Lorsque Soliman arriva aux Feuilles d’Or, Amira préparait des bols de soupe mise à mijoter dans l’âtre le matin et s’apprêtait à faire une omelette baveuse et une poêlée de champignons cueillis dans le petit bois.
Aurore la secondait, dressant la table et ravivant çà et là les bouquets avec les fleurs du jour.
Les amis mangèrent en silence, savourèrent un flan en guise de dessert puis passèrent au salon pour faire état de leurs trouvailles.
On écouta attentivement le récit rapporté par Aurore qui avait le mérite de corroborer ce que l’on savait déjà.
Amira avait eu la chance de trouver une fleur inconnue et en consultant les archives locales qui étaient en sa possession, avait découvert le nom de la fleur, Princesse !
Ce nom, traduction européenne de son prénom, avait été donné à une fleur rose d’orient éclose à l’époque des amours supposées de son ancêtre et du prince Soliman.
La bulle de cristal exhibée par leur hôte suscita l’admiration.
« Voilà une pièce rare qui en dit long sur le caractère exceptionnel de la rencontre de nos ancêtres » dit Amira.
Sortant de son sac une baguette magnétique, Soliman déclencha le message inscrit dans la bulle :
« Soliman, descendant de ma lignée, si tu entends ce message, c’est que tu es revenu sur les lieux où j’ai vécu un grand amour.
Le roi, à mon retour, m’a imposé un mariage pour me fixer à la cour. C’est ainsi qu’une nombreuse descendance assure mon implication terrestre. Mon âme néanmoins s’est téléportée sur les lieux où naquit un enfant, témoin de notre immense amour. Une nymphe a capté les rayons ardents de notre passion et les a transcrits pour que tu puisses rendre compte à ton hôtesse, ma descendante, de la pérennité de ma flamme ».
Le message prit fin, laissant les trois amis ébahis par la révélation.
« Il est difficile de lutter contre le destin » dit Aurore et nous ne pouvons que nous incliner face à la force d’un tel amour qui a pulvérisé les frontières terrestres pour éclater à la lumière du souvenir ».
Très ému, Soliman resta longtemps silencieux puis il sortit de son sac de voyage un instrument de son pays, un luth oriental, l’oud mystérieux, capable de moduler le chant de l’âme et exprima par une suite d’accents mélodieux les tourments d’un amour assez puissant pour traverser le temps et les distances.
On crut voir flotter les silhouettes des amants et celle d’une petite fille, les mains potelées avec des paumes étoilées.
Lorsque le récital fut achevé, un ange passa, semant des pétales de roses qui devinrent autant de bijoux cristallins.
On se quitta à regret. Soliman dit qu’il partirait le lendemain et qu’il garderait un souvenir impérissable de son séjour.
« Je vous attends chez moi, dans mon pays et vous promets de belles émotions. Que Dieu vous garde » !
Sur ces paroles d’espoir, le fil de ce récit se rompit, devenant la matière de la dentelle du rêve !

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