mercredi 31 mars 2021

Moi, j'aime le Music-Hall

 



« Moi, j’aime le Music-Hall » chantait Charles Trenet.

Johnny l’aurait aimé aussi si l’époque s’y était prêtée !

Avec sa prestance et sa beauté sans oublier la force et le charme de sa voix, il aurait descendu l’escalier au bras d’une Joséphine Baker à la silhouette de rêve.

Tous deux, outre un immense talent, avaient un point commun, l’amour des enfants et de la famille quoi qu’il ait pu leur en coûter !

Johnny comme Joséphine ont eu des enfants qui ont réclamé à corps et à cris leur part d’amour, déjà donnée et rétribuée à l’aune du présent sans cesse remis sur le métier comme le voile de Pénélope, cherchant à gagner du temps pour préserver l’amour voué à Ulysse.

L’amour ne peut être mesuré et cet axiome, Johnny l’a appris à ses dépens.

Mais s’il existe un domaine où il ait pleinement réussi, c’est celui de son public, à la fois ancien et nouveau, le père emmenant son enfant dans un concert, faisant ainsi un legs passionné, un don d’amour sans cesse renouvelé.

Les prénoms de Johnny, Laura, David ont d’ailleurs été donnés à de beaux bébés conçus dans des élans passionnés.

Johnny, Laura, David, Jade et Joy, vous êtes les maillons d’une chaîne qui sera emportée par les nuages, dans un bloc de passion éternelle, prolongée par le chœur des anges, miraculeusement devenus le chœur d’un Music-Hall des temps nouveaux.

Un accroc dans la robe de mariée

 



Elsa quitta sa somptueuse robe de mariée comme une rose se défait de ses pétales au petit matin et passa de longs moments sous la douche.

Dahlia, jolie petite acrobate de talent, fut envoyée sur les lieux pour prendre des nouvelles de la mariée.

En arrivant, elle ne reçut aucune réponse à ses appels et en voyant l’extraordinaire robe de rêve, elle ne put résister au plaisir de l’enfiler. Alors qu’elle s’apprêtait à se mirer dans la grande glace du salon, elle reçut un coup sur la tête et elle ne se réveilla que quelques heures plus tard.

Elle était nue, bâillonnée et entravée dans un lit capitonné.

Des hommes se saisirent de sa personne sans ménagement pour la précipiter dans un bain chaud et parfumé.

Puis des femmes apparurent ; elles enduisirent son joli corps d’adolescente d’une crème parfumée à l’hibiscus.

Elle fut soigneusement épilée, coiffée et livrée, toujours en tenue d’Eve, à  Orson qui s’apprêtait à l’aimer avec fougue et passion.

La pénombre régnait  dans la chambre et le petit corps frémissant de Dahlia fut saisi par des mains vigoureuses.

Orson parcourait ce corps qu’il voulait faire sien.

Il murmura quelques mots d’amour à celle qu’il prenait pour Elsa :

«  Mon amour, ma beauté, mon doux ange, tu vas être mienne pour la vie car je vais investir ton coquillage de Vénus de telle sorte qu’il deviendra l’empreinte de ma virilité ».

Dans un geste de défense désespéré, Dahlia réussit un extraordinaire salto arrière au moment où Orson allait faire d’elle sa femme.

Retrouvant sa motricité, elle courut, nue, jusqu’à la porte, l’ouvrit et s’enfuit.

Une porte s’entrebâilla dans le couloir et une main secourable la cueillit au passage, lui rendant ainsi la liberté.

Le sauveur couvrit Dahlia d’un ravissant kimono, celui qu’il destinait à sa belle qui, pour d’obscures raisons, n’était pas venue.

Jolie comme une délicate branche fleurie de cerisier, Dahlia se laissa choyer par un jeune homme empressé et élégant.

Le serveur préposé à la chambre apporta le repas destiné à un couple d’amoureux.

Champagne, toasts au caviar, brouillade d’oursins, plateau de fruits de mer, éclairs et macarons se succédèrent, plongeant la jeune Dahlia dans un univers féerique et gourmand.

