mardi 31 janvier 2012

La métamorphose de Cendrillon


Cendrillon ne veut plus aller au bal. Les princes, ça ne l’intéresse pas. Avec eux, c’est toujours la même chose : valses, polkas et mazurkas, quadrilles et regards de velours. Il faut toujours être jolie, éviter les faux pas, prendre un air modeste et sourire timidement derrière son éventail, écouter mille banalités en prenant un air vivement intéressé, entrer dans le jeu de la séduction qui est si absurde et éloigné de la réalité.
Soudain Cendrillon entend le clapotis d’une rivière. Elle ordonne au cocher de s’arrêter, descend du carrosse et court au bord de l’eau, rejoignant cygnes, canards et sarcelles blottis dans les roseaux.
Elle s’allonge près d’eux et laisse la lune l’envelopper de son long voile vaporeux. Elle s’endort puis s’éveille brusquement avec la curieuse impression d’avoir reçu des baisers. Le prince de la rivière a été séduit par sa beauté, il l’a embrassée avec passion puis il est reparti dans la rivière, à bord d’une barque en chantant des romances.
Alanguie et endolorie, Cendrillon remonte dans sa carrosse, arrive au palais et s’excuse de son retard. Il y a longtemps que les danseurs ont quitté la piste et que le prince, déçu de ne pas avoir rencontré celle qu’il aimait a regagné ses appartements.
Son majordome le réveille, il s’habille en toute hâte et rejoint sa bien aimée.
L’orchestre rappelé joue une valse et le couple évolue sur la piste avec la grâce du cygne et de la colombe.
Des perles de rivière sont offertes à la princesse par un bel inconnu à la cape d’argent.
Alors Cendrillon reconnaît son prince, elle s’excuse auprès de celui qui voulait la faire reine et repart avec l’étranger aux yeux de lac profond.
Ils vivront désormais dans une grotte au bord de la rivière et la belle Cendrillon apprendra à nager pour accompagner son amant. De beaux enfants naîtront de cette union et joueront dans les roselières au milieu des flamants roses et des grands cygnes blancs.

dimanche 29 janvier 2012

La lyre d'argent


Au son du biniou et de la cornemuse, de l’accordéon, de la flûte de Pan, de l’harmonica et du tambour, des couples se sont formés et unis.
Quant aux esseulés, déçus de n’avoir pas été choisis, ils sont partis pour des ailleurs qu’ils souhaitaient meilleurs.
Désormais méfiants vis-à-vis de la musique qui opère le rapprochement des êtres, presque à leur insu, ils ont créé un cénacle sacré, celui de la Poésie qui intègre le chant des mots et le courant profond qui trouve sa source dans le cœur.
Ils avaient oublié le plus bel instrument, dit le chef de file du mouvement littéraire néoromantique, la lyre d’Orphée. Avec le chant du poète, la lyre a eu les accents les plus purs, les plus forts, charmant les bêtes sauvages et les humains dans toute la gamme des sensibilités, guerriers compris.
Alors du ciel vint une lyre d’argent portée par deux anges qui donnèrent une aubade céleste. Ils disparurent dans un halo d’azur, laissant les hommes et les femmes s’exercer à la pratique des vibrations sacrées.
Une femme souleva l’enthousiasme tant son doigté, la tessiture de sa voix et le choix de ses mots étaient à la fois hors du temps et contemporains.
Un homme releva le défi et charma à son tour l’auditoire. Ces premiers essais furent des coups de maître et l’on entendit dans la profondeur des cieux un chœur d’anges orchestré par Saint Michel et l’Ange Gabriel.
Forts de ce soutien, nos amis poètes songèrent enfin à un confort minimal, construisirent une cité en forme de lyre et organisèrent un tournoi, prévoyant de décerner une décoration au meilleur d’entre eux, la lyre d’argent !
J’attends vos candidatures, chers amis. J’ai moi-même reçu la lyre d’argent il y a bien longtemps des mains de mon ami Darius Cittanova et je serais heureuse de la remettre à mon tour au poète qui alliera la musique des mots à la profondeur des sentiments mais je sais que le choix sera difficile : vous avez tous, tant de talent !   

