mercredi 30 septembre 2020

Saphir, le chat persan

 



Dans un domaine ayant appartenu au chat botté, vivait un magnifique chat persan nommé Saphir.

Il était si beau que chaque enfant, au château, rêvait d’en faire son chat attitré mais Saphir était un chat indépendant et il aimait s’échapper quelques jours voire plusieurs semaines, revenant au moment précis où l’on commençait à s’inquiéter : il y avait tant de chasseurs qui, par dépit, s’en prenaient aux chats lorsqu’ils étaient bredouille !

Un jour, Saphir aperçut dans le miroir d’un étang, une jeune fille aux longs cheveux dénoués, chantant dans une barque tandis que des cygnes lui servaient de cortège.

C’était un spectacle magnifique et Saphir, pour la première fois de sa vie, sentit son cœur battre follement dans sa poitrine.

Il se tapit dans les roseaux, attendant que l’apparition féerique vienne de son côté.

Il s’endormit et sentit une chaude présence au réveil.

Ronronnant à qui mieux mieux, il était caressé par une jolie main blanche.

«  Saphir de mes rêves, j’aimerais que tu sois un prince charmant car tu es si beau et si doux que je voudrais sans cesse à mes côtés ».

Mais quel est ce sortilège se dit Saphir et comment se fait-il que la plus belle princesse du monde s’intéresse à moi ? Je ne suis qu’un chat et il est grand temps que je regagne le château de mon ancêtre, le chat botté.

Il est vrai qu’il était devenu marquis et que, selon le conte, il ne courut plus après les souris que pour se divertir : c’est ce que me racontait ma grand-mère, la grande Zelda aux yeux d’émeraude lorsque je n’étais encore qu’un chaton.

Quant à moi, je n’aime guère croquer les souris, même les plus appétissantes et je préfère manger des ortolans, en veillant à ne pas trop diminuer l’espèce car mon maître Rodilardus qui m’a fait découvrir les fables de La Fontaine, m’a enseigné la fragilité de notre monde, un roseau face aux tempêtes et il m’a inculqué l’amour de la nature.

En suivant ses préceptes, je me suis entraîné à déguster des plantes, de l’herbe à chats comme il se doit, mais aussi des liserons d’eau et des fleurs bien grasses qui ont un goût de miel.

Après une dernière caresse, Saphir s’échappa et partit en direction du château de ses ancêtres, bâti sur un éperon rocheux qui le rendait imprenable.

De retour au château, il se faufila dans une mansarde où il aimait se reposer et s’endormit, fatigué d’avoir accompli une longue course.

Pelotonné sur un édredon qui avait, selon la légende, servi à protéger la Belle au Bois Dormant dans son long sommeil de cent ans, il éprouva l’immense plaisir de se sentir environné par un univers féerique.

C’est donc sans étonnement qu’il se réveilla, au petit matin, sous les traits d’un beau prince aux yeux d’émeraude et au pourpoint doré.

Au château, on lui fit fête et il dut raconter une histoire pour justifier sa présence.

Il prétendit venir d’Orient, guidé par un oiseau dont le chant s’apparentait à celui du rossignol.

«  Comment vous nomme-t-on, messire ? dit audacieusement un jeune page.

Je suis le prince Saphir, pour vous servir, dit-il d’une voix douce.

Nous avons un chat qui se nomme ainsi dit une petite fille : lui avez-vous pris son nom ?

Présente tes excuses au prince, Aliénor, lui dit sévèrement sa mère.

Mais le prince Saphir ne souhaita pas qu’on la gronde : il est bon de parler selon son cœur précisa-t-il et il caressa la chevelure bouclée de la petite audacieuse ».

La maîtresse de maison, Dame Aude, invita le prince à dîner et chacun passa à table.

Le repas fut agréable : le mets préféré de Saphir, des ortolans, était précisément au menu.

Vint ensuite une tourte feuilletée au saumon et aux épinards.

Des palourdes farcies à la tombée de poireaux et d’oignons rouges ainsi que des tomates farcies à la viande hachée et aux amandes firent les délices des convives.

