jeudi 22 juin 2023

La "mer" de Fleur-les-Lys


De retour dans son village natal des Hauts de France, Fleur-Lez-Lys, Max Lambert respira le parfum des lilas en fleurs qui ornaient la cour de sa maison d’antan, rénovée à grands renforts de travaux visant à perfectionner le confort et l’élégance des pièces.

Un poêle  Godin lui rappelait l’unique témoin de luxe dont sa grand-mère s’était permis l’octroi.

Le chat Pompon ronronnait avec bonheur sur son coussin moelleux.

Max avait souhaité que l’on ajoute une aile à la maison de briques rouges dont l’architecture modeste s’harmonisait avec l’environnement façonné par le voisinage tumultueux de familles et représentants uniques d’une vie brisée.

Cette aile moderne comprenait une cuisine flamboyante où tout avait été conçu pour réaliser les bons plats traditionnels, Langue de Lucullus, Andouille de Cambrai, Waterzoi de poulet ou de poisson , Tartes des Ducasses, gâteaux porte-bonheur comme le Moka ou le Baba au Rhum.

Une cuisinière Rosières attirait le regard de même qu’une batterie de cuisine en cuivre.

Des robots de toutes sortes aideraient la personne prédisposée aux petits plats à réaliser mille et une merveilles dont Max comptait bien se régaler.

La petite fille d’Yvonne, l’aide-ménagère de sa mère, Angèle, avait accepté de se charger de l’entretien de la maison et l’ordonnance des menus.

Elle avait hérité des vertus de sa grand-mère, ce dont Max se félicitait comme d’un véritable bonheur.

Pour son arrivée, elle avait préparé un pâté de lapin aux noisettes qui plongea notre homme dans les délices de son enfance.

Un four alsacien permettait de réaliser pains de ménage et spécialités du Nord, pain d’épices, gaufrettes, palets de dames et mignardises de toutes sortes.

Par la suite, Max fit honneur à tous les plats préparés par Angèle, blanquette de veau, feuilletés de filets mignons, vol-au vent et saumon sous toutes ses formes.

Un jour, Angèle lui apporta triomphalement une carpe farcie aux champignons des bois.

La chair délicate de ce poisson rarement présenté ravit le pensionnaire de la maison de son enfance.

Angèle lui révéla que la carpe provenait de leur « mer » et qu’un pêcheur de ses amis la lui avait offerte pour rappeler des souvenirs à la personne qu’elle servait.

Un tourbillon d’images s’empara de Max et il se promit de courir, dès le lendemain, sur les lieux privilégiés de son enfance.

De même que le cheval d’orgueil piaffait dans une écurie imaginaire, de même, la mer était ainsi nommée pour évoquer un inconnu et une évasion maritime dans un pays ancré en un entourage de champs de blé.

La lointaine histoire de la commune, riche en combats et en illustrations littéraires et prestigieuses, s’était éteinte et le livre aux fermoirs d’argent qui contenait ses souvenirs s’était refermé à tout jamais.

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