Je suis née dans le Nord de la France et j’y ai passé toute mon enfance, rêvant à des ailleurs bleus. Lectrice assidue, j’ai marqué une préférence pour la féerie, ce qui affleure dans tous mes ouvrages. Enfin libre, je trouve le temps d’écrire, puisant dans le quotidien et l’univers légendaire mes sources principales d’inspiration.
dimanche 29 septembre 2019
A l'ombre des cerisiers en fleurs
A l'ombre des cerisiers en fleur Du Chat botté à Peter Pan,
de Clochette à la gentille Marraine, mais aussi de Mira, la petite
goutte de rosée à Capucine, la princesse Étoile, ils nous invitent tous à
partager leur tristesse et leurs aventures, leur bonheur éclatant et
leurs joies étincelantes.
A l’ombre des cerisiers en fleurs, on voyage de pages en pages, de
fleurs en fleurs, de pays en pays. On butine, on virevolte, on se laisse
porter, sachant toujours que notre prochain refuge sera encore plus
beau, plus riche en aventures et en sentiments que le précédent !
Chaque conte est une ballade dans un monde enchanteur, un moment
d’évasion, une parenthèse merveilleuse qui nous ramène aux temps de
notre enfance, où l’impossible, l’inimaginable était à portée de main.
C’est ce que parvient à faire Marguerite-Marie Roze avec beaucoup de
délicatesse et de talent : elle recrée des souvenirs, réinvente des
personnages avec lesquels nous avons grandi, et forge le futur de nos
propres enfants.
Le tout grâce à des histoires toujours pleines de magie, d’amour, de
risques, de dépassements de soi et de passion.
De quoi donner naissance à de nouveaux rêves…
samedi 28 septembre 2019
Un jeune homme pressé
Un jeune homme pressé
Il reste dans notre mémoire le jeune homme pressé qui
arpentait les routes de la vie à la manière d’un James Bond, avide de résultats
et d’actions parfois paradoxales, jetant le trouble dans les rangs de ses
fidèles.
Éternel séducteur, il se servait de son aura pour aboutir à
ses fins, sans vergogne et sans prétention excessive. Une légende veut que dans
sa jeunesse, on ait eu l’idée de l’armer pour rencontrer un farouche
représentant syndical et qu’il aurait pris ce revolver comme on se sert d’un
accessoire et naturellement, l’entretien se serait passé sans incident, les
deux hommes se réconciliant plutôt autour d’une bière, son breuvage de
prédilection.
Cultivant d’incroyables paradoxes, il a incarné, plus que
quiconque les contradictions de notre pays, à la fois avide de protection et
enclin à la nouveauté.
Le temps a fait son œuvre, transformant le jeune homme
pressé en vieil homme au pas lent, s’aidant d’une canne gigantesque qui était à
sa taille, et s’appuyant sur l’épaule d’un proche.
Tel un guerrier masaï, frappé par l’adversité, il est resté
ce qu’il était, en substance, un homme qui avait épousé le destin de son pays,
plaçant son étoile au firmament des poètes.
Adepte des Arts Premiers, il était devenu, malgré lui, un
spécialiste des arts devenus hermétiques par la disparition programmée des
chefs de tribus, susceptibles d’empêcher une civilisation dite prépondérante de
garder ses privilèges, obtenus par les armes.
Aujourd’hui, on le célèbre après l’avoir vilipendé mais
gageons que dans l’empire des nuages où il a été certainement accueilli en
héros, il demeurera celui que beaucoup ont aimé et même adulé sans vouloir l’avouer,
le jeune homme pressé qui s’arrêtait pour sourire et parler à des compatriotes
pour lesquels il n’établissait jamais de hiérarchie, comme dans son approche
des civilisations.
jeudi 26 septembre 2019
La mer des souvenirs
La mer des souvenirs
Les cours se succédaient avec beaucoup de réussite dans
l’école des enchanteurs et la direction se félicitait des résultats prometteurs
engrangés par de nombreux candidats à des concours prestigieux.
Rien ne sert de plonger les adolescents dans une inquiétude
folle pour en obtenir l’excellence se disait la fée des Lumières, initiatrice
de la pédagogie souriante préconisée à l’école.
Mais soudain un fait brouilla cette vision lumineuse :
une élève très douée, Marjolaine, qui remportait tous les suffrages
professoraux, se désintéressa, sans raison apparente, des études qu’elle
portait pourtant aux nues jusqu’à présent.
Elle ne se levait plus, ne voulait plus s’alimenter et les
livres qu’elle chérissait avant tout, lui tombaient des mains. Elle dormait
sans cesse mais paraissait de plus en plus fatiguée.
