Pour un amant
Pour un amant des royaumes lointains où s’abrite l’amour, j’ai
relu le Cantique des cantiques et j’y ai trouvé tant d’images empreintes d’un
désir harmonieux que mon cœur s’en est ému.
Jamais prière dédicacée à l’auteur de nos jours n’est parvenue
à ce paroxysme de passion, chanson du bonheur exaltant les paradis perdus.
« La tsigane savait d’avance nos deux vies barrées par
les nuits, nous lui dîmes adieu et puis de ce puits sortit l’espérance »
écrivait le poète Guillaume Apollinaire dont chaque mot fait mouche en mon cœur.
L’incroyable mélodie qui émane de ses variations poétiques,
vrille les flots de la passion à la manière d’une fée juchée sur des escarpins
de verre, ornés de cabochons précieux.
Je m’évade sur les chemins du rêve et je me revois, jeune et
naïve, mes longs cheveux flottant au vent, l’esprit encombré de mille pensées
baroques qui faisaient de moi une étrange incarnation du désespoir sculpté dans
l’argile du désir.
Je me revois, courant dans les collines, à la recherche de l’édelweiss
miraculeux et de pierres lacustres en forme d’étoiles, un peu comme si des
étoiles filantes s’étaient figées pour nous offrir des bijoux précieux.
J’ai trouvé les mêmes rêves fous dans les livres de Sylvain
Tesson mais loin de rechercher une panthère des neiges, je suis partie vers les
oueds pour y trouver le prince d’une oasis perdue qui m’attend depuis tant d’années
et que j’ai essayé, en vain , d’éviter, craignant que mon cœur n’éclate d’ivresse
et de bonheur !
« Mon bien-aimé est descendu à son jardin aux parterres
embaumés pour paître son troupeau dans les jardins et pour cueillir les lis ».
En relisant les versets parfumés du Cantique des cantiques, je me revois, enfant, écoutant l’histoire du Roi Salomon et de la Reine de Saba, telle que la racontait une dame, fabricante de meubles, qui portait toujours une liseuse faite par ses soins au crochet, point appris dans un orphelinat.
En relisant les versets parfumés du Cantique des cantiques, je me revois, enfant, écoutant l’histoire du Roi Salomon et de la Reine de Saba, telle que la racontait une dame, fabricante de meubles, qui portait toujours une liseuse faite par ses soins au crochet, point appris dans un orphelinat.
Cet ouvrage dissimulait le haut de sa blouse blanche de
patronne pour se montrer grande dame certes mais vêtue avec modestie face à ses
ouvriers qui la vénéraient et la redoutaient de manière équilibrée.
Ses paroles tombaient sur mon cœur comme des perles tandis
que mes parents l’écoutaient par politesse.
Heureux temps de l’enfance où, en dépit de mes impressions d’être
le cygne noir d’une flottille de cygnes blancs qui glissent sur les eaux
limpides des lacs, je gardais les émeraudes sacrées de l’amour !
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