Le prince André et la valse de l’Empereur
Qu’il était beau, le prince André, sanglé dans sa tenue de
hussard à brandebourgs, avec des bottes de cuir souple et lorsqu’il fit son
entrée dans la salle de bal, tous les regards se rivèrent sur lui !
Il s’inclina, face à une jeune fille, fraîche et insouciante,
presque une enfant et grâce à la permission accordée par sa mère, il la fit
glisser sur le parquet à la manière moscovite.
Natalia vivait un rêve.
C’est sur elle que le regard du prince s’était posé et
lorsqu’elle ouvrit les yeux qu’elle gardait à demi fermés, ce fut pour plonger
dans les eaux tourbillonnantes d’un regard profond où voguaient des navires
chargés d’or, d’encens et de pierreries.
Elle se perdit dans ce regard et oublia sa propre identité.
La valse terminée, elle sut après que c’était la valse de l’Empereur,
elle se laissa raccompagner jusqu’à sa place.
Le prince lui baisa la main, échangea quelques mots avec sa
mère et disparut comme un songe d’été.
Natalia fut invitée par d’autres jeunes gens mais elle ne
ressentit pas le même émoi.
Certains comtes se crurent autorisés à lui conter fleurette
mais les compliments tombaient comme des pierres sans lui procurer le moindre
plaisir.
Rentrée chez elle, elle rêva de promenades en traîneau et de
grands espaces qui correspondaient à la nature étrange et romantique du prince
André.
Le lendemain, elle reçut une pelisse de fourrure et une
invitation au théâtre puis à une réunion poétique autour d’un samovar.
Ce fut pour Natalia le début d’un immense amour et la valse
de l’Empereur fut, pour elle, l’hymne de la découverte d’une passion qui
durerait toute sa vie.
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