Avant de sombrer dans cette étrange léthargie, Marjolaine
était pleine de vie et ses talents en matière théâtrale étaient si prodigieux
que ses professeurs caressaient l’espoir de la voir entrer à la Comédie
Française.
Son interprétation de Roxane avait été sublime au dire de
tous et elle avait provoqué les larmes d’un nombre considérable de spectateurs
dans la scène finale.
Elle avait été également une Rosine convaincante et tous les
grands rôles dévolus aux ingénues qui, en définitive, s’avéraient être de
maîtresses femmes, à l’intelligence vive, sous les rubans de l’époque avaient
été revisités par ses interprétations toutes en finesse et originalité.
Toutes les fées se penchèrent sur son lit de souffrance mais
rien n’y fit et la fée des Lumières décida de faire venir un médecin
spécialiste des troubles de l’âme car c’était certainement le mal qui s’était
attaqué à la brillante jeune fille.
Le médecin ne fut pas en mesure de guérir instantanément la
patiente mais il suggéra que des séances d’hypnose dont il avait la maîtrise
définiraient peut-être le terrain à circonscrire.
Les séances commencèrent et lors de quinze approches il ne
se produisit rien de notable si ce n’est que la jeune fille prononça une
expression qui méritait d’être éclaircie et approfondie : « mer
de Flines ».
La directrice remercia le médecin et elle entreprit sans
plus tarder des recherches permettant d’éclairer la métaphore.
Il s’agissait d’un étang plus que d’une mer à proprement
parler mais ses origines étaient si étranges et sa forme circulaire si
particulière qu’on pouvait l’assimiler à un étang chimérique tel qu’il apparaît
dans une merveilleuse chanson d’un compositeur local.
Marjolaine avait vécu une partie de son enfance sur ses
berges et il suffisait de tirer le fil pour que toute la pelote de laine se
déroule et révèle ses secrets.
On transcrivit le contenu de ses rêves : avec son amie
Elsa, elle vivait dans une atmosphère féerique pour fuir un environnement
malsain et c’est souvent Marjolaine qui avait l’initiative de jeux étranges et
poétiques. Elle avait imaginé qu’elle pourrait commercialiser des pétales de
roses et c’est, pleine de cet espoir déçu qu’elle rencontra la réticence de
chacun à imaginer les métamorphoses féeriques.
Elsa la suivait dans ses folles conceptions et si elle
parlait peu, elle dessinait des scènes de leur enfance, s’intéressant davantage
à ce qui semblait digne d’esquisse.
Au fil des rêves de la jeune fille, la trame de son mal
apparut avec clarté et il arriva enfin qu’elle se sente délivrée par le poids
du passé.
L’étang chimérique reprit sa place dans le grimoire de ses
rêves d’enfant et elle s’éveilla à nouveau dans la réalité qui reprit tout son
poids avec ses centres d’intérêt.
Elle reprit goût au théâtre et s’illustra dans des rôles
auxquels elle apporta une touche supplémentaire de profondeur et de charme.
Son entrée à la Comédie Française ne fit plus aucun doute et
l’école des enchanteurs sortit renforcée de cette épreuve difficile qui avait
mis à mal tout le poids de la féerie.
mercredi 25 septembre 2019
Contes des royaumes oubliés
Contes des royaumes oubliés Dans une maison de retraite, une
dame âgée qui a perdu la mémoire délire et prête à son prince charmant
les aventures les plus folles ; un jeune accordéoniste mène une vie de
bohème, du Nord à la Bretagne, en fuyant et rencontrant l’amour ; une
femme se voit plongée dans une vie de couple imaginaire suite à une
dépression nerveuse… Les solitudes se créent, s’effacent, les rêves
perdurent…
Au travers de nouvelles et brèves poétiques, Marguerite-Marie nous
promène de la légende à la réalité, de la féerie à la mort, du rêve à la
folie. Elle parvient à incarner autant l’espoir d’une âme d’enfant que
la désillusions de l’amour et la noirceur de l’Histoire. Une gageure
qu’elle relève avec grâce, humour et mélancolie.
mardi 24 septembre 2019
Richesses Automnales
Richesses Automnales
La fée des Lumières organisa des séminaires de sommellerie
pour aborder de manière concrète et ancestrale la venue de l’Automne, avec son
beau cortège de fruits et de légumes destinés à la fabrication de potages
veloutés et magiques et naturellement ses vendanges.