Des bruits se firent entendre dans le couloir mais le jeune Dorian réprima les tremblements de sa jolie hôtesse en diffusant un opéra, en l’occurrence La Flûte enchantée.

Il commanda, par téléphone, une gerbe de roses et, le repas terminé, il aida la jeune fille à revêtir une somptueuse chemise de nuit.

Il la porta délicatement dans le lit, lui baisa la main et répandit des pétales de roses sur la courtepointe, transformant ainsi le cauchemar de la jeune fille en rêve paradisiaque.

Il s’installa dans un fauteuil et veilla sur le sommeil de la charmante petite fée que le destin lui réservait peut-être.

Au petit matin, ils prirent le petit déjeuner ensemble.

Ce fut un régal et un moment de bonheur.

Dahlia voulut remercier son sauveur mais il lui rétorqua qu’elle était un cadeau du ciel à ses yeux.

«  Si vous voulez être mienne, un jour, je vous jure de vous aimer avec tout le respect que vous méritez, chaste beauté ».

Pour toute réponse, Dahlia mit ses bras autour du cou de Dorian et leurs lèvres s’unirent comme un don venu des cieux.

 

mardi 30 mars 2021

S'il te plaît, dessine-moi Johnny

 



La voix du petit prince a murmuré en mon cœur : «  s’il te plaît, dessine-moi Johnny » et tout aussitôt, des parchemins enluminés, signés Christine, Fabrice, Emmanuelle, Guylène, Jacqueline sont apparus sur une page dédiée au chanteur qui repose pour l’éternité dans notre mémoire corporelle, visuelle et musicale.

Toujours vêtu avec élégance, bijoux, tatouages et sourires assortis, ses beaux yeux bleus renouant avec l’azur d’une enfance escamotée, Johnny nous rappelle que seul, l’amour vaille que l’on imprime la terre de notre pas de danse, à l’unisson de nos cœurs réunis dans une gigantesque ronde d’amour, de passion et de rêve.

S’il te plaît, dessine-moi Johnny, reprend le petit prince et je souhaite ardemment qu’il vienne chanter pour ma rose, sur mon astéroïde. Lui seul pourra lui ôter sa mélancolie incurable et lui rendre le sourire qu’elle a perdu lors de mon dernier voyage, emporté par un vol d’oies sauvages, la rendant victime d’un mal existentiel.

Dessine-moi Johnny : L’aviateur poète, rebaptisé Fabrice, tendit à la rose éplorée un coffret inédit des chansons oubliées du rocker de la célèbre route 66 !

Il nous reste l'amour

 



Il nous reste l’amour de Johnny. Il nous apparaît dans la douceur ouatée d’un nuage et selon notre humeur et son bon vouloir, les chansons s’enchaînent comme des promesses passionnées, éternelles, à l’aune de nos jours.

La fée Aurore prépare la scène du spectacle merveilleux qu’il s’apprête à offrir avec l’orchestre des anges, une nouveauté à nulle autre pareille.

Les chœurs se succèdent et selon les rythmes imposés, les anges portent des ailes adaptées à leur prestation, arc en ciel pour les chansons d’amour, noires pour les chansons de défi, J’en parlerai au diable ou Le pénitencier, bleues pour les chants voués à la tendresse , Laura, Sang pour sang, Marie et d’autres couleurs pour tous les thèmes sociaux ou historiques tels la lutte contre l’ennemi occupant le territoire français, Le chant des Partisans.

Blues, rock, chansons tendres, chansons cultes font frissonner les tulipes des jardins d’Eden et des couples se forment sous la lune ardente des soupirs.

Il nous reste l’amour ; à une époque où l’argent occupe une place royale, cela paraît bien peu mais pour nous, fans de Johnny, de sa légende et de sa noble incrustation dans nos cœurs, c’est une rivière éternelle qui charrie les pépites des amants.

lundi 29 mars 2021

Orson le maléfique

 



«  Elle est à moi, rugissait Orson face à Aurélien enchaîné au mur d’une vieille bâtisse, elle est à moi ! C’est ma poupée d’amour, ma princesse, mon esclave, chaque parcelle de sa peau m’appartient. Elle aura un vrai mari, pas un pantin. Je lui promets des nuits ardentes, charnelles, folles ».

