jeudi 29 juin 2023

Au Roi Lear


Caroline hésita avant de gravir les imposantes marches du château Au Roi Lear, étape de rêve dans une Bretagne légendaire.

Sa mise était-elle suffisamment soignée ? Elle chercha fiévreusement la caméra pour l’éviter. Une légère pression sur le bouton réservé au personnel et le réceptionniste de nuit apparut. Il finissait son travail, c’est pourquoi il arborait un sourire lumineux. Caroline fila à l’office. Le plateau réservé à Mrs et Mr Evans, un jeune couple newyorkais était déjà prêt. Elle ajouta un bouquet de roses, quelques confitures, du miel, vérifia la température de la théière et du pot à lait, réclama deux parts de kouign-amann puis, totalement réveillée, prit l’ascenseur de service.

A six heures trente précises, selon le souhait du couple, elle frappa discrètement à la porte. Personne ne répondit. La porte était entrouverte. Les Evans avaient tout prévu pour ne pas perdre de temps. Elle entra, souriante, le plateau à la main et resta interdite : sur le lit qui n’avait pas été défait, une jeune fille en robe longue, entourée de lys, reposait.

Caroline posa le plateau sur une desserte, et s’approcha de l’intruse pour constater avec horreur qu’elle ne respirait plus. Réprimant un cri pour préserver le sommeil des clients, elle téléphona au réceptionniste le priant d’alerter le manager de toute urgence. Après un bref entretien téléphonique avec son employée, Philippe Béryl se rendit sur le champ à la chambre Ophélie pour y découvrir une jolie soubrette tétanisée par la peur.

Le médecin arrive dit calmement le boss.

Allez à l’office et prenez une pause. Ne parlez à personne de ce que vous avez vu ici. Prétextez un malaise !

Au chevet de l’inconnue, Philippe Béryl nota sur un carnet qui ne le quittait jamais les questions qu’il convenait de se poser : Que faisait cette jeune fille dans la chambre des Evans ? Où étaient ces derniers ? Inspectant le lit, il constata que les draps n’avaient pas été froissés et que, vraisemblablement, personne n’y avait dormi.

Enfin, il se demanda pourquoi des lys blancs avaient été déposés presque artistement autour de la jeune fille. Un souvenir d’adolescent lui revint et il murmura :

« Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lys. » Ophélie de Rimbaud en hommage à l’héroïne Shakespearienne de Hamlet ! Quelle étrange coïncidence !

Il accueillit le médecin avec soulagement. Après un bref examen, ce dernier conclut à la mort et au crime. La jeune fille portait des marques de strangulation qui ne laissaient aucun doute sur l’origine criminelle du décès. L’heure de la mort se situait entre quatre et six heures ; l’autopsie du corps pourrait en dire plus.

mercredi 28 juin 2023

Epilogue


Le procès de Léo n’eut pas lieu car il mourut brusquement lors d’une promenade en prison. On conclut à une crise cardiaque et Astrid se trouva libérée d’un lourd fardeau.

Par ailleurs, elle eut la surprise de se voir convoquer par un notaire.

Léo lui léguait toute sa fortune, sa belle maison lilloise et tous ses acquis.

Par lettre, il s’était exprimé en exposant ses remords. Il suppliait Astrid de lui pardonner son inqualifiable conduite et il espérait qu’elle pourrait tirer profit de ce legs pour prendre son envol dans la voie artistique qui était la sienne.

Astrid se libéra enfin tout à fait en peignant le portrait de Léo.

Elle ne manqua pas de souligner sa double personnalité.

Utilisant une technique propre à Picasso, elle présenta un être biface.

D’un côté, on voyait un éphèbe à l’extraordinaire beauté, avec un sourire enchanteur et de l’autre, on percevait un être monstrueux capable des pires outrances, un rictus au coin des lèvres.

Florian et Max furent interloqués : ce portrait leur apparut comme l’objet libérateur de leur amie.

Grâce à la fortune léguée par Léo, Astrid acheta une galerie à Douai, près du beffroi et elle commença par exposer les tableaux de Florian et le sien.