Figues, tomates et poivrons, piments, courges sous toutes
leurs formes, butternut étant la plus prisée, raisin de table, pommes furent de
tous les menus.
Le supplément fut mis en conserves : elles égaieraient
les menus d’hiver, rendant ces derniers plus gustatifs et colorés.
La venue des vendanges fut préparée avec soin et la fée s’ingénia
à mettre un terroir à l’honneur car il plongeait dans une histoire qui formait
une chaîne de richesses et d’ouverture sur le monde, il s’agissait de l’Aquitaine
qui avait longtemps oscillé entre l’appartenance à la France et à l’Angleterre
de par les alliances entre rois et princesses, la plus célèbre demeurant
Aliénor d’Aquitaine.
Des sommeliers furent conviés à l’école et des cours d’apprentissage
commencèrent sous la houlette d’une fée des vendanges qui tenait sa notoriété d’une
incursion dans une petite bourgade, Labastide d’ Armagnac qui se proclamait
reine de ce nectar venu du fond des âges.
Mais si les alcools et les apéritifs tels que le floc ou
fleur d’Armagnac tenaient le haut du pavois, les vins qui étaient à la portée
de la population connaissaient un regain d’intérêt.
Les vins de Cahors, si prisés par les Anglais, que l’on
acheminait par gabarres jusqu’au port de Bordeaux pour mettre la voile sur le
royaume d’outre-manche, redevenaient à la mode et l’on aimait savourer ces
boissons dont la couleur noire n’était pas sans rappeler les fruits des
taillis, mûres ou cassis.
Madiran abritait des vignes qui étaient précieuses et offraient
les possibilités de vins élaborés et pratiquement parfaits.
Tout le monde avait en mémoire la légende selon laquelle le
bon roi Henri qui avait prôné la poule au pot du dimanche pour tous, avait eu
les lèvres humectées par le vin de Jurançon après qu’on lui eut passé une
gousse d’ail sur la bouche pour le fortifier, dès sa naissance.
Ce même roi Henri avait, dit-on, l’habitude de s’arrêter
dans la ville de Labastide d’Armagnac car une beauté locale avait les honneurs
de son amour et il admirait les arcades de la ville au point de les faire
reproduire à Paris.
Chacune de ces villes eut une place royale et l’on peut
encore admirer à Labastide d’Armagnac des maisons à colombages qui servent de
relais-témoin d’un passé glorieux.
Des séances d’initiation à la sommellerie eurent lieu à l’école,
sous l’égide de professeurs intéressés par cette discipline peu connue qui plonge
le novice dans un état proche de l’ivresse des cimes.
Cet état singulier atteignait son nirvana sans qu’il soit
besoin de boire ces breuvages car il suffisait de humer et de déguster du bout
des lèvres de petites quantités pour connaître pleinement le nectar proposé.
Ces cours connurent un immense succès et l’on retint
quelques sommeliers pour les cuisines car la direction pensa que l’on ne
pouvait pas se passer de ces services qui avaient fait la renommée mondiale du
pays.
Les richesses automnales furent également retenues pour le
choix de textes littéraires qui en proclamaient la beauté et ainsi armés, les
pensionnaires de l’école des enchanteurs se sentirent prêts à affronter les
frimas de l’hiver qui leur apporterait certainement un charme certain, au
détour de chemins de neige et de flambées du soir.
lundi 23 septembre 2019
Les cadets de Gascogne
Les cadets de Gascogne
La passion s’empara du collège des enchanteurs à la faveur d’une
étude transdisciplinaire de Cyrano de Bergerac, pièce de théâtre du célèbre
Edmond Rostand.
Si Paris avait les yeux de Chimène, lors de la sortie du Cid
de Corneille, le collège eut le regard flamboyant de Roxane et de Cyrano et les
répliques cultes de la pièce se faisaient entendre dans les jardins de l’école.
Plusieurs représentations furent données pour la plus grande
joie des spectateurs et l’engouement pour la pièce fut tel que la fée des
Lumières loua la villa de l’Arnaga pour rêver et étudier à loisir les pièces du
célèbre créateur.
Villa et jardins étaient absolument somptueux et les
admirateurs de l’auteur qui avait fait battre les cœurs des précieux et des
badauds parisiens, amateurs d’émotions fortes, furent aux anges, découvrant à
chaque pas une interprétation nouvelle de sa pièce préférée.
Le professeur de Littérature, la fée bleue, consacra ses
loisirs à des développements sur le mouvement précieux du XVII ème siècle et
une adaptation de la célèbre carte du Tendre fut proposée en travaux de
groupes.
