Une nuée de journalistes s’abattit sur le village. Violette était leur point de mire car l’emplacement de la tente du disparu, lacérée et maculée, balisée par un cordon indiquant une scène de crime, était proche de son magasin.
Friands de fromage et de pain cuit au feu de bois, ils en profitaient pour essayer de soutirer une information et la moindre phrase anodine faisait la une du journal en manchette. Ils ajoutaient parfois des phrases de leur cru pour faire monter la pression médiatique.
Violette aurait aimé quitter momentanément le village pour avoir la paix mais il lui fut signifié qu’elle devait rester à la disposition d’éventuels interrogatoires.
Elle se résigna à embaucher deux personnes supplémentaires pour faire face à la demande mais, cette fois, elle demanda au maire de bien vouloir les loger.
Un couple de touristes britanniques amoureux de la vallée et désirant s’installer dans cet endroit de rêve proposa ses services. On les logea dans un chalet servant de gîte aux voyageurs.
John et Victoria aimèrent le travail proposé et ils apportèrent une touche british aux marchandises proposées par la fruitière : scones, pancakes et marmelades diverses offrirent un éventail insulaire gourmand aux amateurs de nouveautés.
L’entreprise de Violette prospérait mais elle aurait préféré qu’il n’en fût rien car les jours passaient sans que la moindre nouvelle concernant le poète disparu ne lui apporte un soulagement.
Un dimanche, le prêtre du village prononça une homélie destinée à ceux qui détiendraient la moindre information. Il rappela que le secret de la confession était absolu et qu’il fallait à tout prix que les consciences se libèrent.
Violette fut sensible au sermon et elle choisit de s’ouvrir au prêtre, Frère Alain, de son remords vis-à-vis du poète.
Frère Alain l’écouta longuement et la rassura en lui disant que seule la Providence mettrait les chercheurs sur la piste du jeune homme. Il lui conseilla de prendre le temps de lire la Bible pour soulager sa conscience.
Délivrée du poids du remords, Violette revint chez elle, le cœur léger et mangea pour la première fois avec plaisir, savourant un plat typique cuisiné par les Britanniques, un gigot d’agneau à la menthe.

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