Les moulins du bonheur
Ils ont revêtu leur tenue couleur de blé d’or, les meuniers,
pour fabriquer la plus belle des farines, fine et blanche.
Après la mise en sac, cet élément du bonheur, simple et
vrai, s’est implanté chez les boulangers-pâtissiers pour la fabrication de pains
craquants, aux mille formes et la réalisation de pâtisseries en tout genre pour
séduire les coquettes, palets de dame, macarons, tartelettes aux fruits de
saison, religieuses et tant de succulentes préparations gourmandes qui
apportent un plaisir partagé par tant de gourmets.
Chaque jolie femme a son boulanger comme l’on a une
couturière ou un coiffeur et les enfants adorent façonner des pâtons en
pétrissant de leurs petites mains ces amalgames de farine, d’eau et de levain
qui deviendront des anneaux ou des fougasses étoilées d’anis et parfumées à la
fleur d’oranger.
Des bouquets de bleuets et de pâquerettes ainsi que des
bottes de lavande et de pastel s’épanouissent dans des jarres ou dans des vases
de grès, parfois aussi de cristal, jetant une note claire et parfumée qui rend
l’or initial du blé plus lumineux et plus essentiel.
Lors des feux de la Saint-Jean, meuniers, boulangers,
pâtissiers, se font un devoir de sauter le plus haut possible afin d’éblouir
une jeune fille à la recherche d’un mari au cœur d’or et au bras vigoureux.
Jeanne, Madelon, Agnès, Sophie, Monique, Geneviève et d’autres
beautés ont revêtu leur plus belle robe et ont croisé une étoffe précieuse sur
leur poitrine.
Jadis, des dames de la haute société portaient des mouches
et en plaçant ces minuscules pastilles de taffetas, elles annonçaient leurs
intentions.
Il y avait la discrète, le « suivez-moi jeune homme »
, le « cœur à prendre » et tout un arsenal de messages qui attiraient
le regard des messieurs.
La manière de tenir un éventail et de s’en servir, de façon
mutine, coquine ou réservée en disait long sur la dame qui manipulait ce bijou
des bonnes manières, parfois fort utile, tout simplement, lors des grandes
chaleurs.
Que revienne le temps des moulins du bonheur qui tournent au
gré du vent, dans un paysage où abondent les tulipes, les canaux et les
ateliers de peintres qui captent la lumière à la manière d’un Vermeer de Delft !
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