Lorelei et le prince
Grâce à la limpidité retrouvée des eaux rhénanes, la Lorelei
renoue avec les fils légendaires qui la relient aux bateliers.
Or c’est avec un prince échappé d’un conte de fées, Jocelyn
de Bréhat que la belle sirène avait un rendez-vous courtois et passionné.
Lorsque le prince apparut, Lorelei fut subjuguée.
Il était si beau qu’elle en perdit tous ses pouvoirs d’enchanteresse,
parfois dévastateurs.
Elle plongea dans les eaux d’émeraude et nagea jusqu’à son
palais fluvial, taillé dans le quartz et l’aigue marine.
Elle convoqua sa cour d’admirateurs, espérant trouver un
dérivatif à sa rêverie sentimentale.
De son côté, le prince avait gardé en son cœur une émotion
vive provoquée par l’enchanteresse et il éprouvait une sorte de vague à l’âme
jamais ressenti jusqu’à présent.
Il fit venir sa favorite et tâcha, mais en vain, de trouver
l’oubli dans ses bras.
Le lendemain, il la renvoya avec de somptueux cadeaux pour
se faire pardonner sa trahison.
Jocelyn de Bréhat, seul mais délivré d’un amour mensonger se
dirigea vers l’île dont il était le prince.
Lorsqu’il y parvint, les hortensias étaient en fleurs et lui
offraient la plus belle avenue qui fût au monde.
Réfugié dans son palais princier, Jocelyn écrivit, à cœur perdu,
mille et un messages qu’il confia à sa colombe préposée au courrier amoureux,
dans l’espoir que l’un d’entre eux parvînt à la belle Loreléi, l’enchanteresse
rhénane.
Mais cette dernière s’était endormie pour mille ans,
défrayant les chroniques légendaires car chacun sait qu’un prince peut venir
réveiller sa princesse endormie au terme de cent ans. Mille ans, c’est beaucoup
plus improbable mais possible si votre conteur le désire.
C’est ainsi que le prince répondit à un courrier provenant
du fleuve légendaire et se dirigea, avec l’espérance des amants, vers le palais
de quartz où il perdit sa vie terrestre pour devenir le prince bien aimé et
éternel d’une sirène qui lui ouvrit les bras et son cœur de diamant.
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