mardi 30 juin 2020

Un nuage rose en forme de rocker


Un nuage rose en forme de rocker
Comme un rocker sans guitare, je trompe l’éternité de mes jours et j’use de la métamorphose autorisée au Paradis pour voir mes joyaux, Jade et Joy, leur apparaissant dans l’intervalle de deux nuages roses qui jouent avec l’aurore.
J’aurais tant voulu vous accompagner un peu plus longtemps, surveillant vos fréquentations car je ne le connais que trop ces ravisseurs de jeunes filles naïves qui  voient un prince à la place du voyou.
Je compte sur la clairvoyance de votre mère, la belle Laeticia, auprès de qui j’aurais aimé vivre encore quelques soirs de rêve mais l’heure avait sonné !
Moi qui suis toujours allé aux funérailles des proches de mes amis et qui ai mené le deuil pour le père qui ne m’a jamais aimé, je sais gré à tous ceux qui ont organisé mon adieu à la terre en cette belle ville de Paris où j’ai tant aimé chanter !
Jade, Joy, mes joyaux, Laeticia, mon dernier amour, le plus fidèle et le plus sûr, je vous demande d’offrir toutes mes guitares pour trouver le Jiminy Cricket qui saura reprendre le blues et le rock que j’ai tant chantés !
A Dieu, mes amours, et que chantent les fleuves, les pierres et les astres dans l’attente du nouveau prince de l’amour !

Roses, pivoines et lait d'ânesse


Roses, pivoines et lait d’ânesse
Nul ne saura si le lait d’ânesse possède de réelles vertus pour éloigner le spectre de la vieillesse car sa célèbre utilisatrice, sous la forme de bains, la belle Cléopâtre qui mit à genou les rois du monde de l’époque, fut surprise par un serpent qui la projeta dans le royaume des ondes.
Histoire de renouer avec le fil de l’antiquité que j’aime tant, je fais usage d’onguents au lait d’ânesse, parfumés à la rose et à la pivoine et je me contente de songer que je m’épargne peut-être quelques rides.
Je ne consulte aucun miroir  car je sais, de source féerique, que c’est un instrument parfois maléfique et qu’il ne peut remédier en rien aux ravages du temps comme l’a constaté Charles Aznavour, compatissant envers son épouse qui multipliait les produits de beauté face au révélateur de la tombée du soir.
Petite fille, je collectais les pétales de roses, voulant retarder le plus possible la chute de la beauté, aujourd’hui, je me contente de m’enivrer de leur parfum que je prolonge sur mon corps par cet enduit naturel que l’on nomme produit de beauté !

Le papillon du rêve


Le papillon de mes rêves
Il s’est posé sur mon épaule, le papillon du rêve et je me suis bien gardée de le toucher, de crainte qu’il ne meure.
Ses ocelles bleus se sont réfléchis dans le miroir d’amour que m’a offert, un jour, un poète et dont je ne me servis jamais, sauf à observer les détails de la nature qui pouvaient m’échapper.
Le miroir de l’amour s’est mis à palpiter et sa surface est devenue un voile léger d’où a surgi un être féerique qui s’est mis à danser.
Ses pieds nus touchaient à peine l’herbe du domaine dont je ne sors jamais, certaine de ne rien trouver qui vaille la peine d’un déplacement devenu si hasardeux de nos jours.
Le danseur a mis toute son âme dans sa chorégraphie et nouveau Rudolf Noureev, a projeté la beauté sous forme de valse cristalline en laissant derrière lui des perles d’amour que les petites fées ont collectées pour en faire des parures.
La danse achevée, l’artiste s’est fondu dans le voile de brume contenu dans le miroir et le papillon a alors quitté mon épaule pour aller converser avec la plus belle rose de mon jardin.
Alors je me suis retirée dans ma bulle de verre et j’ai noté les éléments floraux et féeriques de ce moment pour en faire une ode à l’amour.

