vendredi 26 octobre 2012

L'épée des Templiers




Dans le miroir des eaux dormantes se cache l’épée des Templiers, protégée par un fourreau de nacre, de porphyre et de corail.
 Seul un chevalier au cœur pur pourra la sortir de sa tombe aquatique et la déposer sur l’autel d’une authentique chapelle.
Mais ce fut une jeune fille, frêle et modeste qui donna une nouvelle naissance à cette épée venue du fond des âges.
Avant sa découverte, elle entendit une chanson : « Rosemonde, tu as été choisie par l’ensemble des anges. Tu ne dois pas laisser les hommes entrer en guerre. S’ils manquent à leur promesse de paix, brandis l’épée en la faisant tourner au-dessus de ta tête couronnée de roses et les oiseaux te feront un cortège pour t’emmener en pleine forêt dans un château de verre. En ce refuge créé par les oiseleurs, tu attendras le retour de tous les Templiers qui viendront de par le monde te prêter un serment d’allégeance ».
Ainsi fut fait et depuis, Rosemonde au visage d’ange et aux cheveux couronnés de roses attend le retour des fidèles chevaliers, les Templiers !  

jeudi 25 octobre 2012

Les Rois




 Ils sont venus de loin, les mais chargées d’étoiles collectées en chemin, les nouveaux rois du monde. Persuadés de donner une impulsion aux exclus de la terre, ils distribuent des fragments d’étoiles qui se transforment en or et en diamants.
Finis l’orpaillage et l’extraction minière qui ampute ou casse en deux les malheureux damnés de la terre. Ils retrouveront dignité et joie de vivre alors qu’ils connaissaient jour et nuit un cauchemar aux saveurs de cailloux et de rocs.
Colibris et oiseaux de paradis forment des couronnes qui encerclent les rois.
Ils entrent triomphalement dans une ville étrange nommée Paris. C’est là que se côtoient de nouveaux adeptes d’Hérode, vivant la nuit pour applaudir d’exquises Salomé en lamé d’argent et une masse de travailleurs aux mains crevassées dont la seule richesse est une réserve de larmes qui brillent en leurs yeux comme autant de perles.
Les rois cherchent l’enfant divin mais s’ils rencontrent de jeunes garçons au regard terne, dépourvus de rêves d’avenir, ils ne voient personne qui puisse les retenir.
Mais au moment où ils s’apprêtaient à faire demi-tour, désappointés de s’être fourvoyés en suivant leur étoile, ils aperçoivent, dans un halo de brume, une jeune fille, pieds nus, vêtue en toute simplicité d’un bliaut couleur pervenche, ses beaux cheveux retenus par un catogan de velours noir. Son regard est traversé d’éclats lumineux. Elle porte une coupe d’or et l’offre aux rois qui boivent à longs traits un vin de Jurançon qui rappelle à tous que les lèvres du bon roi Henri IV furent humectées de ce nectar des vignes de Navarre. Les rois dotent la jeune femme d’un coffret de pièces d’or et de pierreries puis ils lui recommandent d’en faire bon usage.
Alors émue, la jeune femme qui se présente comme la reine sans nom, affirme solennellement qu’elle fera bon usage de ce trésor, le réservant aux enfants désespérés et aux pauvres qui prolifèrent dans le pays
Rassurés, les rois font leurs adieux à la ville des contrastes en lui donnant des poussières d’étoiles qui se transforment instantanément en quartiers neufs prêts à accueillir les déshérités puis reprennent la route pour rentrer chez eux, heureux de ce périple et de leur rencontre avec la reine à qui ils donnent un nom : Espérance !    

mercredi 24 octobre 2012

La belle endormie




Dans son lit de dentelles couleur champagne, la belle endormie rêve. Elle rêve qu’un prince vient déposer, sur ses lèvres, un baiser. Elle sourit et voit passer sur les voiles de son ciel-de-lit, des milliers d’oiseaux bleus. Elle se réveille auprès d’un lagon aux parfums de vanille et se sent emportée par une brise qui la dépose aux marches d’un palais de marbre rose veiné de pourpre et d’or.
Elle est accueillie par des beautés vêtues de pagnes de lin qui l’invitent à prendre place dans un immense fauteuil de rotin orné de roses, d’orchidées et de fleurs d’hibiscus.
Des hommes splendides se prosternent à ses genoux et déposent sur sa robe d’organdi des présents inestimables dont une fibule de turquoises. La belle se regarde dans un miroir de fragments célestes et se replonge dans un rêve auréolé de chants d’oiseaux.
C’est alors qu’elle s’éveille pour reconnaître en son prince, l’homme au regard de jais qui lui a offert le plus beau des cadeaux, la douceur de son sourire et la caresse de son baiser au goût de miel.

mardi 23 octobre 2012

Bambous




Fragiles, résistants, ployant sous la neige ou la pluie, abritant des oiseaux qui tiennent de véritables conférences, les bambous réjouissent notre regard car ils représentent un éden miniaturisé et donnent aux jardins l’éclat émeraude et fascinant de leur lumineuse beauté.
Alors que je me promenais dans le parc de notre modeste domaine, j’ai entendu l’appel strident des grues qui battent le rappel, appelant au sauve-qui-peut pour partir vers l’Afrique se nicher douillettement après un long voyage.
Qui pourra traduire le fabuleux langage de ces oiseaux qui forment un triangle ou volent en files équilibrées selon le caprice des vents ?
Préservons les dons de notre terre et privilégions les oiseaux qui nous offrent le charme et le mystère profond de notre éternité, fragile et robuste comme les bambous.

dimanche 21 octobre 2012

Marche sous les étoiles





Une perle fichée sur sa cravate blanche, le prince de la nuit émerge de la brume où ses ancêtres se sont rassemblés pour lui dire adieu et il marche sur la route, soucieux de sa destinée, les yeux tournés vers les étoiles.
Il va d’un bon pas, les épaules lourdes des souvenirs de son enfance, il grandit au rythme scandé de toutes les chansons qui grondent en sa poitrine.
Plus de guerre ! chantent les rossignols et le poète, harcelé par les tambours, se cache dans la foule où errent côte à côte les assassins d’hier et les victimes de demain.
Des chants d’amour explosent en son cœur et il entre dans un nouveau monde sous une arche de lilas.