Je suis née dans le Nord de la France et j’y ai passé toute mon enfance, rêvant à des ailleurs bleus. Lectrice assidue, j’ai marqué une préférence pour la féerie, ce qui affleure dans tous mes ouvrages. Enfin libre, je trouve le temps d’écrire, puisant dans le quotidien et l’univers légendaire mes sources principales d’inspiration.
dimanche 31 mai 2020
Le patchwork des amours
Ils y mettent tout leur cœur,
les fans, pour que tu ne meures pas, Johnny et ils postent sur les murs
de l'amour des milliers de photographies où l'on peut te voir, à tous
les âges, tantôt d'une élégance folle, tantôt en tenue décontractée et
chose étrange, à chaque fois, tu nous parais si grand, inaccessible et
proche à la fois, notre "boss" quoi !
La princesse de papier
La princesse de papier
Jouant le tout pour le tout, Soraya se décida à sortir du
roman dans lequel elle était enfermée depuis si longtemps et quitta cette tour
en peau de chagrin pour s’en aller sur les chemins, à la recherche du monde qu’elle
ne connaissait pas.
Les oiseaux l’escortaient et de mésange en rouge gorge,
Soraya suivit un parcours fléché par les serviteurs de la nature.
Elle arriva à l’orée d’un bois et découvrit tout un univers
qui fit chanceler la représentation du monde qu’elle connaissait par l’intermédiaire
des livres, à commencer par le roman d’inspiration médiévale dont elle était l’héroïne.
Où étaient ces jardins d’amour dans lesquels on l’obligeait
à se promener ?
Rien de tel dans la nature !
C’était juste un concept inventé par des seigneurs jaloux,
soucieux de préserver leur dame, remplaçant ainsi la ceinture de chasteté par
une volière d’amour où la beauté confinée au grand air, respirant le parfum des
roses, un livre ou une broderie à la main, devait nécessairement cultiver un
désir d’amour qui redoublerait les ardeurs passionnées de son époux.
Soraya sentait gronder en elle le vent de la révolte et elle
éprouva un besoin d’aimer en dehors des sentiers battus et des arcanes de l’amour
courtois dont elle désavouait les procédés, destructeurs de la courtoisie et du
véritable amour qui repose avant tout sur la sincérité et la tendresse.
Elle se souvint de la carte du Tendre et rêva à une
actualisation des chemins de l’amour.
C’est alors que survint un orage qui pulvérisa les doux rêves
de la princesse de papier et elle se retrouva propulsée par une force inconnue
dans les pages du livre d’où elle s’était échappée.
L’auteur du livre la caressa et la cajola si bien qu’elle en
oublia sa divine escapade et elle se laissa aimer du bout de la plume turquoise
qui lui insufflait le désir d’aimer.
samedi 30 mai 2020
Les lys de la vallée
Les lys de la vallée
Les lys de la vallée ont fleuri sur les rives du souvenir et
les jeunes filles se sont empressées d’en cueillir pour faire des bouquets.
Jadis on les dédiait aux rois et à la reine céleste, Marie
dont le mois s’achève sans qu’il y ait eu de processions ou de messes sacrées
en sa mémoire.
Côté processions, on peut noter que des cinéastes ont filmé
des scènes où l’on exécute un parrain de la mafia au plus fort des alléluias.
Eclaboussés de sang, les lys sont piétinés, formant un tapis
végétal où subsiste encore le pistil solaire dont raffolent les abeilles.
Les lys fraîchement cueillis sont disposés dans des vases et
jettent leur note de lumière.
« J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans »
écrivait Charles Baudelaire et sans oser me comparer à cet immense poète, je
peux dire que je fais mien ce vers merveilleux et si parlant.
Dans la commode de mon âme, il y a de multiples tiroirs et j’en
tire parfois un au hasard.
Tantôt c’est un tiroir qui mène à l’ivresse du vin, tantôt c’est
la boite à souvenirs qui nous oblige à faire un retour vers l’enfance ou encore
à l’amour voué à une servante disparue, plus rarement à une rêverie érotique «
La très chère était nue » bref les tiroirs de nos âmes sont innombrables
et en ce qui me concerne, il y en a un, inédit, qui encense l’amour des lys
grâce à un support romantique, Le Lys dans la vallée d’Honoré de Balzac et mes
souvenirs d’enfance liés aux processions somptueuses, organisées pour le mois
de Marie dont il reste une trace dans les chansons populaires et le cœur des
officiants.
Les lys de la vallée ont fleuri sur les rives du souvenir et
ont embaumé mon cœur, m’entraînant dans une valse qui me conduit au Cantique
des cantiques, les tableaux de Greuze, Poussin ou Vermeer de Delft, à l’image
de La jeune fille à la perle à qui un amoureux me compara jadis, allant jusqu’à
orner le manteau de cheminée d’une reproduction, placée en guise d’ex- voto.
C’est seulement à présent que je mesure la qualité de ce
geste car si j’ai toujours aimé les tableaux de Vermeer de Delft, notamment La
Dame au chapeau Rouge dont un fac-similé patiné orne mon salon, jeune fille, je
détestais toute allusion à ma supposée beauté, refusant que l’on fasse des
femmes des objets de désir.