Daniel, mon frère


Maman voulait avoir un fils, une sorte de chérubin à qui elle apprendrait les préceptes divins, un enfant charmant, poli qui rachèterait un peu ses déboires de jeune mariée, elle mit au monde un guerrier qu’elle prénomma Daniel.
En relisant le livre de Daniel dans la Bible, je ne peux qu’admirer la pertinence du choix du prénom de mon frère. Quel être prestigieux !
Cependant mon frère, s’il fut en son jeune âge, admiré pour sa vivacité, sa précocité et son intelligence, s’éloigna en grandissant de celui qui aurait dû lui servir de modèle.
Chef de bande en notre village, il commença, très jeune, à se révolter contre toute forme d’autorité, y compris celle, bien légère, de ma mère.
Puni pour avoir été insolent, il écrivit une lettre à l’âge de sept ans que ma mère garda longtemps. Il leur souhaitait mille outrages et c’était signé : Daniel dans sa cabine d’armes !
Lorsque je vins au monde, sept ans plus tard, un chiffre féerique, je ressemblais à une poupée et Maman se consola un peu en cousant des petites robes qui furent pour moi autant de supplices. Je n’avais pas le droit de bouger afin de ne pas abîmer ces créations style haute couture.
Velours, dentelles, pièces de coton brodées, amidonnées et repassées, tout servit d’exutoire à une mère qui s’ennuyait mortellement dans un petit village.
Fort heureusement, je fus confiée à mon frère lorsque Maman avait du vague à l’âme. Il me confectionna une tenue de brousse, m’apprit à ramper dans les prairies et mit un peu de piment dans cette vie rythmée par des chansons d’amour dans la petite cuisine où Maman préparait des gaufres, du chocolat chaud ou des fraises écrasées mélangées à du lait selon les saisons.
Avec Daniel, on buvait l’eau des ruisseaux on mangeait des nèfles, on se battait parfois car il avait le sens de l’honneur. Un mot de trop et il fonçait comme un bulldozer. Je l’ai vu un jour recevoir une demi-brique à la tête. Le sang coulait en abondance mais il repartit au combat pour terrasser le traître qui l’avait attaqué par surprise. Ces jours se sont enfuis et curieusement ce sont ceux que je regrette.
Il n’était pas facile d’être la sœur de Daniel mais personne ne s’en prit à moi.
Chez les garçons, à l’école, on espérait ma venue car ma mère souhaitait que je fasse le trajet en sa compagnie.
Or il était très souvent puni. Il copiait avec des compagnons de peine des verbes conjugués à des modes et temps difficiles, Que je dactylographiasse, par exemple.
J’attendais sagement assise sur un banc que la punition soit levée, alors le maître d’école finissait par avoir pitié de moi et libérait les garnements avant l’heure prévue.
Adulte, mon frère retourna dans ce village, retrouva des camarades et ils allèrent solennellement fleurir la tombe de ce maître d’école qui avait si bien su les former !

samedi 28 janvier 2012

Le Prince du Soleil

Il était une fois un prince au visage lumineux. Il voyageait dans un char solaire et plongeait chaque nuit avec son attelage dans les profondeurs d’un lac où nageaient des sirènes, son escorte princière.
 Un jour, en se promenant à pied sur les berges afin de se muscler, il croisa une déesse vêtue de sa longue chevelure nouée de roses de corail.
Il en tomba éperdument amoureux, ouvrit les bras pour serrer sur sa poitrine la merveilleuse jeune femme mais n’étreignit que le vent tandis qu’une flèche d’or se plantait dans un œil, ouvrant une spirale où des anneaux solaires se multipliaient à l’infini.
Le prince du soleil tomba sur le rivage ; la reine de la nuit ordonna que son corps fût porté dans le phaéton et l’attelage l’emporta bien loin, de l’autre côté de l’Océan.
Des funérailles furent accomplies. On le coucha sur un lit de marbre gardé par des griffons et de jeunes vestales le pleurèrent jusqu’au retour d’un autre soleil qui favorisa la naissance d’un jeune prince qui reprit la route mythique du continent de ses origines, l’Afrique !