Pour le dessert, on se régala de pommes d’amour et de sorbets garnissant des aumônières en pâte fine, beurrée au pinceau, reposant sur un lit de caramel.

On remarqua la qualité  de la denture du prince qui croquait à belles dents dans les surfaces les plus dures.

«  A vous regarder de près dit Aude croyant faire un mot d’esprit, on s’imagine notre chat Saphir dévorant à belles dents des ortolans dont il fait son régal.

Peut-être suis-je précisément ce chat dit Saphir », ce qui fit rire tout le monde.

On conduisit le prince Saphir dans ses appartements et il apprécia le mobilier, le décor et le luxe du cabinet de toilette à sa juste valeur.

Le lit à baldaquins était fabuleux et incitait au sommeil.

Demain nous recevons la princesse Oriane dit le jeune page qui l’avait accompagné. Vous ferez certainement sa conquête avec l’esprit dont vous faites preuve ajouta-t-il.

Saphir sourit et comme il était au courant des usages du monde, il glissa quelques pièces dans la main du jeune homme qui se prénommait Lucien.

Il passa une bonne nuit, regrettant seulement de ne pas entendre le bruit du vent dans les roseaux.

Le lendemain, ce fut un véritable branle-bas au château : la venue de la princesse Oriane était attendue comme un temps fort de la journée.

Les cuisines retentissaient du bruit des cuivres et des fumets odorants s’échappèrent bientôt, mettant les papilles en émoi.

Le prince se promena dans le par cet s’attarda sous une charmille, endroit privilégié pour d’agréables rencontres.

Il prit place dans la pergola et ferma un instant les yeux.

Il ne vit pas arriver la princesse mais perçut son parfum qui fleurait bon la bergamote et le jasmin.

Enivré par cette odeur, le prince tomba sous le charme de la belle visiteuse et il eut l’impression de l’avoir déjà vue.

Au cours de la conversation, il retrouva la mémoire : c’était, bien sûr, la belle apparition qui l’avait fasciné, dans le miroir d’un étang, avec son cortège de cygnes.

Belle princesse, s’enhardit-il à lui dire, votre souhait est exaucé : le chat persan que vous avez caressé de vos jolies mains s’est métamorphosé en prince et me voici à vos côtés, prêt à vivre une éternité de chat ou de prince, comme vous le souhaiterez.

On m’avait dit que vous étiez un original répondit la princesse en souriant et on ne m’a pas trompée !

Eh bien, il en sera comme vous le souhaitez, beau prince, et la belle Oriane posa sa jolie tête sur l’épaule du jeune homme qui choisit, somme toute, de ne plus accepter de vivre comme un chat puisque l’amour se présentait à lui, doux et éternel.

 

 

 

 

Jusqu'au bout de ses rêves

 



Il est allé jusqu’au bout de ses rêves, au bout de la nuit et quand l’étoile du berger a illuminé son cœur meurtri, il a pris son bâton de pèlerin et il est parti, Johnny, à l’autre bout du monde, là où le soleil a brillé pour lui, ses amours, Laeticia, Jade et Joy et il a mis les voiles, nous laissant sur les marches de La Madeleine, orphelins, désespérés mais heureux de le savoir au Paradis.

Des perles d’amour ont cascadé sur les vieilles pierres, appelant la fée des rêves pour insuffler le goût de l’aventure à tout un cercle d’amis, Emmanuelle, Guylène, Sylvette, Colette, Jean-Luc…

Tel Saint Pierre bâtissant l’église du Seigneur pour les convertis, Fabrice, de sa rose magique s’effeuillant et se recréant dans un vitrail en forme de kaléidoscope cher à Proust et à Baudelaire, conduit les amis de Johnny, d’une main ferme et fraternelle.

Un mausolée imaginaire érigé à Marnes-la-Coquette nous ramène aux derniers jours du chanteur, s’accrochant à la vie pour chanter, encore et toujours, les compositions musicales faites pour lui, sa voix de ténor et son cœur ardent de rocker à la rose pourprée, aux costumes de scène incroyablement élégants et surprenants , pour illustrer l’amour.

