samedi 29 février 2020

Le Palais Oublié


Le Palais Oublié
Près d’un lagon aux belles eaux turquoise, un palais, un palais oublié semblait attendre son prince charmant ou sa belle au bois dormant.
Des ombres qui ressemblaient à des hologrammes s’y croisaient, la jeune fille à la perle, au teint laiteux et aux sages vêtements qui disparaissaient dans l’opale de la perle et la luminosité de beaux yeux bleus qui rappelaient l’origine céleste de la beauté, la belle jeune fille, couleur d’ébène, au corps sculptural, drapé dans une semi-nudité, se dirigeant vers la rivière et la jeune fille au chapeau du temps des cerises et de ses ritournelles charmantes, menant parfois, il est vrai à la révolte ou au désastre comme dans Casque d’Or.
Je me suis promenée dans ce palais aux mille détours puis je me suis aperçue que j’étais également l’une de ces héroïnes, mi- Anastasia Philipovna, mi-Clélia, au destin également dramatique.
Après ce constat, je me suis enfuie de ce palais somptueux, dédaignant ses festins et ses divertissements de nature orientale et je me suis retirée dans une humble demeure avec un beau jardin et un parc habité par les oiseaux et, en fait de prince charmant, j’ai guetté l’arrivée des oies sauvages et des grues qui strient le ciel de leur formation en triangle et sur la table du jardin, j’ai installé un nichoir pour accueillir et nourrir les oiseaux.
Le palais oublié reste néanmoins dans ma mémoire et je m’y promène parfois en prenant soin de ne pas me laisser enfermer, comme Dédale, dans le labyrinthe de mes pensées et je m’en échappe, plume à la main, pour noter la magnificence du rêve.  

vendredi 28 février 2020

Le soir, au clair de lune


Le soir, au clair de lune
Le soir, au clair de lune, les belles de jadis cherchent un amant pour vivre de grandes histoires d’amour, comme dans les romans.
Mais il arrive parfois que l’une d’elles tombe sur un prédateur qui se jette sur elle comme la bête du Gévaudan, après avoir prononcé les plus beaux serments d’amour.
C’est la vie, fillette, la vraie vie et comme l’horreur doit être dénoncée, il ne faut pas hésiter à nommer et à montrer du doigt cette bête malfaisante car elle détruit tout l’amour qui réside en nos cœurs comme dans une bulle cristalline au doux son de la passion.
Que l’art s’empare de nos esprits n’est pas acceptable car, à ce prix, personne ne veut être connu.
L’amour est inaltérable et pur et doit être préservé comme la pierre philosophale ou le diamant le plus merveilleux.
Fillettes, méfiez-vous des beaux discours car ils cachent parfois la noirceur d’une âme que l’esprit divin a fui !

Contes des Royaumes Oubliés

Contes des royaumes oubliés Dans une maison de retraite, une dame âgée qui a perdu la mémoire délire et prête à son prince charmant les aventures les plus folles ; un jeune accordéoniste mène une vie de bohème, du Nord à la Bretagne, en fuyant et rencontrant l’amour ; une femme se voit plongée dans une vie de couple imaginaire suite à une dépression nerveuse… Les solitudes se créent, s’effacent, les rêves perdurent… Au travers de nouvelles et brèves poétiques, Marguerite-Marie nous promène de la légende à la réalité, de la féerie à la mort, du rêve à la folie. Elle parvient à incarner autant l’espoir d’une âme d’enfant que la désillusions de l’amour et la noirceur de l’Histoire. Une gageure qu’elle relève avec grâce, humour et mélancolie.

jeudi 27 février 2020

L'enchanteur aux mains étoilées


L’enchanteur aux mains étoilées
C’est ainsi qu’on le nommait, l’enchanteur, en raison de ses mains étoilées, de son regard d’émeraude et de sa voix prenante, aux accents rocailleux.
Sa haute taille et son talent oratoire faisaient de lui un prophète, parfois terrifiant quand on voulait le contredire.
Il lui arrivait de rire mais c’était exclusivement en compagnie d’une dame chérie et il lui arrivait aussi de s’assombrir en songeant à son enfance et les jours de pauvreté qui l’avaient singularisée.
Il se souvenait amèrement des vêtements usagés que l’on donnait à sa mère et qu’il portait à contrecœur car ils faisaient de lui une sorte d’épouvantail à moineaux et ses camarades de classe  reconnaissaient les vieux habits déchirés que la pauvre mère avait rapiécés, ce qui ajoutaient à sa honte.
C’est dans le château de Montségur, en ruines depuis le passage des chevaliers du Roi de France que ses ancêtres avaient péri, certains sur des bûchers et l’on dit que l’odeur pestilentielle du supplice avait longtemps hanté la mémoire des pauvres.
L’enchanteur avait plusieurs fois entrepris le voyage à Saint Jacques de Compostelle mais il s’était toujours arrêté en chemin, peu certain de l’utilité de ce voyage.
Il écrivait des poèmes, privilégiant la forme mise à l’honneur par les écrivains de la Pléiade et en ces moments d’écriture, il connaissait une forme de bonheur.
Je l’ai rencontré, admiré mais une forme de retenue m’a empêchée de le suivre sur les chemins caillouteux qu’il avait empruntés.
Les cieux déracinés, son œuvre principale, restent dans ma mémoire et il m’arrive de citer quelques strophes comme une nouvelle aurore.

