jeudi 22 juin 2023

Elisabeth dans sa robe de mariée


Adossé au tronc d’un saule pleureur, face à la mythique « mer », Max, protégé par les feuilles du saule, regardait voler les chatons qui jouaient au soleil comme des papillons.

De petites vagues ondulaient sous le vent et c’est dans un scintillement aux senteurs profondes que Max revit la jolie petite Elisabeth, le jour de leur communion solennelle.

Le hasard les avait désignés pour être côte à côte lors de la procession. Ils avaient obtenu la même note au catéchisme et avaient donc eu le privilège d’avancer dans un pas de deux religieux à la sortie de l’église tandis que les cloches sonnaient à toutes volées.

Elisabeth portait une robe de reine, digne d’un conte de fée. Elle était si jolie qu’elle lui semblait pouvoir éclipser le soleil. Elle semblait nerveuse. Elle avait laissé tomber son chapelet sur les pavés bosselés. Ce fut ensuite le tour de son aumônière et enfin celui de son missel d’où s’échappèrent des photographies qui n’avaient certainement leur place dans cet ouvrage de référence religieuse.

Max avait ramassé tous ces objets, les tendant aimablement à sa jolie voisine qui paraissait guindée et torturée dans sa robe de dentelle.

Elle murmura des remerciements sous son voile de tulle couronné de fleurs d’oranger mais Max crut percevoir des sanglots étouffés par toutes ces étoffes de rêve.

Le lendemain matin, on avait retrouvé l’adorable poupée d’amour morte, le cœur percé par un poignard dont le manche ouvragé offrit aux policiers chargés de l’enquête le début d’une piste qui finalement ne fut pas couronnée de succès.

Ce poignard n’avait pu livrer les secrets de ses origines et les empreintes digitales n’étaient pas révélatrices de l’identité possible de l’assassin puisqu’elles ne figuraient pas au fichier national.

Des investigations au cœur du village demeurèrent vaines et les gendarmes finirent par clore le dossier faute de preuves concordantes.

Max s’assoupit en rêvant à la jolie Elisabeth, si impressionnante dans sa robe de fée.

En s’éveillant, il crut prolonger son rêve en apercevant une barque sur l’étendue d’eau dont personne ne connaissait l’origine ou la source.

Drapée dans sa robe tachée de sang, Elisabeth lui tendait les bras à la proue de la barque.

Max sut alors pourquoi il était revenu dans son village natal.

Le destin lui imposait de retrouver l’assassin.

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