lundi 11 août 2025

Chevauchée triomphale

 

 

 


Clotilde, l’avenante hôtesse rencontrée en chemin, surprit agréablement les chevaliers en leur servant  dans leur chambre un petit déjeuner complet.

«  Si vous le permettez, je vais vous accompagner, Messires, car la route n’est pas sûre. Mon père espérait un fils et il m’a élevée comme si j’étais un garçon. Je peux combattre. Mon palefrenier me servira d’écuyer ».

Heureux de cet appoint qui pouvait s’avérer nécessaire, Godefroy remercia Clotilde, lui promettant le meilleur en son manoir Hauterive.

Le trajet fut périlleux, les bandits de grand chemin exploitant la misère humaine de toutes les façons. Ces coupeurs de gorge aimaient prendre les voyageurs par surprise, feignant de requérir du secours. Un homme allongé sur le sol appelait à l’aide et lorsque le voyageur imprudent descendait de cheval pour le relever et le soigner, il se trouvait à la merci d’un poignard tandis que des compères embusqués derrière les buissons surgissaient pour l’occire et le dépouiller.

Le quatuor contourna le pseudo-blessé et l’on envoya des brandons enflammés dans les buissons pour débusquer les malfrats.

Le palefrenier et le porte-oriflamme les capturèrent. On les remit ligotés au sénéchal le plus proche et après s’être assuré qu’il n’y avait pas de risque d’incendie après la mise à feu des herbes sèches, les cavaliers poursuivirent leur route jusqu’à Hauterive.

Le bruit du retour seigneurial s’était répandu dans la campagne et était parvenu aux oreilles de la duchesse.

Mathilde de Malestroit revêtit un bliaut pourpre parsemé de fils d’or, se coiffa avec adresse avec l’aide de sa dame de compagnie Jehanne et porta son hénin de fête pour accourir sur le perron, prête à recevoir tendrement son époux.

Godefroy imprima un galop triomphal à son destrier Saphir pour s’incliner face à la duchesse.

Les époux ne cessaient de se regarder :

«  J’ai tant pensé à vous, ma mie, que si l’on ouvrait mon cœur, on y trouverait votre nom gravé ».

Sensible à ce bel hommage, la duchesse porta la main à sa poitrine, indiquant par ce geste que ces paroles s’étaient gravées dans son cœur puis, n’oubliant pas son rôle d’hôtesse, elle invita les trois personnes qui accompagnaient le seigneur à entrer dans le manoir où se profilait un banquet de retrouvailles.

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