lundi 11 août 2025

Mémorable combat

 

 

 


Le fracas des lances fut tel que des dames s’évanouirent. N’ayant pas réussi à faire tomber son adversaire, chaque chevalier fit appel à son écuyer pour emmener les chevaux et le combat se poursuivit, à l’épée.

Le chevalier vermeil frappa le heaume de Godefroy avec une telle force qu’il le fendit en deux. Le duc serait mort sous le choc si l’épée de son adversaire ne s’était pas enroulée dans l’écharpe de Dame Mathilde.

Furieux d’avoir manqué son coup, le chevalier s’élança contre le duc, tentant de percer sa cuirasse au niveau du cœur à l’aide d’un poignard.

Rompu à ce style d’attaque dans ses combats contre les sarrasins, le duc esquiva la charge et fit mordre la poussière à son adversaire emporté par son élan.

Godefroy voulut aider le chevalier à se relever en lui tendant la main mais ce dernier tenta une nouvelle fourberie en lui jetant une poignée de sable dans les yeux.

Il se produisit alors un événement hors du commun : Outrée par l’attitude du chevalier à qui elle avait offert son écharpe, la jeune villageoise Margaux sauta par-dessus la barrière, se jeta sur le chevalier félon et fit sauter son casque pour reprendre son bien.

Un cri de stupéfaction s’échappa de toutes les poitrines lorsque les spectateurs découvrirent le visage du pseudo-chevalier ; c’était un jongleur qui appartenait à une troupe allant de château en château pour distraire la noble compagnie.

Il avait observé les combats livrés dans les tournois, s’était exercé, avait obligé sous la menace un forgeron à lui fabriquer une armure d’exception en prenant modèle sur celles qui étaient exposées dans sa forge.

Sa souplesse hors norme avait fait de lui un combattant redoutable.

Le duc le fit mettre aux fers et promit un bel avenir à la courageuse Margaux qui avait démasqué un imposteur.

On oublia vite l’incident et les combats se poursuivirent, à la régulière, jusqu’à ce que le champion soit finalement déclaré.

Le duc n’avait perdu aucun combat et logiquement il aurait pu prétendre au titre et au trophée mais il estima que son challenger, dans le dernier affrontement, jeune bachelier, émule d’Aymeri de Narbonne, lui avait opposé une telle résistance qu’il méritait la récompense.

«  Bertrand d’Auray, par ta bravoure, ta jeunesse et ton respect des règles sacrées du tournoi, je te nomme champion du jour. Les cicatrices que j’ai reçues lors des batailles voulues par notre Roi sont les seules distinctions que je revendique. Que vivent le Roi et ses serviteurs » !

Godefroy de Crécy lui donna l’accolade et lui remit une coupe d’or ciselée qui lui rappellerait ce jour de gloire.

Le duc décora de la rose d’or la jeune Margaux et lui proposa d’entrer au service de la duchesse en qualité de dame d’honneur, ce qu’elle accepta avec reconnaissance.

On ferma alors la page du livre des combats en espérant qu’il ne se rouvre jamais.

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