La fée des rêves s’échappe pour rejoindre les enfants perdus tandis que les amis de Johnny se tiennent solidement par la main , entrechoquant leurs bagues de pirates, décidés à partir pour une chasse aux trésors inédite, un dernier album, une dernière chanson, un dernier amour …

mardi 29 septembre 2020

Le royaume des Mille Fontaines

 



Dans un royaume baigné par une mer lumineuse où l’on apercevait, dans les profondeurs,  une barrière de corail, on comptait mille fontaines, chacune d’elles ayant la particularité singulière d’être honorée par une divinité, représentée par le ciseau du sculpteur, en marbre irisé.

La princesse Adeline partait souvent à l’aventure, en calèche, à pied ou encore en carrosse voire à cheval sur sa jument alezane Fleur de Lune.

De fontaine en fontaine, elle enrichissait sa collection de pierres sacrées oubliées par le sculpteur et trouvait souvent mille et un trésors, un chapelet d’ivoire, une robe de baptême en dentelles anciennes, un livre enluminé, un portrait et des bouquets de fleurs fraîches, sans cesse renouvelées.

Elle rapportait tous ces souvenirs et les disposait artistiquement dans une salle où elle aimait se recueillir, un livre ou un carnet de notes à la main. Elle détaillait par écrit la visite à la fontaine et elle complétait la description par une esquisse ou une aquarelle.

Personne ne savait, au palais, les raisons pour lesquelles on avait commandé ces ouvrages d’art mais Adeline se faisait fort d’en découvrir le secret.

Comme dans les romans où un tableau était le point de départ d’une intrigue policière, Le Chardonneret de Donna Tartt par exemple, ces fontaines portaient certainement un message aussi difficile à décrypter que les hiéroglyphes dont Champollion trouva la clef.

En examinant attentivement les aquarelles réalisées à partir des fontaines visitées et en observant les objets collectés à proximité, elle crut percevoir une ronde de naïades s’ébattant au bord d’un fleuve qui s’était évaporé.

Voilà donc la cartographie de ce royaume : des sources et des rivières apparaissent puis s’assèchent, laissant derrière elles des cicatrices fluviales et nous offrant, par la grâce des fontainiers, le souvenir de ces beautés aquatiques disparues, pensa la princesse : j’ai lu dans un manuel  qu’une ville nommée Aigues Vives pour plaire au Roi Saint Louis avait ensuite dû prendre le nom d’ Aigues Mortes, le delta s’étant envasé à l’endroit précis d’où le roi s’était élancé à bord de son navire pour une dernière croisade.

Parvenue à ce degré de réflexion, la princesse Adeline éprouva le besoin de faire une pause dans ces étapes-découvertes.

Au terme d’une longue méditation, elle décida de lancer une vaste opération visant à construire, par strates, l’histoire du royaume.

Heureux de servir leur souveraine et enthousiastes quant à la qualité future de leurs recherches, de petits groupes de chevaliers partirent dans toutes les directions pour participer à l’énigmatique reconstitution des fontaines inscrites dans la mémoire géographique du royaume.

Les chercheurs partirent en triades, dessinateurs, poètes et géographes réunis pour faire parler ces mystérieuses fontaines.

Attendant fébrilement leur retour, la princesse Adeline, telle la reine Mathilde relatant la conquête d’une île par le biais d’une tapisserie, entreprit un ouvrage de haute lice.

Tissant et brodant, elle commença un ouvrage qui mettait en lumière les naïades réfugiées dans le miroir des fontaines.

Les groupes de chercheurs revinrent les uns après les autres avec leur précieuse collection de dessins, d’aquarelles, de chansons poétiques s’inspirant de la beauté inouïe des décors de chaque fontaine. Des géographes présentèrent leurs relevés topographiques et des échantillons empruntés au milieu ambiant.

La salle réservée aux études concrètes concernant les fontaines s’emplit de témoignages de toutes sortes.

Des philosophes et des mathématiciens tâchèrent de décrypter toutes ces trouvailles et ils finirent par émettre l’hypothèse suivante : à l’origine, le royaume était gouverné par des dieux représentant les forces telluriques.