lundi 29 juin 2020

Le prince aux yeux pers


Le prince aux yeux pers
En observant son reflet dans le miroir, le prince Florian dont chacun admirait le regard qui rappelait celui de la déesse Athéna, la déesse aux yeux pers, trouva que sa tenue, pourtant élégante, ne mettait pas en valeur la limpidité persane du miroir de son âme.
Des paillettes d’or sublimaient l’iris de sa parure naturelle, mettant l’accent sur la paradoxale retenue de sa mise.
Chez les Etrusques et à Florence, à l’époque de la Renaissance, en Italie et en France, les hommes portaient des tenues raffinées, correspondant à l’harmonie de leur couple ou au désir de se distinguer par la magnificence de leurs vêtements.
Lors de la Renaissance, velours, dentelles, soieries venues de la lointaine Chine, rubans, perles, diamants et pierreries du plus bel effet s’ajustaient pour créer d’incroyables tenues destinées à émouvoir le cœur des belles dont on cherchait la clef d’amour.
Le prince se rendit compte, à ce moment de la réflexion, qu’il n’aimait personne.
«  Voilà où le bât blesse » énonça-t-il clairement et ces paroles retentirent avec un écho sous la haute voûte de sa chambre.
«  Il me faut trouver ma dame d’amour » conclut-il résolument et délaissant son miroir qui ne lui apprendrait rien de plus, il entreprit un voyage, escorté par ses plus fidèles soutiens, fines lames et experts en arts martiaux.
Des poètes et des musiciens figuraient parmi la fine fleur de la noblesse, portant haut et fort la bannière princière.
Comme le voyage risquait d’être long, le prince prit la précaution d’engager du personnel prompt au service et à la cuisine ainsi que des hommes habiles à manier la hache, capables de construire un camp retranché si besoin était.
« Qu’elle montre ses jolis yeux pour être à la hauteur de notre prince, cette dame d’amour et nous pourrons la ramener dans notre palais » murmurait-on, le soir, lors des haltes qui nécessitaient un bivouac.
Laurent de Médicis ne sera plus le dernier gentilhomme connu pour sa magnificence se jurait par ailleurs le prince, se donnant ainsi des raisons d’aller de l’avant dans cette périlleuse entreprise.
Lors de la traversée d’un torrent dont les eaux gonflèrent au milieu du gué, le prince se trouva coupé du plus gros de sa troupe et gardant seulement à ses côtés cinq hommes, certes les plus hardis et les plus valeureux, jouant de leur corps et d’instruments de musique tels que la vielle et le biniou avec souplesse et talent, il dut revoir ses plans.
Parvenus sur l’autre rive, ils convinrent de ne pas prendre le risque d’attendre le reste de l’escorte et ils entreprirent la poursuite du voyage.
Ils eurent la chance de voir se profiler les hautes tours d’un château de belle facture à la tombée du soir.
On leur offrit l’hospitalité. C’est un chambellan qui dirigea la manœuvre et après un excellent repas précédé par un accès à une salle d’eau pour leurs ablutions, ils se virent proposer une veillée autour d’un grand feu de cheminée.
Des conteurs, des jongleurs et des troubadours se succédaient puis, à la clôture de la veillée, la dame des lieux se montra.
C’était une très belle femme et ce qui frappa le prince et ses suivants fut la grande beauté, la fulgurance même de son regard.
Le prince Florian se sentit inondé par une émotion si forte que la pourpre envahit son visage.
Dame Guylène fit preuve de retenue en ignorant ce détail, troublant pour son invité.
Ne voulant pas révéler le but secret de son voyage, le prince prétexta un frénétique besoin d’aventure et fort heureux d’avoir trouvé un thème de conversation, il évoqua son amour pour la mythologie et l’Italie de la Renaissance.
« Nous avons donc un point commun » révéla la duchesse et elle fut heureuse d’apprendre au prince que sa famille était originaire de Florence. Une aïeule était si belle qu’un prince voulut s’emparer de sa personne et Dame Luisa dut se résigner à fuir en compagnie de son époux qu’elle aimait tendrement.
«  Vous avez sans nul doute hérité de cette grande beauté » dit le prince et cette fois, ce fut au tour de Dame Guylène de piquer un fard.
Un ange passa et pour que l’atmosphère ne soit pas alourdie, le comte Aymeri qui était l’un des plus fidèles amis du prince, chanta une mélodie d’amour si belle et si poétique que chacun se sentit ému jusqu’au tréfonds de l’âme.
Pour féliciter ses hôtes de la beauté de l’aubade, Dame Guylène fit servir des coupes de sorbet au vin d’Asti, assorties de religieuses et de tartelettes aux amandes.
Ensuite, le prince et ses amis furent conduits dans leurs appartements et chacun prit du repos jusqu’au lendemain.
Une bonne nouvelle parvint au prince à son réveil : le reste de son escorte était arrivé au château et tous attendaient le bon vouloir de leur seigneur.
Florian trouva les mots pour faire comprendre que l’aventure était achevée en ce qui le concernait et lorsqu’ils virent apparaître Dame Guylène, chacun pensa que le prince avait trouvé sa dame d’amour.
«  Quelle est la couleur de ses yeux » ? lui demanda le comte Roland, autre proche, connu pour son art de manier le sabre.
«  Mon cher ami, répondit le prince, j’ai toute la vie pour la découvrir » !

dimanche 28 juin 2020

La révolte des palombes


La révolte des palombes
Non, nous ne nous laisserons plus prendre au filet ou tuer, voire blesser ce qui est pire, par balles, les chasseurs se camouflant sous les feuillages, vin et charcuteries à portée de main !
La fée Diamantine nous a promis son aide et nous la croyons car, dans son enfance, elle a souffert de la brutalité ambiante qui régnait dans la rue où elle a grandi.
Certes, pour lutter contre la noirceur du monde qu’on lui jetait au visage, elle récoltait les pétales de roses et allait les proposer à ses voisines qui jouaient le jeu avec amusement mais ces petites actions ne suffisaient pas à contrebalancer la méchanceté qui se révélait sous de multiples formes, troublant ses beaux yeux bleu azur que d’aucuns célébraient.
Après avoir passé avec succès les épreuves du concours «  Fée mention champêtre », Diamantine, son nom de scène désormais, avait laissé derrière elle ses années d’enfance meurtrie et elle s’était révélée comme la plus efficace des fées.
Alors, nous, palombes menacées, surtout lorsque nous essayons de franchir la barrière des Pyrénées, avons décidé de devenir sa garde prétorienne, la suivant dans tous ses déplacements.
En ce jour solennel de vote, je vous en conjure, amis de la nature, votez Diamantine, elle nous sauvera d’une mort certaine ou d’une extinction de la race à petit feu !
Oui, nous sommes révoltées car notre survie est en jeu !
Que vive éternellement notre belle Diamantine qui écrit ses premiers mots en se servant des plumes que nous laissons dans notre sillage pour preuve de notre existence !
Vive Diamantine, vive notre fée protectrice et que tourne la terre  dans un halo d’azur !