vendredi 27 janvier 2012

Fleur-de-Bitume

La déesse aux grands yeux s’habille de lumière et sème au vent graines et fleurs séchées dont elle attend la magnificence estivale. Brebis et chamois l’escortent et creusent dans le roc un sentier escarpé qui la conduira jusqu’aux edelweiss, tapis sacré, prometteur de neiges éternelles.
Elle s’assied, la déesse, vêtue de doux angora, elle tient une lyre et chante une ode à la nature dont elle est le garant.
Si belle est la chanson qu’elle va, par-delà les montagnes et tombe dans l’oreille d’une jeune citadine bottée de cuir et enroulée dans un lainage vaporeux qui la rend fragile et attirante.
Fleur-de-Bitume, la jeune fille s’installe à un carrefour, danse comme Esméralda et chante une mélopée qui attire les passants.
On lui donne quelques pièces qui l’aideront à vivre et à nourrir son enfant.
La déesse aux grands yeux la protège de son aile et l’emmène dans un paradis où elle téléporte un petit cœur d’ange, une fille venue d’une mauvaise rencontre mais qui est pour sa mère un véritable trésor.
Marbre, bois et verre sont les matières qui forment le logement chaleureux et orné de miroirs peints de liserons, de glycines et aussi de lilas.
Les fleurs embaument les pièces, la cuisine a des saveurs épicées et chocolatées.
Sa bonne action accomplie, la déesse aux yeux de lumière, sœur d’Athéna reprend le chemin de l’Olympe et laisse dans son sillage des edelweiss de nacre aux reflets d’argent.

mercredi 25 janvier 2012

Parchemin d'Amour

Belle entre les belles, toi qui hantes mes nuits et peuples mes pensées le jour, je voudrais te célébrer mille et une fois, ma Shéhérazade, ma belle Otero ou mon Anne de Bretagne, duchesse en sabots !
Alors j’écris, je multiplie les messages que je confie aux oiseaux ou aux dauphins. Et surtout je parle aux vents et aux nuages avant d'oser t’affronter, ma reine, mon unique grand amour. Si je devais perdre la moindre chance de vivre à tes côtés, le soleil même n’aurait plus la splendeur que lui prêtait Akhenaton, le pharaon iconoclaste qui fit construire une ville, engloutie par le sable à son déclin.
Tu le vois, ma Princesse, j’emmène un monde de lumière avec ce cœur que je présente à tes belles mains, en offrande et si tu me chasses, ce monde s’évanouira et sera livré aux ténèbres hantées par les oiseaux de nuit qui deviendront mes seuls amis.
Tel un roi déchu, j’irai à l’aveugle rejoindre les errants que l’on trouve dans les romans de chevalerie et plus jamais, je le jure, je ne me laisserai séduire par la beauté d’une Dame dans les tournois.
Et s’il me faut, pour trouver la paix, accomplir le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle, je partirai sur les chemins, ma pèlerine ornée des coquilles du messager de la Dame des cieux.
Bien que cette mission soit de grande noblesse, je souhaite, Belle des belles, que tu jettes un regard sur celui qui soupire et attend un signe de ta main.
Alors mon ange, mon âme sœur, ma Beauté, je t’en prie, confie ta petite main gantée à celui qui t’aime et n’aimera que toi.

mardi 24 janvier 2012

Bouquet de fleurs

Dans les jardins bleus où se promènent les foules du dimanche, on voit souvent des personnes âgées, esseulées qui tricotent ou lisent ou qui tentent de nouer des conversations avec leurs voisins ou leurs voisines. On échange des recettes, on se raconte de petits malheurs, ce qui est grave, on le garde pour soi, on montre des photos et parfois quelques larmes glissent sur des joues ridées.
Puis l’inexplicable se produit : une personne apparaît, homme ou femme qui fait des moulinets avec sa canne et aussitôt la tristesse s’évapore comme la rosée du matin.
Arbitrairement, je choisis une femme et je la montre svelte et attirante comme Jane Fonda, mais puisque cette artiste est unique, je prête à ma sémillante créature la chevelure bouclée d’une Lady, une légère boiterie comme Mademoiselle De La Vallière tant aimée par Louis XIV avant de lui imposer d’entrer au couvent pour se livrer à la belle Madame de Montespan et le goût de la conversation mondaine et de l’écriture.
Cette charmante femme issue de mon imaginaire, personnage récurrent de mes livres de contes sous le nom de fée des lilas, s’assied auprès de la personne qui lui paraît la plus désespérée et gageons qu’elle fera naître un sourire sur les lèvres de l’esseulé.
Il y a tant à faire pour apporter un peu de bonheur aux autres qu’il est impératif de regarder autour de soi. Chacun a au fond du cœur un peu de fée des Lilas ou de prince des Dahlias pour fleurir son prochain d’un bouquet d’amour.