Les sources, les rivières et les fleuves abondaient avec la puissance du Nil de l’Egypte Antique.

Les naïades vivaient en nombre et en beauté, évoluant dans l’eau en exécutant des figures aquatiques d’une telle magnificence qu’elles inspirèrent des maîtres fontainiers qui rivalisèrent dans l’art de sculpter le marbre de manière réaliste et poétique, sublimant les sensations quasi amoureuses éprouvées au contact de ces divinités.

Puis il se produisit un cataclysme inédit, chute d’un météorite ou autre phénomène étrange et les fleuves disparurent, ne laissant sur un sol orphelin que ces merveilleuses fontaines érigées à la gloire des naïades qui restèrent ainsi figées dans le marbre.

Satisfaite de ces investigations et du résultat positif de ces recherches, la princesse Adeline ordonna une grande fête et l’on vit, au milieu du service remarquable de plats savoureux, des danses exécutées en respectant une chorégraphie didactique relatant l’histoire du royaume et de ses fabuleuses fontaines dignes d’être conservées comme l’élément-mémoire d’un patrimoine inédit, révélateur d’une légende inscrite dans la terre.

 

 

La Rhapsodie de Lilian

 



En cueillant les dernières roses du jardin, Lilian réalisa de magnifiques compositions et souhaita les pérenniser en créant une rhapsodie.

Il se mit au piano et chercha les accords magiques susceptibles de charmer l’oreille à la manière de Liszt ou d’Erik Satie.

Ne voyant pas le temps passer tant il se passionnait pour cet imaginaire créatif, il fut surpris, un jour, en entendant sonner à sa porte.

En ouvrant, il eut un choc : la beauté, sous une forme divine, demandait l’asile.

Lorelei au nom de sirène, trempée par la pluie, entra chez lui en grelottant.

Lilian la conduisit à la salle de bains, lui offrit un peignoir, des serviettes de bain, des mules en éponge et pour se vêtir, au sortir de la douche, un kimono qu’il avait acheté un jour, en pensant à la reine de sa vie qui ne manquerait pas d’apparaître à l’orient de ses amours.

Lorsqu’elle entra dans le salon, vêtue de ce kimono de rêve avec des mules brodées assorties, ses beaux cheveux lavés, séchés, brossés et coiffés en un élégant chignon, Lilian trouva l’arpège qui  lui manquait et mit le point final à sa rhapsodie, point d’orgue de sa recherche qui s’avérait aussi sentimentale que musicale.

Lorelei avait apporté avec elle, en dépit de la pluie, un soleil d’or et l’amour.

Les jeunes gens devisèrent aimablement auprès du feu de bois que Lilian avait allumé pour réchauffer définitivement la merveilleuse jeune fille envoyée par la pluie.

Un titre pour la rhapsodie s’imposa à l’esprit du compositeur, celui de Rhapsodie de la pluie couleur soleil.

Il ferma un instant les yeux et lorsqu’il les rouvrit, il était seul, Lorelei avait disparu, laissant sur le dos du fauteuil le kimono, soigneusement plié.

Aucune trace visible de la présence d’une baigneuse dans la salle d’eau.

Lilian dut reconnaître qu’il avait rêvé.

Il remercia la divinité qui lui avait envoyé l’apparition, lui permettant ainsi de terminer sa rhapsodie sur une note lumineuse, prometteuse d’amour.

C’est en interprétant sa Rhapsodie de la pluie couleur soleil, sur scène, qu’il aperçut, au douzième rang, la belle Lorelei, vêtue et coiffée comme une geisha.

Elle lui sourit et l’idylle se noua à la fin du spectacle dans un restaurant vietnamien, illuminé par des lanternes rutilantes, à l’abri d’un paravent laqué qui garda leurs secrets.

lundi 28 septembre 2020

Fabrice, Christine, Jacqueline, Patrick et les autres

 


Le cœur lourd, plein de souvenirs, ils se partagent les chansons, les images, les émotions suscitées par leurs jeunes années passées à attendre le dernier album, le dernier concert, le dernier amour de celui qu’ils aiment tant, Johnny, celui qui, en dépit des ans et des douleurs reste debout sur scène, sa guitare à la main comme un membre de son être.

