samedi 31 juillet 2021

Les perles du dragon

 



Dans le berceau marin protégé par des dragons bleus deux perles d’amour ont grandi au gré des vagues et Johnny n’a eu qu’à plonger pour les ramener serrées contre son torse capitonné d’azur pour les offrir à sa dame, embellies par la dentelle et le satin.

Jade et Joy sont devenues les enfants chéries d’un père frustré des joies de l’enfance, lors de ses premiers pas artistiques, errant de scène en scène, d’une comédie musicale à l’autre.

Jade et Joy aux yeux d’Asie ont régné sur le cœur de leur père, perles ou pépites d’amour.

Johnny s’est délesté de son armure de guerrier, il a troqué son regard de fauve contre celui d’un ange et il s’est assis tout simplement sur le sable doré auprès de ses petites sirènes qui l’ont emmené vers le large, en riant de toutes leurs dents de nacre.

Mais l’un des dragons a fouetté l’océan de sa lourde queue d’écaille pour reprendre les bébés nés de l’écume des vagues et Johnny a livré son dernier combat pour que Jade et Joy conservent le nid douillet d’une mère pleine de gratitude envers son homme, celui qui a vaincu un instant les dragons de la mer qui veillent jalousement sur les perles éternelles de l’amour.

vendredi 30 juillet 2021

La guitare d'argent

 



Dans un buisson ardent de flamboyants, une guitare d’argent, orpheline, attendait le retour de celui qui faisait jaillir les notes célestes, en souvenir du jardin d’Eden.

Parfois, des feux de l’enfer projetaient des accords pleins de fureur, de douleur et d’espoir qui s’exprimaient comme autant de sanglots.

Le beau visage de Sylvie inscrit dans le cœur d’une rose a surgi dans la nuit, ravivant les passions évanouies avec le ressac des vagues insulaires des paradis perdus.

Empoignant sa guitare comme le cadeau d’une sirène environnée de perles d’eau, Johnny a composé une miraculeuse chanson, un hymne à la nuit et à l’amour.

Son visage ruisselant de gouttes de rosée et ses cheveux envahis par des ondes sensuelles, Johnny a transcendé la nuit en lui donnant une œuvre d’amour et de passion.

Transi d’une frénésie digne des Saturnales, le public de toujours est venu en pèlerinage pour s’agenouiller devant celui qui a toujours offert le doux frisson d’amour.

Déchirant les nuages, Johnny est apparu plus flamboyant que jamais et des trésors immémoriaux sont sortis de sa guitare d’argent en cascadant sur les rubis de nos cœurs meurtris.

jeudi 29 juillet 2021

La colline aux aigles

 


La colline aux aigles

Un loup gris des Carpates cherchait à s’installer dans l’âme de Johnny mais, venu d’une colline légendaire, un aigle royal le devança et imprima sa marque sur la peau de notre chanteur de rêve : c’était un tatouage si précis et si net que l’aigle semblait prêt à s’envoler pour mettre son protégé à l’abri d’un danger.

Qui de l’aigle ou de l’homme l’emportait chez Johnny ?

Bien difficile à dire tant le rapace divin s’incarnait dans le cœur de notre rocker, donnant à sa personnalité son aura hors du commun.

Bondissant sur la scène avec sa guitare d’argent, il enchaînait les rythmes avec l’assurance de celui qui établit un lien entre le ciel et la terre grâce à l’aigle royal qu’il sentait frémir en lui.

Son regard profond planant sur le public fervent, il semblait lancer des éclairs enrobés de cœurs ardents.

Une communion frémissant d’un bruit d’ailes souligné par la baguette magique d’un Yvan Cassar sublimé par une cascade de cheveux bouclés gris argent, s’étendait sur la salle comme un cœur gigantesque dont les rubis d’amour tombaient au fil des notes enchanteresses.

Lorsque le spectacle s’acheva dans une apothéose divine, certains crurent voir planer un aigle dont les ailes et les serres frémissaient du désir suscité par l’âme de Johnny, enchâssée à jamais  dans le cœur du rapace de toutes les passions.

