Peigne de nacre et froufrous
Telle une figure de proue fendant les flots en laissant
derrière elle une traîne d’écume, la belle Mariette, de son pas de ballerine,
froissait à peine l’herbe de la prairie couverte de boutons d’or, éblouissant
le promeneur romantique du balancement de sa jupe de soie.
Son peigne de nacre captait les rayons du soleil et frappait
le peintre assis sur un tabouret, face à son chevalet, d’une lumière
iridescente et féerique.
Le froufrou de sa jupe devenait une chanson que reprenaient
les pinsons.
C’était une fête printanière et Mariette en était la grande
prêtresse.
Les althéas s’inclinaient à son passage et les petites
fleurs de la prairie se poussaient du col pour se faire remarquer de celle qui
était la reine des prés fleuris.
La jeune fille choisit un grand chêne et s’assit pour
observer cette belle nature qui lui était offerte dans toute sa splendeur.
Un grand oiseau qu’elle ne connaissait pas prit place auprès
d’elle et se laissa lisser les plumes avec un apparent plaisir puis il s’envola,
dans un éblouissant froufrou qui rappelait celui des élégantes du siècle où l’on
aimait à la fois la retenue et les danses tumultueuses au théâtre.
Le peintre ajouta les ailes de l’oiseau dans un ciel
résolument bleu sur sa toile et le promeneur romantique fit quelques rimes qui
donnaient du corps à un poème qu’il était en train de composer.
Mariette sortit de son sac un ouvrage de broderie et s’efforça
d’immortaliser le bel inconnu au point de croix.
Des nuages se profilèrent dans le ciel, ce qui incita la
jeune fille à reprendre le chemin inverse pour se rendre chez elle.
C’est ainsi qu’en chemin, elle croisa à nouveau le jeune
homme romantique qui lui avoua sa flamme et le désir de lui faire la cour de
manière officielle.
Mariette entrevit des tissus brodés qui serviraient d’exutoire
à sa passion en devenir et elle soupira de bonheur.
De retour en son petit domaine, elle fit un gâteau de fête
et en régala sa famille et ses voisins.
C’était une bien jolie façon de célébrer le retour du
printemps et elle s’endormit, le soir, en voyant passer devant le rideau de ses
paupières un grand oiseau inconnu, sans doute le devin du bonheur, se
superposant, par décalcomanie, au visage doux du jeune homme romantique qui lui
avait demandé sa main !
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