De son regard mi- fauve, mi- ange, il balise les rangées ordonnées de ceux qui n’hésiteraient pas à le suivre dans une folle randonnée, en Harley, en Cadillac ou à pied, dans les rues de Los Angeles où les anges le veillent.

Des chansons oubliées, inédites, pleines de force et de tendresse jaillissent au son de l’harmonica, du piano, des guitares.

C’est parfois un orchestre qui accompagne le chanteur mythique, conduit par un Yvan Cassar au sommet de son art, ses boucles argentées cascadant en rythme sur ses épaules de breton.

Tel un menhir, solide, élevant sa pointe vers le ciel, il épouse la fougue du chanteur, sa passion et son désir de ne plus faire qu’un avec un immense public venu de partout, par tous les moyens de locomotion,  s’unissant de manière folle et réglementée à la fois, à la manière de leur idole.

Fabrice, Christine, Jacqueline, Patrick et les autres se tiennent par la main en une farandole d’espoir, oscillant parfois vers une symphonie d’amour, inachevée, se brisant sur la grève de Saint Barth avec le ressac des passions qui se veulent éternelles.

dimanche 27 septembre 2020

La légende de Johnny 4

 


Montage - Réalisation : © Fabrice Cocquet

Eléonore, source de lait et de miel

 



La grande vague de Kanagawa du peintre Hokusai a recouvert le papier peint de la chambre d’Eléonore choisi pour honorer La Jeune Fille à la Perle de Vermeer de Delft et cette vague monumentale a eu raison des rêves d’art et de perles de la belle idole du quartier de l’île Saint Louis.

Les jeunes gens qui ont la chance  de la croiser dans la rue, en robe volière, en chaussures à hauts talons, un petit sac brodé à la main, ont l’impression de se laisser engloutir par une source de lait et de miel et ils ont hâte de briser avec les convenances et de lui offrir la chaleur de leur âme devenue désir.

Mais Eléonore ne songe pas à épouser leurs rêves et elle va, toujours un livre et un carnet de notes à la main, ce qui irrite ses ardents soupirants.

Il arrive parfois qu’elle s’accorde une pause sur un banc qu’aurait aimé le dessinateur Peynet. Elle se laisse aller à la rêverie : des écureuils et des oiseaux lui tiennent compagnie, éloignant ainsi les soupirants qui voudraient voir briser la méditation d’une belle âme.

Eléonore aurait été une dame courtisée au Moyen Age et les chansons auraient jailli des lèvres des troubadours.

Des chevaliers se seraient affrontés en tournoi pour l’un de ses rubans et un coup d’épée fatal asséné par l’un d’eux aurait précipité le rival dans les eaux glacées du Styx sans que le vainqueur soit assuré de gagner le cœur de la dame.

Eléonore, source de lait et de miel, qualification qui aurait semblé injurieuse au temps de l’amour courtois mais qui s’apparente au Cantique des cantiques de la Bible, reprend ensuite sa route, dépose livre et carnet dans la loge de sa concierge et repart, un panier à la main pour s’approvisionner dans le quartier.

Et c’est dans une épicerie fine où elle achète de quoi réaliser des plats orientaux, du thé à la rose et des noix enrobées dans de la pâte d’amandes qu’elle fait la rencontre d’un émule de Richard Cœur de Lion.

Elle accepte de se faire raccompagner chez elle, l’invite à monter dans son appartement malgré les regards courroucés de sa concierge, prépare le thé et écoute les déclarations enflammées de son chevalier servant.

Puis, après une légère collation, elle tire les rideaux de son alcôve et invite son amant à découvrir l’incroyable source de son corps.

Cette rencontre qui n’est autre que le ressenti de la grande vague de Kanagawa laisse enfin éclater sa personnalité profonde, celle de la jeune fille à la perle de Vermeer de Delft.

Libérée, elle peut enfin vivre au grand jour une immense histoire d’amour que son amant, Jocelyn de Rohan aura à cœur d’en dérouler le parchemin, au fil des jours.