L’arbre à palabres
Bravant les interdits, les anciens se sont rassemblés à l’ombre
de l’arbre à palabres et ils se sont penchés sur l’effroyable pandémie qui a
frappé notre monde pour trouver un remède.
Masques, tests, confinement en tout genre, présenté avec une
option contradictoire annihilant le point positif du retrait, promenade du
chien, jogging etc. , toutes sortes de grigris ou de talismans servent à
rassurer le tout-venant, prêt à se raccrocher à toute forme d’espoir.
Mais que pouvons-nous faire, les amis ? dit un vieux
sage dont les cicatrices passaient pour des signes de combats victorieux.
Le combat, mon ami, il reste toujours le combat même si
cette option est douloureuse et pourvoyeuse de morts, dit le plus jeune des
sages.
On nous a toujours enseigné qu’il fallait affronter l’adversaire
en face. La révolte des Indiens en son temps est digne de respect : on
leur a volé leur territoire et leurs ennemis ont abattu les arbres, tué les
bisons puis ils ont parqué les survivants dans des réserves que leurs
descendants continuent à grignoter, se référant, pour les plus extrémistes, à
une fameuse maxime stipulant qu’un bon indien était un indien mort.
Nous n’allons tout de même pas livrer bataille à des
chauves-souris et à des pangolins, dit un sage qui avait échappé au virus Ebola.
Certes, dit un homme qui avait été géographe mais nous avons
localisé le foyer d’infection : c’est une forêt primaire où évoluent, dans
des grottes dignes de la Gorgone, ces animaux qui sont la courroie de transmission
à ces virus en forme de couronnes.
Pour la survie de l’humanité, ne pourrait-on pas organiser
une expédition qui mettrait un terme à ces diffuseurs maléfiques, avec l’aide
de drones et de robots, bref d’engins susceptibles d’éradiquer à tout jamais
ces germes de mort ?
Mais, à cet instant, Kirikou, l’enfant malicieux aux mille
ruses, apparut pour transmettre l’invitation des femmes du village à venir
déguster la soupe du soir et les boulettes de manioc.
Abandonnant à regret l’arbre à palabres et laissant en
jachère leurs idées combattantes, les sages se dirigèrent majestueusement vers
la table des ménagères tandis que les enfants leur offraient des bouquets de
fleurs et des pains savoureux.
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