On réfléchit beaucoup à cet effet de l’influence du « Beau »
sur le choix de l’être aimé et si chacun s’ingéniait à avoir une préférence
pour Cyrano, le beau Christian qui n’avait qu’un rôle secondaire dans la pièce
aurait encore les suffrages d’une belle qui se piquait d’avoir un penchant pour
le bel esprit.
Cyrano et Roxane eurent les faveurs de tous et l’on joua la
pièce à maintes reprises dans le parc du jardin.
« si tu étais mon Cyrano je serais ta Roxane » se
disait-on un peu partout et personne ne songeait à réfléchir sur le rôle prépondérant
qui était attribué à la beauté physique au détriment de la beauté de l’âme.
Cette incursion dans le pays basque fit du bien à tous et l’on
se dispersa ensuite dans les profondeurs du terroir, accordant une visite dans
les champs où naissaient les fameux piments d’ Espelette et les cuisines
retentirent du bruit des chaudrons où l’on accommoda ce légume précieux de
mille et une façons gourmandes.
On en fit des conserves, ce qui promettait de bons repas
hors saison et lorsque tous les avantages de la région eurent été écumées, la
fée des Lumières siffla la fin de la partie et les écoliers de l’enchantement
reprirent la route de leur établissement, des étoiles dans les yeux.
dimanche 22 septembre 2019
Mariage dans le Haut Pays
Mariage dans le Haut Pays
Jamais le prénom de Maxellende ne fut aussi bien porté que
par cette jeune fille, issue de l’école des enchanteurs, qui magnifiait avec
brio l’étymologie de ce mot puisant dans ses racines latines la signification
de « grand ».
Humble à souhait cependant, l’étoile du groupe trouva encore
des ressources pour rehausser son talent qui était déjà considérable.
Des cœurs naquirent spontanément de ses doigts inventifs, ce
qui provoqua un amour supplémentaire pour ses feuilletés qui devinrent si
populaires à l’estaminet de la ville qu’elle demanda à un potier de créer des
moules pour la réalisation de produits qui témoignaient de son amour pour
Sylvain.
Le stage d’immersion dans le pays du Nord touchait à sa fin
mais la fée des lumières consentit à ce que cette élève de renom restât dans la
commune qui lui avait valu la notoriété.
De plus, grâce au consentement des parents de la jeune fille,
un mariage se profilait et il promettait d’être une réussite puisqu’un amour
sincère et partagé brillait dans ce village où les valeurs ancestrales étaient
au rendez-vous.
Maxellende s’installa dans une modeste maison dont le seul
luxe consistait à posséder une cuisine confortable et fort bien équipée.
C’est là qu’avec l’aide et la complicité d’une jeune
villageoise, Manon, qu’elle avait formée à son image, elle fabriquait les
créations commandées par les commerçants de la ville dont le cœur devint un
second emblème fort prisé.
De son côté, Sylvain travaillait avec ardeur car les commandes
pleuvaient et il s’en réjouissait : de cette manière le mariage projeté
serait une réussite totale et il faisait construire en lisière de la forêt une
maison de rêve avec des ateliers attenant à la magistrale façade pour que leur
union se concrétise sous les meilleurs auspices.
La fée des lumières contribua à la conduite des travaux,
heureuse de voir le talent de l’école porté au plus haut niveau.
Enfin on en vint aux préparatifs de mariage et l’on commença
par la création d’une robe de mariée qui était taillée dans une pièce du fameux
tulle de Caudry dont la jeune fille était native.
Un motif supplémentaire agrémenta cette robe d’un jour,
unissant les deux symboles des époux, à savoir une forme ronde à l’image du
tonneau et un cœur brioché en apparence pour rappeler les talents de la future
épouse.
Une calèche décorée de lys blancs et de fleurs des champs
était destinée à la mariée tandis que Sylvain projetait de faire une arrivée
triomphale sur un beau cheval d’apparat.
La fée conduisit sa filleule à l’autel et Sylvain, à l’issue
de la cérémonie, glissa au doigt de son épouse un anneau d’or fin qu’elle
pourrait, à son gré, garder en pétrissant la pâte.
La fête fut des plus réussies et l’on put remarquer que
Manon, digne demoiselle d’honneur de la mariée, n’était pas insensible au
charme d’un jeune participant à la cérémonie, Victorin dont certains
prétendaient qu’il était le plus bel homme de la paroisse.
C’est sur cette note heureuse que les mariés prirent congé
de leurs invités et qu’ils se rendirent dans la belle maison forestière pour
célébrer en toute intimité le bonheur d’être deux.
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