samedi 24 juin 2023

Rebondissement


Résolu à faire évoluer le dossier, au vu des éléments nouveaux, Max se mit au travail.

Il relata l’enquête qu’il avait menée, par écrit, mentionnant la pauvreté des articles de presse qui semblait mettre en exergue l’omerta qui avait régné dans le village, provoquant le mutisme de ses habitants.

Il disposait d’un témoignage précieux, celui de Marius. Il pensait que d’autres personnes parleraient car Fleur-Lez-Lys se mourait dans la honte.

Le dossier fut envoyé par courrier spécial au ministère de la justice.

Dans l’attente d’une réponse qu’il espérait positive, Max établit un contrat vis-à-vis d’Angèle. Il ne pouvait plus se passer de ses services et il était juste qu’Angèle soit rétribuée de manière pérenne.

Ces démarches terminées, il se rendit au cimetière pour fleurir la tombe d’Elisabeth.

Il se recueillit après avoir déposé une gerbe de lys, promettant à la petite fille de faire éclater la vérité.

Puis il alla en pèlerinage sur les bords de l’étang baptisé pompeusement «  mer », s’assit en s’adossant au saule.

Il somnola légèrement et au sortir de sa torpeur, il vit l’eau onduler.

Une barque apparut au lointain et il vit nettement la silhouette d’Elisabeth se dessiner à la proue.

Sa robe était immaculée, comme s’il ne s’était rien passé et elle souriait.

Cette vision lui mit du baume au cœur.

C’est alors qu’il découvrit un personnage qui le ramena à l’enquête.

C’était un peintre. Il avait installé son chevalet non loin de lui et il brossait à grands traits un paysage où apparaissait nettement la silhouette gracieuse d’Elisabeth.

Elle semblait marcher sur l’eau et elle tenait à la main une poupée ensanglantée.

Par respect pour le travail de l’artiste, Max s’éclipsa sans mot dire mais il se promit d’en savoir plus sur cet homme qui faisait de la mort d’Elisabeth son thème principal.

Il avait reconnu la patte du peintre. L’un de ses tableaux ornait le café de Marius. La présence d’une poupée n’était pas sans rappeler les accessoires dont disposaient les policiers pour mener des interrogatoires auprès d’enfants présumés violentés.

Il serait intéressant d’entendre cet artiste, se dit Max.

Le lendemain, il se rendit au café, emportant une douzaine de gaufres à la vanille dont Angèle avait le secret.

Tout en savourant ces merveilles avec Marius, il l’interrogea habilement sur l’homme qui peignait d’étranges tableaux.

Marius lui révéla alors qu’il s’agissait de Florian, le frère jumeau de Victor, surnommé l’oncle d’Amérique.

On soupçonnait Victor d’avoir abusé de l’adorable Elisabeth et son frère représentait apparemment la petite fille sous la forme d’une poupée. Sa dernière toile la montrait, de plain-pied, une poupée meurtrie à la main.

L’artiste vivait dans une jolie maison près de la « mer ». Il s’était installé au village au sortir d’une vie tumultueuse passée à Montmartre.

C’est pour le voir que Victor était venu à Fleur-Lez-Lys, pour le malheur de la petite victime.

Cela change tout, se dit Max.

Soit cet homme a été le témoin du crime et il le reproduit de manière imagée en utilisant une poupée, soit, et ce serait le pire, il est l’auteur de cet acte odieux.

Cette seconde hypothèse lui semblait peu crédible car un assassin n’avait pas intérêt à attirer l’attention sur sa personne et il peignait au vu de tous.

Néanmoins, Max résolut de rencontrer ce témoin potentiel et il quitta Marius en le remerciant pour les informations précieuses qu’il lui avait fournies.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire