Par une nuit de tempête, la roseraie de Marie-Laure qui faisait sa fierté fut totalement dévastée. Les pauvres fleurs décapitées gisaient sur l’herbe transformée en mini-lac du fait de la pluie diluvienne qui s’en était suivie. Les arceaux, déchiquetés, étaient irrécupérables. Et que dire du poulailler construit avec amour par la jeune femme ?
Les jolies poules, les coqs de race n’étaient plus que des cadavres tandis que le poulailler si bien entretenu avait été complètement détruit.
Marie-Laure fit appel à un jardinier pour procéder au déblayage des détritus et une entreprise se chargea des malheureux gallinacés réduits en bouillie.
Cet assainissement terminé, Marie-Laure mit quelques effets et des produits de toilette dans un sac de randonnée, chaussa des bottines de marche souples et prit la route vers l’ouest à la manière des conquérants d’antan.
La première ville où elle s’arrêta se nommait Saint Sever. La fière cité des comtes de Gascogne brillait par son abbatiale riche d’un manuscrit de l’ Apocalypse de Saint Jean avec une enluminure rare. C’était également une halte pour les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle partis de Vézelay, la ville sacrée.
Marie-Laure remarqua des groupes de pèlerins arborant fièrement la coquille mais elle ne désira pas se joindre à eux.
Elle déambula dans les rues de la ville, repéra un restaurant prometteur de spécialités gastronomiques et s’installa dans la grande salle où chacun dégustait les spécialités de la ville , le poulet fermier labellisé, les délices provenant des élevages de canards locaux et bien sûr, le fameux tourain, soupe à la tomate servie avec des œufs pochés et des croutons passés à l’ail. Les puristes ne manquaient pas de « faire chabrot » soit ajouter du vin à un fond de bol et le boire à grandes goulées.
Marie-Laure était bien embarrassée pour faire son choix. Manger de la volaille lui fendrait le cœur car la vision de ses poules et de son coq frappés par la tempête et gisant sur le sol l’empêchait de goûter la chair fine du poulet de Saint Sever.
Elle commanda finalement une salade composée et fit un bon repas. Elle apprécia, pour le dessert, un Nid d’Abeilles apprécié par les Gascons.
Son repas terminé, elle chercha un gîte pour la nuit et trouva un charmant petit hôtel où elle put louer une chambre confortable.
Elle s’endormit rapidement et rêva qu’une magnifique roseraie décorait sa demeure baptisée La Jalousie par des ancêtres férus de leur domaine.

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