Florian finit par terminer le tableau de Max ainsi que celui qui présentait le beffroi avec une énigme et une beauté de rencontre : d’un côté, un homme étrange, à la fois voleur et danseur qui n’était autre que Léo et de l’autre, une silhouette charmante, celle de Prune qui lui avait apporté des informations fondamentales pour cerner le ravisseur.

Max fit un saut à Paris pour remercier Romuald de l’aide décisive pour la résolution de l’affaire mais il revint rapidement à Fleur-Lez-Lys, s’attendant peut-être à une nouvelle énigme mais déterminé surtout à saisir les bons moments de bonheur comme autant de papillons.

mardi 27 juin 2023

Dernier acte


Ne voyant pas venir son ravisseur, comme à l’accoutumée, Astrid but du jus d’orange, tartina des tranches de brioche de gelée de coings, puis, désœuvrée, fit sa toilette, se coiffa soigneusement et revêtit le joli tailleur Dior offert la veille.

Chaussée d’escarpins qui lui rappelaient les pantoufles de Cendrillon, elle actionna machinalement la poignée de la porte et constata avec surprise qu’elle n’était pas fermée à clef.

Elle s’aventura dans la cage de l’escalier et se trouva, toute étourdie, dans la rue.

La première personne qu’elle aperçut, non sans surprise, fut Florian qui peignait le beffroi dont elle ne savait pas alors qu’il était sa prison.

Florian courut à sa rencontre, rangea tout son matériel, conduisit celle que l’on cherchait en vain depuis des jours, à sa voiture et l’emmena bien vite à Fleur-Lez-Lys.

Il passa quelques messages, colportant la bonne nouvelle.

Louise eut à peine le temps d’embrasser sa fille, Florian reçut l’ordre de conduire Astrid à la gendarmerie où elle aurait des comptes à rendre.

Non sans difficulté, tant sa captivité était étrange, Astrid expliqua succinctement le récit de sa capture et de sa rétention, insistant sur le caractère troublant de la personnalité de son ravisseur.

Estimant qu’ils avaient suffisamment d’éléments pour la partie relevant de leur service, les gendarmes remirent la jeune fille à un médecin et un infirmier qui la conduisirent dans un service hospitalier chargé de soigner les victimes atteintes, parfois à leur insu, de violences à caractère sexuel.

Il fut établi qu’Astrid n’avait pas été violée à proprement parler mais que la manière dont le ravisseur s’était emparé de son corps, le faisant sien sans son assentiment, présentait un caractère sexuel voisin du viol.

Plus grave encore était la confusion mentale dont la jeune fille faisait montre. Non seulement, elle semblait atteinte du syndrome de Stockholm, excusant son ravisseur du comportement dominant dont il avait fait preuve à son encontre mais encore elle avait perdu les repères moraux qui étaient les siens.

Les psychologues chargés de lui rendre un ordre mental qui lui permettrait de revenir à une vie quasi normale, furent soulagés d’apprendre qu’elle était artiste peintre.

Ils lui suggérèrent de traduire, sous forme de dessins ou de tableaux, les émotions qu’elle avait ressenties lors de sa captivité.

On la garda quelques jours à l’hôpital par mesure de prudence puis  on la libéra sous escorte mi- policière, mi- médicale.

Astrid retrouva ainsi son foyer et sa mère et connut quelques jours de flottement avant de connaître un état voisin de l’équilibre.

Elle décida alors de répondre aux demandes formulées par l’équipe médicale.

Florian lui prêta son atelier de sorte qu’elle put raconter, sous forme de dessins et d’aquarelles, des épisodes marquants de sa captivité.

Au fur et à mesure que son œuvre prenait forme, Astrid sentait sa poitrine se libérer d’un poids écrasant qu’elle n’avait pas perçu au premier abord.

Elle dessina à part les derniers cadeaux dont Léo l’avait gratifiée, la chemise de nuit d’inspiration victorienne, le tailleur et la robe de bal Dior, le collier à trois rangs de perles.

Lui revinrent aussi à la mémoire les premiers jours très sombres au cour desquels elle gisait, nue, enveloppée de fourrures et elle en brossa un tableau si saisissant qu’on en fit une copie pour la tenue éventuelle du procès du ravisseur.