Aujourd’hui, je me promène dans les jardins du souvenir et
je respire le parfum enivrant des lys, dernier rempart de la virginale douceur…
vendredi 29 mai 2020
Dans ta main
Dans ta main
Dans ta main, mon amour, j’ai posé une rose en pâte d’amandes
que j’ai nappée de gelée de groseilles et de violettes puis j’ai saupoudré le
tout de paillettes d’or à base de safran et de miel, surmontant l’édifice du
plaisir de pistils étoilés, grillés aux amandes.
J’ai ensuite enveloppé ton corps d’une nappe de lait de coco
et j’y ai placé des îlots de cacao et des bonbons de grenade, de réglisse, d’œufs
d’oiseaux en sucre filé, aromatisés au mimosa et je t’ai dégustée lentement,
avec ferveur, avec passion.
Maintenant, j’attends de toi la réciproque.
Comment aimeras-tu savourer les arômes qu’exhale mon corps
de berger ?
Sous le voile d’un cristal d’orgeat étoilé de demi-lunes
caramélisées, mon aimée m’a nimbé d’un mélange de pralines roses et de chocolat
blanc.
Et dans ma main, elle a déposé délicatement un nid d’oiseaux
en vermicelles de chocolat pour y placer un rouge-gorge de sucre roux avec une
tache framboise sur le poitrail et nous nous sommes endormis, avec, sur les
lèvres, les diamants de notre désir.
jeudi 28 mai 2020
L'étoile d'argent
L’étoile d’argent
Elle brille sur la veste des poètes, à la place du cœur, l’étoile
d’argent, sublimant les catleyas de Marcel Proust et les camélias de la dame
qui se meurt dans un opéra de Verdi.
Dédaignant cette lyre qui me fut jadis offerte, je me
promène dans les allées de mon jardin et j’admire les roses qui me rappellent
celles qui furent chantées par Ronsard.
Je respire leur parfum, me disant que l’éternité doit avoir
cette fragrance, pour peu qu’on la mérite !
Des enfants jouent au croquet et s’imaginent rivaliser avec
Harry Potter et ses amis, chevauchant des balais aux manches sculptées qui me
rappellent les chevaux de bois de mon enfance, tournant sur les manèges au son
de ritournelles charmantes et de chansons aujourd’hui oubliées, comme Le petit bonheur
de Félix Leclerc ou La biche et le chevalier d’Henri Salvador.
L’étoile d’argent brille de mille feux et s’inscrit en
filigrane sur le parchemin d’amour où je note les moments essentiels de ma vie.
Le palimpseste éternel des amants étincelle au firmament et
rejoint les étoiles formant une comète dont les poètes se disputent les
fragments.
L’arène royale de la poésie est ouverte à tous les talents mais il est une reine qui décerne les lauriers de la victoire.
L’arène royale de la poésie est ouverte à tous les talents mais il est une reine qui décerne les lauriers de la victoire.
Les couronnes sont ensuite jetées à la mer qui roule sans
relâche l’Odyssée d’ Homère dans ses vagues où l’écume resplendit de lumière.
L’étoile d’argent devient une chanson dont le refrain meurt
sur les lèvres des amants.
mercredi 27 mai 2020
La journée des amours
La journée des amours
Illuminée par la douce rêverie des poètes, parfois cruels
dans leur manière d’aborder la passion, tel Pablo Neruda dans Vingt poèmes d’amour
et une chanson désespérée, démontrant qu’après les étreintes il existe un
désamour inexorable, illuminée disais-je, dans une thématique rimbaldienne tout
aussi cruelle dans Les réparties de Nina, je demeure pensive.
La quête de l’amour demeure, à mes yeux, celle qui s’apparenta,
à l’époque du Fin Amor ou de l’amour courtois, à la recherche du Saint Graal
qui peut donner au monde la clef divine de la paix spirituelle.
J’ai constaté, avec un certain amusement, que des personnes
cherchaient matériellement la clef après avoir lu l’inscription écrite sur la
porte de l’église de Tréhorenteuc : « la clef est en dedans ».
Cet avertissement était destiné aux profanes qui avaient
besoin d’ouvrir leur cœur aux arcanes de l’amour.
Dans notre pays, il existe une journée consacrée à tous les
thèmes universels, la lutte contre l’esclavage, la faim, les violences faites
aux femmes, le travail, la femme, …je stoppe la liste à dessein, notant qu’il n’existe
pas, à ma connaissance, de journée de l’amour.
Est-ce à dire que la journée de la femme serait aussi celle
de l’amour ?
Si j’étais un homme, je protesterais car, à l’exception des
libertins, des rationalistes, des idéologues ou des personnes hermétiques à l’amour,
il n’est de plus fervent serviteur des passions que les hommes, parfois prêts à
se perdre comme les héros stendhaliens pour rester à l’aune de leur cœur battant
la chamade ou conquérant de l’inaccessible beauté mise sur un piédestal ou
errant, livre ou broderie à la main, dans les méandres mystérieux des jardins d’amour,
conçus à l’époque médiévale comme un dédale obligatoire pour l’amant éperdu.
J’aime lire et écouter les chants d’amour de toutes sortes,
notamment ceux de Guillaume Apollinaire qui fut le chantre parfait de ces
amours qui naissent, fleurissent et se meurent, à la manière des roses.
Enfant, je me désespérais d’assister à la mort apparente des
roses et je recueillais les pétales tombés en espérant sauver ces fleurs du
désastre.
J’ignorais alors ces paroles magiques : « Tu ne
me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé » qui conduisent
à la sagesse et à la sublimation de ce don inestimable qui consiste à aimer !
Inscription à :
Articles (Atom)