lundi 23 janvier 2012

Merveilles

Les petites Merveilles aux doigts aériens, un dé d’or posé sur le doigt, rivalisent avec les fées pour coudre et broder d’aériennes créations qui seront ensuite arborées dans les salons par des femmes parfois capricieuses et exigeantes, peu soucieuses de connaître le nombre d’heures qu’il aura fallu pour qu’elles soient les plus belles.
 Leur journée de travail terminée et parfois on les rattrape au moment où elles s’apprêtent à enfiler leur manteau pour une dernière urgence, Madame De voulant absolument parader le soir même en bousculant le calendrier établi ou le grand ordonnateur ayant décidé de modifier la toilette après une subtile méditation, les petites Merveilles rentrent chez elles, le dos souvent voûté, à force d’être restées penchées sur leur ouvrage.
Enfin de retour dans leur modeste logement, les petites Merveilles s’occupent de leurs chats, mangent frugalement puis lisent des romans d’amour ou regardent des sagas télévisées, appréciant l’élégance des toilettes et s’endorment en rêvant que la prochaine robe sera encore plus belle que la précédente et qu’elles y seront associées.
L’amour du travail bien fait l’emporte sur la reconnaissance de leur hiérarchie, trop occupée à se présenter sur le haut de la scène. Rideau ! Les petites Merveilles connaissent l’envers du décor mais le bonheur suprême leur viendra du destin : Ma Tante Marie que l’on peut assimiler à ces Petites Merveilles puisqu’elle a consacré toute sa vie au Tulle de Caudry fêtera le 29 janvier ses cent trois ans (103) !   

dimanche 22 janvier 2012

Complainte de Pierrot

Lune rousse aux saveurs de châtaignes et aux accents de feuilles mortes, dis-moi quelle beauté je dois chanter.
Pierrot, mon ami, la femme que tu aimes doit être l’unique objet de ta rêverie.
Mais Pierrot soupire, joue avec les pompons de son costume de scène et finalement se décide à descendre dans l’arène où triomphent les autres.
Il se vêt d’or et de lumière comme les matadors et part, la rose aux dents, à la recherche de la belle des belles, celle qui fait tourner les têtes, à en mourir.
Une échelle de soie l’emmène dans les nuées et là, il la voit, cette bellissima. Elle a des ailes de séraphin sur son corps sculpté dans un fourreau de satin blanc. Des étoiles brillent dans ses cheveux. Ses yeux émeraude font de lui un pantin. Il ouvre les bras, espérant étreindre cette sublime créature et mais il m’embrasse que le vent qui l’emmène dans un nuage en forme de nacelle.
Il est déposé doucement à terre, court comme un fou à la recherche de la beauté céleste mais les feuilles translucides lui rappellent l’automne et les songes auprès du feu.
Alors il rentre chez lui, ouvre son cahier relié et enluminé de colombines facétieuses et il écrit à la belle des belles sa complainte de poète d’une plume trempée dans l’encrier des Romantiques des Grands Lacs, ses amis fidèles et il pleure de n’être pas en leur compagnie et ses larmes deviennent des pétales de roses pour constituer la fleur de tous les sourires pour l’offrir à la plus belle, selon le gré de la lune rousse, à l’heure des serments.

jeudi 19 janvier 2012

Belle

Belle aux yeux d’Amour, j’aimerais respirer ton parfum jusqu’à en perdre la mémoire. Je voudrais t’emmener dans un pays où les amants sont rois. Je te regarderais avec tant de délicatesse que tu m’ouvrirais les chemins de ton corps flexible.
Ton port de reine, tu le garderais, ma beauté, de manière éternelle car il n’est pas dans mes projets de te réduire en servitude.
Tu seras ma Reine de Saba, mon Agnès Sorel, ma Pompadour ou tout simplement ma bergère des bords du Linon ou ma belle des banlieues de France aux jambes fines ou bien encore ma beauté nordique, provençale ou des pays de Loire.
Belles d’Afrique, je ne vous oublie pas et je vous insère dans mon cœur où se pressent les multiples accents de la beauté féminine dont on peut faire une symphonie.
Je ferme les yeux et tu m’apparais dans toute ta splendeur, vêtue d’un jupon de mousseline et d’un caraco de roses violines en tourbillonnant dans une spirale où se vrille mon âme.