Contes du temps présent

 
Contes du temps présent
 

 Des fées de 10 ans, des archanges qui jouent au foot, des cités d’or, des princes charmeurs, des fleurs qui deviennent femmes, des espoirs qui se réalisent, des rêves qui s’incarnent, voilà ce qui constitue l’essence des « Contes du temps présent ». Comme des contes orientaux qui auraient pour théâtre les banlieues modernes. Comme des contes de fées qui se dessineraient au fil des pages. La fantaisie s’installe dans le quotidien, les rêves s’incrustent dans le présent, et l’imaginaire naît dans les banlieues. Les contes de Marguerite-Marie sonnent comme une note d’espoir dans un monde trop sombre, comme une esquisse d’optimisme dans une société trop bruyante et violente. Des histoires lumineuses, drôles, époustouflantes, pour que les enfants se remettent enfin à croire aux vertus de l’imaginaire.

mercredi 28 juillet 2021

La Reine Diamant

 
La Reine Diamant « Des noms trottent dans sa mémoire. Diamant, Solal le Magnifique, Flandrin, le Valeureux »… Orphelin recueilli par Griffe d’Argent, Flamboyant chemine aujourd'hui, juché sur son fidèle Persépolis, dans la Vallée des souvenirs perdus… Le chevalier est en quête, mais de sa nature et de ses rebondissements nous ne dirons rien, sinon qu’il y est question d'amour, d’un univers onirique, d’une galerie de personnages qu’envieraient nombre d’auteurs de fantasy, et que la notion de merveilleux prend ici tout son sens. Cartésiens, passez votre chemin, ou déposez vos préjugés à la frontière d'un monde peuplé de chevaliers, d'oursons malicieux, de pierres précieuses et de dragons ailés, un univers où la magie est reine et la féerie au centre de tout. Après « À l'ombre des cerisiers en fleur », « Contes des royaumes oubliés » et « Contes du Grand Ouest », Marguerite-Marie Roze signe aujourd'hui, avec « La Reine Diamant », un conte fantastique, à l'atmosphère pleine de charme et de fantaisie, que les petits et leurs parents devraient se chiper sans vergogne.

mardi 27 juillet 2021

Le chevalier à l'armure d'or

 



De retour d’une expédition guerrière menée aux confins du royaume pour repousser des attaques d’ennemis héréditaires, le comte Henri de Saint-Thual entra dans une chapelle pour y rendre grâce à Dieu et y prendre un peu de repos.

La rosace centrale du vitrail était d’une singulière beauté. On y voyait un chevalier aux genoux de sa dame dont la blonde chevelure était ceinte d’une couronne de fleurs exquises, nimbant son délicat visage d’une douceur céleste.

De la tribune supérieure vinrent les accords harmonieux d’un orgue dont jouait une jeune fille avec virtuosité.

Le cœur débordant d’émotion, le comte sortit de la chapelle, ébloui, si éloigné des scènes de guerre vécues avec ardeur et souffrance pour que son suzerain soit libéré d’ennemis virulents.

Il avait dû guerroyer à cheval, à pied, sa lourde épée à la main. Frappant d’estoc et de taille, il avait été heureux de ne pas être blessé gravement.

Il avait été quitte pour quelques estafilades. Néanmoins, il se sentait bien las et il espérait qu’une période de paix succèderait à celle de la guerre.

Tenant son cheval par la bride, Henri de Saint-Thual marchait à pas lents, foulant l’herbe de ses poulaines cuirassées d’acier.

Assoiffé, il fit une halte près d’une rivière et en se penchant pour boire, il aperçut son reflet dans l’eau vive.

Il se vit alors couvert d’une armure en or.

Surpris, il enleva sa cuirasse et constata qu’elle était effectivement en or massif et qu’elle jetait des reflets dorés.

Quel étrange sortilège, se dit-il et c’est alors qu’apparut une jeune fille si belle qu’elle semblait sortir d’un livre d’Heures.

Sublimée par une robe vaporeuse en camaïeu rose, la féerique apparition resplendissait d’une divine beauté.

Sa longue chevelure qui lui tombait sur les reins, savamment coiffée en ondes bouclées, était retenue par un catogan de velours grenat orné de perles et de rubis.

