dimanche 10 septembre 2017

Le dé enchanté (suite)

De guerre lasse, elle choisit une pièce de percale qui restait d'un trousseau, mit le dé qu'on lui avait confié avec la commande et s'apprêta à coudre une robe d'enfant ou de poupée afin de trouver un dérivatif.
Et c'est alors que le dé donna une inflexion à son doigt qui lui ouvrit un chemin de rêve. La robe d'enfant était une pure merveille.
Alors Pauline s'empara des ciseaux et coupa dans la soie et la dentelle des morceaux de choix dont elle fit ensuite un assemblage magique.C'est bien une tenue de rêve qu'elle cousit et elle ne s'arrêta que lorsque l'ouvrage serait achevé dans ses grandes lignes.
Jamais robe ne fut plus proche de la perfection.
Les jours suivants, elle conçut la traîne, le manteau d'apparat et la capeline qu'elle orna de roses de soie.
Le jour de l'essayage, la princesse revêtit la tenue de rêve et elle en fut si heureuse qu'elle offrit en retour un petit coffre ouvragé empli de louis d'or et de bijoux précieux. Une nouvelle fois, elle tint à récompenser l'artiste par un don de mets savoureux.
Pauline n'aurait plus qu'à en terminer avec des broderies et des entrelacs de perles et de pierres colorées.
C'est un laquais qui vint chercher la parure complète. Des cadeaux somptueux furent à nouveau offerts mais ce qui causa le plus grand plaisir à la talentueuse couturière fut une invitation à participer au mariage de la princesse Rose Amour.
Ce qu'elle trouva dans une enveloppe la remplit d'allégresse car elle apprit par un décret que dorénavant, elle serait au service de sa dame et qu'un avenir brillant lui était réservé.
La reine l'anoblit et l'incita à porter son dé en sautoir car il était digne de son talent.
" D'or et d'argent, dé de fée, tu assembleras les nuages pour en faire de magiques créations" telle fut la devise de la comtesse Pauline à qui on destina un chevalier digne de sa beauté et de son éclat.
C'est ainsi que le dé et la devise devinrent l'apanage de sa descendance.
Ainsi finit le conte du dé enchanté et gageons que nous retrouverons ses héros dans d'autres histoires car les conteuses aiment à embellir les souvenirs légués par la tradition et l'amour des beaux ouvrages qui ont fait la gloire des dames à travers le temps.

Le dé enchanté





Il était une fois une couturière dont chacun, au village, se plaisait à dire qu'elle avait des doigts de fée tant ses ouvrages délicats étaient originaux, précis et conformes à la personnalité de celle qui avait passé commande.
Elle confectionnait également des chapeaux et toutes sortes d'accessoires et l'on murmurait que toutes ses créations étaient dignes d'une reine.
Un jour, on lui apporta un pli scellé. Il contenait un dé ouvragé et ciselé ainsi qu'une commande mystérieuse ainsi libellée : Tenue royale d'apparat.
Pas la moindre mesure et aucune signalétique !
Sans doute faudrait-il attendre les consignes suivantes !
Effectivement, quelques jours plus tard, un carrosse s'arrêta à sa porte et une ravissante créature, vêtue de moire ornée de roses en descendit.
" J'ai besoin d'une robe extraordinaire" dit l'apparition en s'éventant avec délicatesse et un laquais apporta des rouleaux de soie et de velours ainsi qu'un assortiment de fils, de boutons, agrafes et perles.
Une paire de ciseaux, du strass et de la laine à broder complétaient la magnifique panoplie.
Pauline prit les mesures de la princesse avec une infinie déférence et lui demanda quelques informations complémentaires pour que l'ouvrage corresponde à ses attentes.
La princesse lui laissait carte blanche mais elle précisa qu'une traîne serait la bienvenue de même qu'un mantelet, des gants et une capeline assortis.
Concernant les broderies, elle lui laissait le soin de de donner libre cours à son imagination, s'attendant à un chef d'oeuvre.
Elles convinrent d'un jour pour le premier essayage et la princesse reprit la route, non sans avoir offert à la jeune femme une bourse de pièces d'or et un coffret de mignardises, de pâtés en croute et de feuilletés qu'il suffirait de réchauffer pour en goûter les délicates saveurs.
Tout étourdie par le souvenir de cette apparition, Pauline dégusta les mets princiers et ferma sa porte afin de prendre un repos nécessaire à la réflexion créatrice.
Le lendemain, elle élabora mille et un croquis, cherchant en vain la ligne royale dont elle rêvait.
à suivre ...

vendredi 8 septembre 2017

Equinoxe



Mon amour aux mains de soie, ambre et miel, aux lèvres douces comme les pétales d'une rose d'orient, je me glisse dans l'échancrure de ta robe de lin brodée de bleuets et je tire les rideaux de l’alcôve qui cacheront aux curieux les flux et reflux de notre passion, si vive qu'elle pourrait faire des jaloux, je meurs, je ressuscite, je ressuscite à nouveau pour mieux mourir sur les rives d'un désir jamais assouvi ...