samedi 30 août 2014

Le palais de Lancelot





Dans un palais englouti au fond d’un lac, vivait un bel enfant blond. Il jouait avec des galets dorés et attendait sagement que sa nourrice lui apporte de bons repas à base de poissons et de légumes venus du domaine de la fée Viviane.
De temps à autre, la fée qui lui tenait lieu de mère venait passer quelques jours en sa compagnie, lui donnant des cours de chant et de harpe celtique. Rien n’était trop beau pour le petit prince : la fée passait commande auprès de jeunes bergères pour qu’elles filent la laine la plus aérienne qui soit et d’autres femmes, spécialistes en couture et broderie, confectionnaient des tenues d’apparat, pour le grand bonheur de la fée.
Elle lui racontait de magnifiques histoires dont il était souvent le héros. Parfois elle l’emmenait en barque et lui apprenait à distinguer les chants des oiseaux et lui nommait les arbres de l’autre côté de la berge.
Mais un jour, une tempête s’éleva et renversa la barque, noyant le bel enfant.
La fée employa tous ses pouvoirs pour le ramener à la vie et lorsqu’enfin le rose revint sur les joues pâles de l’enfant, la fée Viviane jura de lui faire quitter le palais. Elle se décida à chercher une famille sur la terre ferme et en trouva une dans un château de briques roses et c’est là que Lancelot du Lac à qui l’on révéla enfin son nom et son destin prestigieux grandit avec tous les avantages d’un enfant de son âge.
La fée disparut de son univers et ne revint que pour le présenter à la cour du Roi Arthur dont il devint à la fois le meilleur ami et le pire ennemi du fait de sa passion irréversible pour la Reine Guenièvre.

La reine en son jardin d'amour





Dans sa robe de soie gorge de pigeon, la reine esquisse quelques pas en son jardin d’amour et observe les détails qui s’offrent à sa vue, un rouge-gorge dans la neige, une rose gelée, une fine couche de glace qui craque sous les pas et en déduit que le printemps arrivera bientôt avec sa cohorte de fleurs et de parfums enivrants.
Elle croque le rouge-gorge au fusain et lorsqu’il est achevé, il s’envole vers les nuages ourlés de nacre.
D’une ligne d’horizon pourpre, un prince aux couleurs lumineuses, s’approche de la reine et lui récite les poèmes qu’il a composés en son pays d’au-delà des mers, d’un orient fabuleux où naissent et renaissent les roses.
La reine le conduit en son palais, réunit ses dames d’atour, son chambellan et tous les serviteurs et ordonne qu’un grand bal se prépare afin de trouver une dame d’amour à la hauteur des rêves de ce beau prince oriental. Mais ce dernier estime qu’un bal n’est pas nécessaire. Il connait déjà la dame qui règnera sur son cœur, elle se nomme Asphodèle et il doit lui rapporter une fleur inestimable pour gagner ses faveurs.
Alors la reine sourit et emmène le prince dans la serre que ses jardiniers entretiennent jalousement. Le prince s’arrête devant l’orchidée Catleya chère à Marcel Proust et confie un bouquet à son cheval ailé pour qu’il dépose la précieuse offrande à sa belle.
Délivré de ce souci majeur, le prince Alban accède à tous les désirs de la reine et lui chante ses derniers poèmes que la reine fait noter sur un parchemin doré.
Au terme de quelques jours, le prince Alban fait seller son alezan et repart vers son pays lointain, laissant derrière lui les premières fleurs du printemps, jacinthes crocus et myosotis.
Certain de savoir la reine heureuse dans cet environnement fleuri, il traverse l’arc-en-ciel du bonheur et sème sur sa route quelques joyaux, rubis, turquoises et pierres de lune pour assurer la pérennité de ce royaume chéri.

jeudi 28 août 2014

La légende de l'oiseau bleu






Vêtue de roses, elle allait par les chemins, un grand lys blanc à la main.
Ébloui par sa beauté, le dieu des roses souffla sur les délicats pétales qui s'envolèrent au vent, ne laissant que la blancheur du lys en guise de sceptre.
La jeune femme mourut et depuis, sur la grève, les mouettes pleurent la disparition de leur bonne étoile car chaque matin la belle enfant les nourrissait d'une miche entière de pain blanc.
Il pleure des étoiles qui s'illuminent près de la grève et les enfants rêvent de les emporter sans se faire piquer.
Depuis les jeunes filles vêtues de roses ne se promènent plus en bord de mer et se lovent dans les bois, à la recherche de l'oiseau bleu qui leur apportera le bonheur.

samedi 23 août 2014

Les roses de mon cœur




Les roses de la nuit ont pleuré sur mon cœur ! Envolé, mon bel amour ; ses promesses ont duré l’espace d’une aurore interminable puis se sont effondrées en ne laissant derrière elles qu’un parfum suave, aussi doux et enivrant que celui du jasmin.
La roue étoilée de cette fleur magique tournoie comme une princesse orientale au son des tambourins et du luth qui répètent inlassablement le credo des amants.
J’aimerais vivre dans ce pays magique mais je n’en ai plus la force et de plus, il y a longtemps que je sais que les promesses d’amour ne durent qu’un instant.
Qu’importe ! Je rêve et me laisse bercer par la douce musique des mots, mes seuls amants  puisqu’ils ne m’ont jamais trahie !