Sensible à l’aura poétique de cet être divin, Henri de Saint-Thual mit un genou à terre et s’adressa ainsi à la jeune femme :

«  Divine beauté, je me prosterne devant votre sublime personne. Etes-vous une ondine, une fée des bois, une reine ou une simple mortelle ? Vous rayonnez en ces bosquets comme une étoile déposée sur la terre en guise d’offrande.

Que puis-je faire pour vous servir, ô dame de beauté ?

-          Je suis Yolande de Concoret, noble chevalier et je viens en ces lieux pour cueillir des fleurs qui orneront le tombeau de Merlin.

-          Je vous en prie, chevalier, relevez-vous et remettez votre cuirasse qui jette de l’or sur la prairie, faisant pâlir les genêts et les boutons d’or » !

Henri de Saint-Thual se releva, revêtit sa cuirasse et déclina son identité, la main sur le cœur.   

Il fit état de sa condition nobiliaire, brossa un tableau idyllique des richesses de son fief, proposant à la jeune fille de devenir son chevalier servant.

Yolande de Concoret sourit pour toute réponse et ses grands yeux bleus s’étoilèrent de points d’or.

Elle invita le chevalier à partager son repas : il était préparé avec soin par Althéa, sa dame d’atour.

Une joyeuse flambée dans la salle d’apparat du manoir de Yolande enveloppa ses hôtes d’une douce chaleur.

Délivré de son armure, le chevalier apparut dans un pourpoint rouge et or qui jeta une note supplémentaire de lumière dans la grande salle ornée de manière à respecter le style d’un relais de chasse.

Yolande avait tenu à ce qu’aucun trophée n’apparaisse sur les murs de la salle, préférant évoquer cet art cynégétique sous forme de tapisseries brodées à l’aiguille, noble art où elle excellait.

La table fut dressée promptement.

De la belle vaisselle en faïence de Quimper jetait une note régionale, rappelant par ailleurs, grâce au choix des motifs, les origines de sa famille : le houx et la bruyère pour évoquer la présence de l’enchanteur de Brocéliande.

Yolande avait envoyé un serviteur fleurir le tombeau présumé de Merlin, la légende voulant par ailleurs qu’il ait pu échapper aux artifices de la fée Viviane, perfide enchanteresse prête à enchaîner son bienfaiteur.

Althéa et ses servantes apportèrent des galettes de sarrasin fourrées de champignons et d’œufs.

Puis le plat-phare de la cuisine bretonne, le Kig ha Fars, fit une entrée triomphale sur la table.

Yolande invita sa dame d’atour à prendre place à ses côtés et des personnes de haut rang rejoignirent les hôtes afin que ce plat copieux n’ait pas été servi en vain.

De fait, ce repas achevé, on convint de renoncer à un quelconque dessert, fût-il léger, et de réserver les belles préparations pour le lendemain.

Dame Yolande invita le chevalier à se retirer dans la grande chambre d’hôte qu’on lui avait préparée.

Le lendemain, Henri de Saint-Thual se régala de crêpes à l’orange et de kouin aman.

Un grand bol de lait chaud au miel et aux amandes l’aida à absorber ces mets délicats et sucrés.

Alors qu’Henri ajustait son armure, Yolande apparut, plus sublime encore que la veille.

Elle avait des fleurs dans les cheveux et l’on ne savait trop distinguer la fleur de la jeune femme tant elle était l’incarnation sublimée de la rose d’amour !

Ils joignirent leurs mains et c’est alors qu’une grande lumière inonda la salle.

L’enchanteur Merlin fit une entrée spectaculaire dans un bruit de tonnerre zébré d’éclairs bleus.

«  La légende voulait que je sois délivré de mon tombeau de pierre par un chevalier à l’armure d’or et une jeune fille de la lignée de Brocéliande, habilitée à fleurir le granit du tumulus ».

Il prit les mains du couple dans les siennes, les précipitant dans un bonheur sans nom.

Bénissant ce retour victorieux de combats épiques et meurtriers, Henri de Saint-Thual demanda à la belle Yolande de lui accorder sa main.

L’enchanteur disparut comme il était venu et l’on dit que son carrosse était attelé à des licornes prodigieuses.