En effet, si Léo n’avait pas accouru au chevet de sa princesse pour lui servir son petit-déjeuner, c’est que des policiers s’étaient présentés à son domicile Lillois et l’avaient appréhendé.

Max avait reçu de Romuald la fiche signalétique de Léo Durut, dit Gueule d’Amour.

Les renseignements collectés à son encontre n’étaient pas rassurants : il avait vécu dans un milieu interlope, son géniteur probable, Johann, surnommé Zorba le Grec pour son aptitude à se mouvoir dans des univers glauques, avait laissé son empreinte indélébile sur la mère et l’enfant qu’il avait considérés comme sa propriété.

Il n’était pas étonnant que Léo ait voulu reproduire, sans le savoir, le seul schéma qu’il connaissait, alliant violence et amour dans une sphère unique.

Voulant échapper à son destin, il s’en était rapproché en enlevant une jeune fille dont il avait fait sa proie, sa chose.

Astrid n’était pas fermement décidée à porter plainte contre Léo mais elle finit par s’exécuter grâce à un argument présenté qui fit mouche.

On lui présenta l’avenir qu’elle aurait eu vraisemblablement auprès de Léo : les premiers moments de bonheur passés, il se serait conduit envers elle comme l’avait fait Johann auprès de sa mère.

Triste, la mort dans l’âme, Astrid remplit les formulaires qui ciblaient Léo comme un ravisseur aux mœurs troubles.

Un peu honteuse, avec la sensation d’avoir trahi un homme qui peut-être l’aimait, Astrid informa les gendarmes des attentions de Léo, les bons repas servis, les cadeaux somptueux mais ces derniers l’assurèrent que rien ne pouvait justifier la privation de liberté.

«  Notez ces détails par écrit, Mademoiselle, lui dit un gendarme conciliant. Cela servira pour les éléments à décharge que son avocat pourra utiliser.

Mais méfiez-vous de votre bon cœur : voyez-vous, sa peine terminée, cet individu voudra peut-être se venger et vous capturer à nouveau, voire vous assassiner ».

Méditative, Astrid revint chez sa mère, décidée à réserver les éléments disculpant Léo pour le procès qui se tiendrait probablement lorsque le dossier serait clos.

Petit à petit, elle retrouva un état voisin de la quiétude mais elle ne fut plus jamais la jeune fille qui s’en allait gaiement chercher des fleurs pour la Vierge Marie et son ami Florian.

Gueule d'amour


Loin de se douter que les mailles du filet se resserraient autour de lui, Léo se dirigeait gaiement vers la bonbonnière d’amour qu’il avait créée pour sa princesse.

Les bras chargés de cadeaux, il dut effectuer plusieurs voyages, ce qui n’échappa pas à Florian qui s’était muni d’une paire de jumelles. Pour donner le change, le peintre braquait ses jumelles sur les hauteurs dentelées du beffroi, jouant le jeu jusqu’au bout, ce qui lui permettait, du reste, de peindre un tableau tout à fait remarquable.

Léo fit réchauffer un plat royal qu’il avait acheté à Lille « Chez Myriam ».

C’était une pastilla, feuilletage monumental fourré de pigeonneaux et d’amandes, le tout saupoudré de sucre glace.

Astrid lui en fut reconnaissante.

Elle apprécia également le dessert, une pastilla à la crème de rose, surmontée de pralines et de bonbons fondants.

Léo l’aida ensuite à déballer ses cadeaux, une chemise de nuit d’inspiration victorienne, de la belle lingerie, un tailleur de ville commandé chez un grand couturier grâce à des mensurations si précises que le tombé était remarquable, une jolie robe d’intérieur qu’il avait fait faire en s’inspirant de la robe de Cendrillon.

Le conte de fée présenté sous la forme d’une comédie musicale avait fait fureur au théâtre et Léo, songeant à sa princesse d’amour, avait photographié la robe de bal de l’héroïne sous toutes les coutures afin d’en faire coudre une réplique.

Les couturières de la maison Dior avaient d’ailleurs apporté des améliorations au modèle et c’est réellement une robe de rêve qu’Astrid contemplait avec un ravissement qui n’était pas feint.

