aïeux.
On chercha partout l’éventail dont les peintures sur soie
représentaient en miniature les grands événements du royaume mais ce fut en
vain.
La petite Marjolaine, benjamine des dames de compagnie,
fureta partout où il était possible de mettre la main mais là encore les
efforts entrepris restèrent lettre morte.
Pour chasser ses idées sombres, la reine se promena dans ses
jardins, fit une halte dans son jardin d’amour, s’assit sur le banc embaumé par
la roselière qui fleurissait à ses côtés et se mit en devoir de lire un roman
qui racontait les déboires d’une dame en prise à un chagrin d’amour.
Elle posa le livre au bout de quelques minutes car la perte de son éventail la perturbait et l’empêchait de prendre part à l’intrigue du roman, à cent lieues du drame réel qu’elle devait affronter.
Elle posa le livre au bout de quelques minutes car la perte de son éventail la perturbait et l’empêchait de prendre part à l’intrigue du roman, à cent lieues du drame réel qu’elle devait affronter.
Elle observa les nuages qui formaient de bien jolies figures
dans un ciel serein.
C’est alors qu’elle crut voir son précieux éventail dans la main d’un nuage en forme de déesse.
C’est alors qu’elle crut voir son précieux éventail dans la main d’un nuage en forme de déesse.
Telle la déesse Flore, le nuage présentait une forme
gracieuse et la main droite de cette divine beauté tenait l’éventail pour s’en
servir avec délicatesse.
La reine éplorée envoya une supplique muette à cette
fantastique représentation, lui écrivit également une lettre qui promettait
tous les joyaux de sa cassette personnelle si cet objet sacré lui était rendu.
Une tourterelle s’empara du parchemin et prit le chemin du
ciel pour l’offrir à sa destinataire.
Elle s’envola si haut que la reine la perdit de vue.
Afin de ne pas avoir l’air d’insister trop lourdement, elle
regagna son palais et attendit sagement qu’une réponse lui soit donnée.
Elle s’allongea sur son lit et ferma les yeux en invoquant
toutes les divinités dont elle connaissait le nom.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, le précieux éventail reposait
sur ses genoux accompagné d’une lettre dont le contenu était le suivant :
« Reine, je te rends volontiers ton éventail et je
suis heureuse de constater que tu lui attaches suffisamment d’importance pour
avoir remué ciel et terre au sens propre et au figuré.
Je n’ai pas besoin de bijoux mais je te demanderai
seulement, en contrepartie, de veiller sur les oiseaux du ciel et de leur
offrir des graines en suffisance pour qu’ils aient toujours la force de voler.
Adieu Reine et que les divinités te gardent ! »
La Reine, pleine de gratitude, donna des ordres pour que l’on
installe partout des mangeoires pleines de grains et elle fit savoir à son de
trompe que le précieux éventail avait fait sa réapparition.
On donna un bal et l’orfèvre du palais créa un bijou en
forme de nuage pour célébrer la déesse Flore qui avait été à l’initiative du
retour du symbole.
Les violons firent entendre leurs sons mélodieux et l’on
dansa jusqu’à l’aube qui fit paraître les roses du bonheur.
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