Le chevalier prit congé de sa dame pour regagner son fief et ordonner les préparatifs de cérémoniaux dignes d’une grande dame pour bénir leur union contractée dans la terre des légendes.

Les fiançailles eurent lieu dans la chapelle où le guerrier avait délesté son âme du poids des combats.

Chacun s’aperçut alors que Yolande ressemblait beaucoup au personnage central du grand vitrail, ce qui était assurément l’augure d’une union accomplie.

Une tunique d’or fin et des bijoux d’inspiration celtique furent livrés au château pour que la belle Yolande semble digne de son chevalier à l’armure d’or.

Les korrigans apportèrent de la vaisselle fine, du gibier et du poisson cuisinés en sauces armoricaines ainsi que des pâtisseries à base de beurre, de farine de blé tendre, d’œufs et d’amandes.

Les noces furent somptueuses et le marié jura fidélité et amour à sa promise en mettant sa main droite sur le cœur puis il l’embrassa tendrement à l’issue de la cérémonie.

Des colombes s’envolèrent, portant dans le royaume des symboles de paix et d’harmonie !

lundi 26 juillet 2021

Le nuage bleu

 



Dans un royaume où tous les habitants vivaient en bonne intelligence, des pêcheurs à la reine, la fée bleue vivait au cœur d’un domaine où resplendissait un magnifique palais dont les murs de marbre étaient recouverts de miroirs qui renvoyaient l’azur de l’océan et du ciel.

Toujours vêtue de turquoise, la fée bleue resplendissait et il arrivait que des étoiles filantes se laissent tomber sur le sable, offrant aux habitants des éclats lumineux dont les artistes faisaient de brillantes créations qui ornaient les riches demeures.

Or, un jour, un nuage bleu enveloppa le royaume d’un voile dont la couleur intense fit disparaitre le soleil.

Chacun marchait à l’aveugle.

Les pêcheurs de perles, coraux, éponges et coquillages nacrés eurent beaucoup de peine à arracher aux fonds marins les richesses habituelles qui leur permettaient de vivre dans l’aisance.

La fée bleue invoqua la fée Céleste dont le grade féerique était supérieur au sien pour la tirer d’embarras.

La fée Céleste arriva dans un carrosse attelé à des licornes et d’un coup de baguette magique, elle déchira le nuage bleu qui se fendit en deux, libérant des pépites d’or, des rubis, des émeraudes et des diamants sur la terre ocre du royaume.

Chacun se précipita pour prendre sa part de richesse mais la fée bleue intervint et les devança en dépêchant une escouade de lutins et d’elfes.

Redoutant que cet Eldorado n’engendre des querelles, elle ordonna à chacun de rester dans son foyer.

Chargés de trésors, les serviteurs féeriques transportèrent les joyaux dans une grande salle du palais réservée au stockage des ressources extraordinaires.

Afin que cet épisode ne laisse pas les habitants dans l’amertume, la fée fit porter à chacun une part du trésor puis elle organisa un banquet où des plats délicats furent servis.

Tourtes farcies de volaille, de champignons, de préparations à base de poissons, roulés de saumon qui recélaient en leur cœur des huitres et du caviar, de l’agneau cuit à la broche accompagné de cassolettes de légumes à la crème, desserts variés au goût de chacun, pains en forme d’étoile, piqués de badiane et de piment d’Espelette, toutes ces merveilles régalèrent les convives.

Un peintre immortalisa ces moments de bonheur en réalisant des esquisses qui lui serviraient de support pour offrir au royaume une fresque où chacun pourrait se reconnaître.

Poètes, chanteurs et musiciens composèrent des œuvres inédites et tous les convives eurent à cœur de mémoriser ces petits bonheurs qui donnèrent naissance à une geste inédite, celle du Nuage Bleu qui devint une sorte de Graal insulaire et fabuleux.

La fée Céleste eut le privilège de clore la fête et pour récompenser les habitants d’avoir eu la patience d’attendre la parcelle de richesse qui lui revenait, elle ajouta une petite offrande personnalisée.

C’est à dater de ce jour que chacun s’endormit en rêvant qu’un nuage bleu déversait sur la terre des parcelles d’étoiles filantes qui se figeaient en trésors lumineux.