mardi 17 janvier 2012

L'Ange

Dans le cœur d’une rose, un ange sommeillait. Il attendait le moment propice pour s’échapper sur les chemins qui formaient une ronde de verdure encerclant un château dont les tours se perdaient dans les nuages.
Un enfant respira le parfum de la rose et l’ange se fondit dans sa chevelure bouclée.
Comme l’oiseau dans son nid, l’ange se laissa promener, au gré du vent et des jeux de l’enfant. Ils s’assirent tous deux au bord d’une rivière.
Se penchant pour admirer son reflet, l’enfant vit celui de l’ange. Il lui sourit, souhaitant le rejoindre dans le fil du courant.
Mais un saumon royal emporta l’ange bien loin, au pays nordique des fjords.
L’enfant s’en revint pensif au château de sa mère, la reine des Ondines et se jura de devenir explorateur pour retrouver l’empreinte de l’ange.
Il grandit et mûrit, se plia aux exigences de sa mère qui voulait le marier, ouvrit le bal avec une princesse qu’un roi lui présenta…. Et reconnut l’ange !

dimanche 15 janvier 2012

Chez Colette

Le Café Tortoré ... A Labastide d'Armagnac, il existe un café, classé du reste, qui a échappé à la griffe du temps, comme sa propriétaire, l'alerte Colette en dépit de ses nombreux printemps. J'aimerais m'y asseoir et sortir mon petit carnet pour y noter mes humeurs vagabondes mais ici ce serait considéré comme un sacrilège, tant la présence active de Colette Tortoré est l'événement essentiel de ce café où l'on déguste le breuvage titre de l'établissement à petites gorgées, en le savourant. Son floc, apéritif local mis au point par un médecin adepte de la vigne est également excellent. De plus son prix est très modique et si nous n'y revenons pas, c'est que nous redoutons une ivresse possible pour celui qui boit peu. Un événement à fêter ? Colette sort le champagne et fait sauter le bouchon. J'aimerais y dire un jour quelques contes mais patience ! cette heure n'est pas encore arrivée. Il faut que je m'intègre et que je m'imprègne du charme de ces lieux si particuliers. Tortoré, Turtur le chant du pigeon ramier, de la palombe ou oiseau bleu, tel qu'on le définit dans les Landes, il faut l'apprivoiser et tout le monde le sait, pour apprivoiser, il faut y mettre le temps !

Mon Village

Labastide d'Armagnac, charmant village médiéval du Sud-Ouest, fleuron des bastides gasconnes, je t'ai souvent chanté, dans Contes du Grand Ouest avec le conte liminaire Le Banquet des Fées, dans A l'Ombre des Cerisiers en Fleurs avec le conte intitulé S.O.S. Armagnac, ces deux livres étant publiés chez Publibook ainsi que sur mon Blog avec le texte Place Royale. Il y aurait tant à dire, à savoir par exemple que l'écrivain Barbey d'Aurevilly y a séjourné et tant d'anecdotes qu'il me reste un vaste spectre à explorer...

samedi 14 janvier 2012

La Ronde

L'étoile du matin a jailli dans les grands lacs puis s'est nichée dans les cheveux des belles au regard de jais, à l'infini. Le scintillement de ces parures a auréolé ces jeunes beautés de lueurs fulgurantes courant dans les petites boucles de leurs cheveux semblables à des roses noires, si douces sous la brosse de soie. Heureuses de se savoir belles et désirées, elles ont couru dans la rosée, retroussant leurs jupons pour ne pas être mouillées. Leurs souliers de satin ont amorti les effets de la flore des rivières. Dans une ronde, au clair de lune, toutes les plus jolies filles de la région s'étaient donné rendez-vous pour exprimer la joie d'être unies et si belles dans leur disparité. Quelques-unes étaient blanches et dans leurs cheveux blonds, bruns ou vénitiens, des perles multicolores cascadaient en épousant le fil du courant. Femmes ou naïades, elles ont disparu dans la brume du couchant, laissant sur le bord des grands lacs, des écharpes de soie, de perles et de fleurs pour en pare les fées.

jeudi 12 janvier 2012

Souvenir

Était-ce un rêve? Il était là, devant moi, avec son sourire énigmatique et sa beauté d'ébène. Il avait son air altier et princier .Il revenait de chez les Morts, tel Ulysse dans son périple méditerranéen. Mais lui, il avait parcouru des kilomètres de jungle et s'était caché dans de multiples lieux, brûlant les souvenirs au fur et à mesure de sa fuite. Enfin, je lui apparus, dans un éclat de jade, avec la splendeur poétique de ma beauté flamande, un Vermeer vivant. J'étais pour lui La Jeune Fille à la Perle, l'inutile beauté qui offre un regard bleu sur l'infini. Ces jours se sont évanouis, laissant dans leur sillage des pétales de roses...

