S’inspirant du Facteur Cheval qui avait construit un palais et une ville à partir d’une pierre étrange trouvée sur sa tournée, Pauline à qui l’on attribua, dans son village, un surnom féerique, Fantastic Lady, conçut un château digne de La Belle au Bois Dormant puis, satisfaite de son œuvre, elle ajouta des manoirs et des chaumières pour illustrer les contes de fées les plus célèbres.
La maison de l’Ogre du Petit Poucet eut un vif succès auprès des enfants. Ils y retrouvaient les frissons éprouvés à la lecture des mangas dont ils étaient friands.
Pauline poursuivit sur ce thème en créant une tour gardée par des dragons crachant le feu, si proche de l’univers enfantin que les petits admirateurs plébiscitèrent ce monument, se bousculant pour l’examiner de près. L’institutrice se félicita des créations de Pauline qui eurent un bénéfique impact, celui de ramener les enfants à la fréquentation des livres. Elle organisa des rencontres avec l’artiste. Trois fois par semaine, Pauline recevait une classe et se prêtait au jeu des questions. Elle racontait les histoires se rapportant aux thèmes abordés lors de la discussion.
Par la suite, la demande étant forte pour l’univers du monde des dragons, des samouraïs et des princesses aux allures de geishas, elle se mit à l’écriture, créant un monde inconnu en Europe et fascinant aux yeux des enfants. Outre la lecture des mangas, ils aimaient surfer sur les jeux des consoles où invariablement le héros devait délivrer une princesse en franchissant des cercles fréquentés par des créatures monstrueuses et en venant à bout de labyrinthes complexes hantés par des fantômes belliqueux.
Elle se prit au jeu et put rapidement présenter à un éditeur un manuscrit agrémenté d’illustrations de son univers.
La tout gardée par les dragons et le contenu de l’œuvre plurent au comité de lecture de la maison d’édition qui inscrivit le livre sous le titre de Dragons, lagons et perles, contes fantastiques.
Lorsque le recueil fut publié, la commune, l’école et la bibliothèque s’en portèrent acquéreurs et ces exemplaires furent bientôt connus dans tout le village.
Le nom de Pauline devint célèbre mais elle ne se monta pas la tête avec ce succès qu’elle attribua aux enfants : « Ce sont eux qu’il faut féliciter car sans leurs questions et leur intérêt vivace pour le monde fantastique, je n’aurais pas eu l’idée et le ressort nécessaires pour l’écriture de ces contes.
Soit, dit la journaliste qui l’interviewait pour le journal régional, ils vous ont inspiré ces contes mais c’est vous qui les avez écrits. Vous en avez donc le mérite » et elle titra Modestie d’une conteuse.
Pauline oublia vite le succès médiatique et la célébrité qu’elle jugea temporaire et elle continua à créer des modules fantastiques, choisissant un nouveau thème qu’elle dota de dragons particuliers et de labyrinthes périlleux.
Une nuit, elle rêva qu’un dragon l’emportait sur son dos d’écailles turquoise et la déposait dans un palais de marbre très différent de ses créations.
Lorsqu’elle s’éveilla, elle se trouvait effectivement dans la chambre luxueuse d’un fabuleux palais. En ouvrant les fenêtres, elle vit des dragons volant dans le ciel. Protecteurs du royaume, ces êtres fantastiques dépassaient en beauté ceux qu’elle avait créés pour distraire les enfants.
Pauline s’interrogea sur les raisons de son enlèvement. Voulait-on la remercier ou au contraire la punir de ses extravagances littéraires et artistiques .
Elle attendit une réponse en profitant du bien-être de la vie de palais.

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