mercredi 26 février 2020

La rivière de perles


La rivière de perles
Au-delà d’une cascade de roses, de perles et de paillettes d’or, s’étendait un royaume fluvial dont les sarcelles et les cygnes étaient en majesté.
Marjolaine, riveraine d’une rivière où abondaient des coquillages où profileraient des perles d’eau douce, nommée rivière de perles pour cette raison, se décida à partir à la recherche de ces précieux coquillages pour faire de ces perles des colliers précieux destinés aux belles dames du royaume.
Elle s’installa dans une confortable embarcation guidée par un marinier compétent.
La barque glissait sur les eaux claires de la rivière et Marjolaine scrutait le courant des sources pour déceler la présence de ces précieux coquillages qui lui apporteraient, grâce à son talent, une petite fortune.
Soudain un vent s’éleva, balayant tous ses espoirs de richesse.
Le marinier fit preuve de courage et de compétence et la fragile embarcation fut mise à l’abri de la tempête en s’ancrant dans une crique.
Les deux passagers de la barque se réfugièrent dans une grotte confortable qui semblait destinée à accueillir des naufragés.
Après avoir fait sécher leurs vêtements trempés par la pluie, le marinier et la jeune fille se rassasièrent de fruits et de crèmes laiteuses disposées dans des coupelles et burent des boissons aromatisées à la rose et au jasmin.
Cet intermède gourmand achevé, Marjolaine eut la joie de découvrir dans une corbeille une provision de perles qui n’attendaient que des doigts industrieux pour en réaliser des montages précieux.
Elle se mit immédiatement au travail, entrelaçant des perles, des paillettes d’or et des ornements floraux diversifiés, ce qui aboutit à des créations magnifiques qu’elle n’aurait pas pu réaliser dans sa modeste demeure.
Ce travail achevé, elle s’endormit et rêva qu’un génie, celui de la rivière la prenait dans ses bras et l’embrassait avec passion.
Elle s’éveilla pour constater que ce n’était qu’un rêve.
La pluie avait cessé et le marinier qui était resté jusqu’à présent silencieux suggéra que l’on reprenne le cours de la vie et que l’on rejoigne la rive de leur point de départ.
Marjolaine fut ravie de quitter cette grotte et nantie de ses précieux colliers, elle reprit le chemin du retour.
Ses colliers firent fureur, on se les arracha et un jour, un jeune homme qui ressemblait au génie de son rêve vint lui demander sa main.
Pour toute réponse, elle se jeta dans ses bras et se retrouva sans surprise dans un palais proche de la crique où elle s’était abritée.
Le prince Azur était aussi le génie de la rivière de perles et il garda jalousement auprès de lui la douce Marjolaine qui ne fit de colliers que pour les enfants qu’elle eut pour que perdure la richesse de la rivière, au fil des ans.

lundi 24 février 2020

Yvain, le chevalier d' Orient


Yvain, le chevalier d’Orient
Chevauchant sur son destrier aux sabots de feu, Yvain, le chevalier d’orient emprunta la route de la soie pour se rendre en terre de Brocéliande où il était attendu.
Un faucon sur l’épaule et son épée Fleur dans un fourreau brodé par sa Dame, Eléonore aux yeux d’amande , il progressait fièrement, hardi et prêt au combat si des malandrins voulaient lui barrer le chemin.
De caravansérails en haltes campagnardes, il arriva en terre celtique et se joignit aux preux chevaliers qui avaient le dessein de faire revivre la Table Ronde du Roi Arthur.
Le Val-sans-Retour bruissait de tous ses feux et lorsque le signal de la fête fut donné, chacun prit place dans son fauteuil réservé, sous une tente à l’imitation du Camp du Drap d’Or.
Des hanaps de cervoise et de cidre circulèrent afin de favoriser les échanges.
Les plats se succédèrent, faisant la part belle aux spécialités bretonnes, Kig Ha Farz et crêpes Suzette, accompagnées de crème pâtissière et, bien entendu, le kouign Aman qui était un véritable délice.
Des jeunes filles dansèrent au son de la vielle et après tous ces intermèdes festifs, les chevaliers prirent un peu de repos avant une réunion concertée qui conduirait à une réflexion sur les valeurs celtiques et orientales.
Yvain prit un réel plaisir à profiter du confort d’une jolie chambre aérée et fleurie et lorsqu’il s’éveilla, il revêtit une tenue d’apparat et se mêla aux chevaliers dans la grande salle du château où les conversations allèrent bon train.
A l’issue de la réunion, des décisions furent prises. Une union renouvelée des deux mondes, Orient et Occident s’imposa grâce à des édits judicieux et réfléchis.
Sa mission accomplie, Yvain reprit le chemin du retour, non sans avoir préparé de jolis cadeaux pour sa dame d’amour, Dame Eléonore qu’il chérissait tendrement.
Une miniature représentant la fée Viviane faisait partie des présents et il comptait bien dire à sa mie qu’elle était son unique et éternelle fée en la prenant dans ses bras avec passion.
De retour au palais, il chérit si bien sa bien-aimée qu’elle attendit un enfant.
Il offrit à son fils le titre de Prince de Brocéliande et le prénomma Perceval, en hommage à la terre celtique qui l’avait si bien honoré.