mercredi 11 janvier 2012

Chanson

Mon oiseau des îles, mon ange, ma beauté, je te porte en moi comme un oiseau blessé, tourmenté, meurtri. Je te le redis avec des mots de Paradis, des phrases de tous les jours, des refrains de chansons, je t'aime et te garde toujours en mon cœur. Cependant mon amour se diffuse dans le bel orient de ma jeunesse et je cours à n'en plus finir dans les dunes qui cachent l'oued et les hommes bleus. Ils me demandent de les suivre pour retrouver leur honneur perdu et je ne peux leur refuser mon aide. Bientôt mon corps n'est plus qu'un chant meurtri que je te dédie, ma beauté, mon ange, mon bel oiseau de Paradis. Les colombes de mon cœur s'envolent jusqu'à toi, portant en leur bec le beau lys blanc de la vallée et la petite pervenche qui t'offrira le grand ciel bleu de mes songes.

Brocéliande

Dans la lande lointaine où fleurit la bruyère, la fée Viviane cherche son amant et son bel enfant blond, Lancelot du Lac qu'elle a tant choyé en son palais de verre dans l'étang de Comper. Un druide se promène sur les bords de ce lac et tombe tout à coup dans la faille du temps. Au palais, les jeunes filles jouent de la harpe tandis que les danseurs interprètent une chorégraphie dédiée au cerf blanc. Le jeune druide, Tugdual essaie d'entrer dans la ronde mais des ours l'empêchent de se joindre à ce fest noz.Un mur de verre le sépare de cette joyeuse compagnie. Alors, la mort dans l'âme, il se résigne à suivre les ours bruns qui le conduisent aux marches d'un palais, à l'air libre cette fois puis disparaissent en laissant dans leur sillage un parfum boisé qui vous font prisonnier d'un amour sans lendemain. Ciel !Ce jeune druide n'était autre que Merlin ?

Invocation

Elle a un goût d'éternité, la source de mon cœur où chantent les roitelets. Elle court en cascade, égrenant çà et là des bribes de poèmes, des bouquets de houx et des perles d'eau vive. Elle sillonne plaines, coteaux et vallées, irrigue en profondeur les mille recoins de mon âme, me laissant un goût de rose et d'églantine. Le muguet, le myosotis et la pervenche fleurissent sur les bords de cette rivière qui entraîne dans son sillage les souvenirs et le visage du devenir. Prêtresse du verbe, je t'invoque, ô source !et je te demande de courir sur les friches d'antan pour leur redonner joie de vivre et rires d'enfants.

Beauté

Où sont les belles de jadis avec leurs robes d'organdi et leurs ombrelles ? Parties avec la brise ? Elles se sont évanouies dans les nuages en nous laissant le parfum de la mélancolie. Mais pour remplacer ces beautés désuètes, des jeunes filles bottées et cuirassées sont apparues dans le paysage urbain, s'épanouissant comme ces fleurs d'acier qui jaillissent des forges. Elles ont enfourché des motos, pulvérisant la représentation de la Belle Époque, corsetée, enrubannée, entravée dans des jupes moulantes obligeant à faire de petits pas précieux, comme les Geishas. Libérées et féminines jusqu'au bout de leurs ongles peints, ces sirènes modernes dissimulent leur chevelure fuchsia, brun, sépia ou noir ardent dans des casques nacrés et fluo et hurlent dans le vent comme les mythiques Beatles. Qu'en sera-t-il dans cinquante ans ? Nos jeunes filles apparaîtront peut-être comme des beautés éphémères appartenant à un passé révolu et charmant ... à moins que l'on ne revienne aux pratiques d'antan, jeunes filles aux coiffures pyramidales, chapeautées et dissimulées par des flots de dentelle tout en gardant l'indémodable jean et les cuissardes, mix des plus charmants, pour rappeler l'heureux temps où l'on creusait des mines aux riches filons pour en extraire l'or qui ruissela sur le monde, apportant dans son flux la modernité et hélas ! le désir inhumain de réduire ses contemporains à une forme voisine de l'esclavage antique, coups de fouets en moins mais désespérance identique. Les dessous de la mode sont révélateurs : brodeurs, petites mains, couturières, modistes et tout ce personnel qui fait vivre la création et les grandes maisons dont on ne retient qu'un nom ne sont pas rétribués à l'aune de leur travail. Alors belles de jadis, belles d'aujourd'hui, belles de demain, un trait d'unité vous relie, l'adresse, le talent et les heures égrenées sans pitié du monde ouvrier !