Un collier à trois rangs de perles fines complétait cette toilette divine, ainsi qu’un bracelet sous forme de gourmette, en or, portant en sa plaque centrale, son prénom gravé en lettres agrémentées de diamants.

« Mais c’est trop beau s’exclama-t-elle !

Rien n’est trop beau pour ma princesse, ma belle d’amour au cœur d’or » répliqua Léo qui s’empressa de préparer du thé au jasmin.

Dans le bol destiné à sa reine, il glissa quelques gouttes d’un puissant narcotique et lorsqu’elle sombra dans un sommeil rempli de rêves fabuleux, il dénuda ce beau corps qu’il ne se lassait pas de caresser, l’enduisit d’un onguent hydratant parfumé à la rose, poudra son corps de paillettes d’or fin, le couvrit de la jolie chemise de nuit garnie de dentelles puis l’installa dans le lit capitonné et moelleux.

Il quitta ensuite la bonbonnière d’amour sans fermer la porte à clef car il pensait qu’il serait de retour dès potron-minet pour préparer le petit-déjeuner et faire sa demande en mariage.

Léo repartit pour Lille et sa résidence habituelle, une très belle maison que lui avait léguée sa mère dans une période qu’il préférait oublier, celle où on le connaissait sous le nom de Gueule d’Amour.

Sa mère, Lydia, qui était d’une fascinante beauté était tombée sous la coupe d’un malfrat de la pègre, connu sous l’appellation de Johann.

Il était grand, il avait une beauté slave et il faisait marcher des femmes à la baguette, les frappant si elles ne rapportaient pas suffisamment de billets de leurs rencontres imposées par le maître.

Lydia était sa meilleure « gagneuse » et il la récompensait en lui offrant des soirées en boites de nuit où les clients le gratifiaient de billets de banque pour avoir le meilleur numéro.

Parfois, il terminait la soirée en feu d’artifice, croyant que ses étreintes étaient appréciées par la femme qu’il tenait sous sa coupe, tantôt charmeur mais le plus souvent menaçant, faisant des moulinets avec sa canne qui contenait une lame fine destinée aux combats, le plus souvent des règlements de compte entre rivaux.

Un jour, Lydia dut annoncer, en tremblant, à son seigneur et maître, qu’elle attendait un enfant.

Oscillant entre la fureur et le contentement de soi, Johann accepta finalement cette grossesse.

Entre deux rudoiements suivis de caresses brutales, il confia à Lydia que cette paternité lui conférerait le respect de ses partenaires et rivaux, et que cet enfant, en l’occurrence le sien, serait le pain béni de ses vieux jours.

«  Ma gueule d’ange ne durera pas toujours, chérie, et cette petite gueule d’amour prendra ma suite et assurera nos vieux jours ».

Peu emballée par ce destin tracé d’avance, Lydia céda aux pressions de son maître et amant et lorsque Léo naquit, sa petite tête d’ange ravit tout le personnel de la maternité qui ignorait le terrible métier de sa mère.

Elle s’était inscrite sous l’identité de Lydia Durut, danseuse au théâtre Sébastopol, ce qui lui conféra une certaine notoriété.

Ce n’était pas entièrement faux du reste car Lydia appartenait au monde des figurants et elle avait des activités parallèles, ouvreuse, vendeuse de bouquets de violettes. Il lui arrivait également de remplacer au pied levé une actrice défaillante car elle connaissait le répertoire sur le bout des doigts.

Léo, Gueule d’Amour grandit dans cet univers interlope, forcé d’aller jouer lorsque maman « travaillait ».

Les amants de passage le gâtaient, félicitant la maman d’avoir mis au monde un si bel enfant et ils proposaient plaisamment de lui donner un petit frère ou une petite sœur qui aurait le charme de sa mère.

A la fois passionné et jaloux, Johann qui craignait par-dessus tout, de voir sa « gagneuse » lui échapper, se battit un soir contre l’un de ses principaux rivaux et une méchante boutonnière mit fin à ses velléités marchandes.

Son rêve de tenir le haut du pavé comme il le proclamait souvent s’effondra et il se laissa cueillir par les policiers, lors d’un cambriolage.