Aurélien était affaibli par les coups que le forcené lui avait assénés et il avait beau essayer de réfléchir pour trouver un argument susceptible d’être retenu par ce fou furieux, sa tête était vide et il était au bord de l’évanouissement.

Alors qu’il sortait de la maison des contes en costume de marié, une fleur de camélia à la boutonnière, il avait été frappé sur la tête, on lui avait fait respirer du chloroforme et lorsqu’il avait retrouvé ses esprits, il était enchaîné, sa tête était endolorie et un malandrin s’ingéniait à proférer des insultes visant à profaner son Elsa bien-aimée en ponctuant ses mots d’un coup de poing ou d’une lame de rasoir qui déchirait son bel habit de noces.

Pour avoir fréquenté  des brutes épaisses dans le milieu carcéral où il évoluait en sa qualité d’avocat, il connaissait les méandres rugueux de leur cerveau rustique et leurs pulsions subites, à ce détail près que lorsqu’un client s’énervait et devenait dangereux, Aurélien n’avait qu’un signe à faire pour qu’un gardien mette un terme à l’entretien.

Ici, il était seul, enchaîné et il se faisait du souci pour Elsa. Qu’allait-elle penser de son absence ?

Pour trouver une petite lueur d’espoir, il se raccrochait à l’évocation de sa beauté, de son charme et de sa délicatesse.

Comment cette brute pouvait-elle envisager de porter la main sur elle ?

Elsa ne lui avait jamais parlé des moments d’horreur qu’elle avait vécus.

Où cette brute avait-elle rencontré Elsa et dans quelles circonstances ? Pourquoi cet être immonde se croyait-il investi du droit du seigneur envers celle qu’il considérait comme son épouse ?

Cet homme est fou, se dit-il, tâchons de ne pas le contrarier.

Quant à sa survie, elle relevait du destin, à la manière d’une partie de dés.

Fermant à demi les paupières, Aurélien surveilla les allées et venues des personnes qui évoluaient dans la maison et il enregistra mentalement les différentes voix qu’il entendait pour être capable, plus tard, de les identifier.

La brute n’était pas seule et elle avait peut-être le dessein de s’emparer d’Elsa comme d’une proie de choix.

Même les animaux peuvent être dotés d’un peu d’humanité songeait-il.

Il pensait au Livre de la Jungle et s’efforçait de fixer des images heureuses pour se maintenir en vie.

Tandis qu’Aurélien s’évertuait à garder le sang-froid qui avait suscité l’admiration de ses confrères au barreau de Lille, Orson, dans une chambre somptueuse réservée aux Trois Cygnes, une auberge spécialisée dans l’accueil chaleureux d’amants en lune de miel, se préparait à recevoir celle dont il ferait sa femme, au plus profond de sa chair.

Il avait tant rêvé de cette osmose en prison qu’il avait tout mis en œuvre pour réduire sa peine.

Il s’était montré doux et conciliant et il avait même accepté de travailler pour faire preuve de sa repentance, amassant par ailleurs un petit pécule de cette manière.

Le bandit des grands chemins s’était converti aux dures lois du travail.

Sa force musculaire avait contribué à faire de lui un manutentionnaire de premier ordre et chaque gardien de prison s’était félicité de l’excellence de ses prestations.

Il subit avec succès des examens de type CAP après des mois de formation dans des domaines divers et grâce à sa bonne volonté apparente, il bénéficia de remises de peine conséquentes.

C’est ainsi qu’il fut libéré avant l’heure et qu’il partit, tel Le loup devenu berger de La Fontaine, en prédateur dissimulé sous l’apparence aimable d’un spécialiste en plomberie.

Il mit au point un plan infaillible pour s’emparer de celle dont il avait tant rêvé dans sa cellule.

Il lui suffisait de faire échouer le mariage et de faire disparaître le pivot du couple, l’as du barreau, Aurélien Lespagnol !