La tsigane des pays perdus
Elle est venue de très loin, des pays perdus, la tsigane de
mon enfance et elle m’a offert une mantille, une rose puis elle m’a demandé de
choisir une carte dans un jeu qu’elle a sorti de son tablier en pilou.
Craignant de tirer la dame de pique comme dans la nouvelle
de Pouchkine, j’ai tenté de résister mais la reine des gitans a insisté, me
conseillant de ne pas me dérober au signe du destin.
C’est finalement la reine de cœur qui est sortie du jeu
féerique de la tsigane qui m’a toujours accompagnée, parfois à mon insu, sur
les chemins de traverse que j’ai empruntés.
Alors je suis partie sur la route qui mène à Saint Jacques
de Compostelle et j’ai contemplé le ciel, à la belle étoile, escortée par des
colombes et des mésanges.
Sur le lieu du pèlerinage, j’ai cherché la statue de la dame
qui m’a toujours guidée et je l’ai trouvée, dans un encorbellement, nichée
parmi les roses, au coin d’une rue où, sans surprise, m’attendait aussi la
tsigane des pays perdus, mon âme-sœur, mon double et toutes deux, nous avons
mendié l’amour de notre prochain.
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