Condamné à des années de prison ferme, il disparut de la vie de Lydia qui bénéficia des sommes rondelettes mises de côté par son amant.

Elle put enfin vivre librement et profita du confort d’une belle maison où elle avait toutes ses aises et des habitudes de luxe.

Léo qui ne voulait plus jamais être appelé Gueule d’Amour, profita des relations maternelles au théâtre Sébastopol pour assurer des places de figurant et il suivit une formation pour devenir machiniste.

Ce rôle de l’ombre lui plaisait et lorsque sa mère mourut d’une embolie pulmonaire, il coupa les ponts avec le monde qui était le sien, à part celui du théâtre et accepta sa beauté physique comme une sorte de legs funeste qu’il convenait d’esquiver.

C’est pourquoi il avait longtemps porté un masque auprès d’Astrid car il ne voulait, à aucun prix, voir revenir le temps funeste de Gueule d’ Amour.

lundi 26 juin 2023

Investigations autour du beffroi


Constatant l’absence de Florian, Max décida de prendre la route qui conduisait à Douai et à son beffroi.

Par mesure de précaution, il se munit d’un Beretta en espérant ne pas avoir à s’en servir et parvenu près du beffroi, il avisa un café dont l’enseigne Aux clefs d’Or lui parut de bon augure.

Il s’installa, sortit son carnet de notes et commença à retracer le descriptif des mouvements de rue.

Il nota scrupuleusement l’heure à laquelle apparaissaient des passants ainsi que leur allure.

Il remarqua ainsi un homme qui tentait de se fondre avec la muraille.

Chargé de paquets, il ouvrit une petite porte et s’engouffra dans un escalier après avoir soigneusement refermé la porte à clef.

Sur ces entrefaites, Florian apparut.

Il disposa son chevalet et se mit en devoir de croquer une charmante jeune fille qui l’accompagnait.

Max et lui firent semblant de ne pas se connaître. Max poussa même la comédie jusqu’à jouer le rôle d’un badaud contemplatif.

Profitant d’une pause du modèle, il invita Florian à se joindre à lui pour déguster une cervoise Lancelot.

Tous deux burent en silence. Florian laissa un petit mot à son ami :

«  J’ai une piste sérieuse. Je crois savoir où le ravisseur a caché Astrid ».

Max se laissa donc aller au plaisir de l’instant et commanda un café avec un croque-monsieur pour atténuer les effets de la cervoise.

L’homme qui avait attiré son regard sortit du beffroi, l’air las et soucieux.

Il se dirigea vers une rue adjacente, entra dans une Torpédo, modèle ancien que Max croyait disparu et prit la route.

Tâchant de paraître le plus discret possible, Max le suivit à bonne distance, curieux de savoir où il se rendait.

Près du théâtre Sébastopol, à Lille, l’homme se gara.

Il prit l’escalier de service et Max s’informa auprès de la guichetière si un spectacle était prévu.

«  Les successeurs de Narciso Yepès se produiront après-demain. Il reste une place ou deux. Si vous voulez voir ces artistes, il faut faire vite.

Pourtant j’ai vu une personne prendre l’escalier de service, rétorqua Max.

Ce sera notre machiniste, Léo. Il vient chaque jour pour préparer la mise en scène de nos spectacles. Il lui arrive aussi d’être l’un de nos figurants lorsqu’une personne manque à l’appel.

Alors, je vous réserve les dernières places » ?

Max se laissa convaincre, pensant qu’il pourrait toujours offrir ces places à des personnes de leur entourage.

Ecouter Jeux interdits ou le concerto d’Aranjuez ne peut qu’apporter du bonheur se dit-il et il partit en songeant que Léo risquait de tarder avec ses manipulations de machiniste.

De retour à Fleur-Lez-Lys, il envoya un e-mail à Romuald en lui demandant de faire des investigations autour du théâtre Sébastopol de Lille, notamment dans le monde des machinistes.

Il lui confia le prénom de Léo, s’excusa de ne pas avoir insisté pour connaître son nom de famille afin de ne pas sembler trop curieux.

Il soupa du bouillon de poule, mangea des morceaux de volaille avec des légumes et attendit patiemment que Florian revienne pour croiser leurs informations.