dimanche 28 mai 2017

Les larmes du soleil





En me promenant près du miroir aux fées, j'ai croisé une libellule qui m'a adoptée.
Pour fêter ce bel événement, je me suis assise sur un banc de pierre et j'ai sorti de mon sac un petit carnet qui ne me quitte jamais.
Et les mots se sont mis à chanter avec tant d’allégresse que les larmes du soleil sont tombées sur mes écrits pour leur donner un charme inédit.
Ensuite, à la tombée du soir, je suis repartie chez moi, à petits pas, avec la juvénile beauté de la libellule à jamais inscrite en moi.
J'ai choisi pour titre de mon prochain livre Les larmes du soleil et je ne doute pas de son succès car la fusion de l'éphémère beauté de la libellule et ces larmes solaires, radieuses et empreintes de poésie a offert à mon grimoire féerique l'accent de l'éternité.

samedi 27 mai 2017

Le cadeau de Liseron





Un beau matin, la belle Liseron mit sa pèlerine et chaussa ses bottines pour aller voir le roi de la forêt, un magnifique sapin centenaire dans l'espoir d'y découvrir un fabuleux cadeau.
Lorsqu'elle arriva dans la clairière, précédée par un vol d'oiseaux bleus, elle ne vit aucun paquet enrubanné.
Par contre, un jouvenceau jouait de la flûte traversière et l'enchantement prenait corps dans une douce mélopée.
Un nuage d'or les enveloppa et ils naviguèrent de concert dans un pays enchanté où l'on avait banni pour toujours guerres et disettes.
Liseron et son enchanteur atterrirent sur les marches d'un beau palais de marbre aux couleurs d'orient.
Ils goûtèrent à toutes les joies paradisiaques dont on peut jouir sur terre et s'endormirent, enlacés dans une zibeline qui leur rappela les bienfaits de la forêt et de ses habitants.
Et lorsque Liseron s'éveilla dans sa chambre de jeune fille sage, elle fut à peine surprise de voir à son chevet le pâtre d'amour qui lui était destiné pour toujours.

vendredi 26 mai 2017

Le Prince d' Or

Le Prince d' Or
En son jardin d'amour, la belle Oriane brodait en rêvant. Soudain le paon turquoise qu'elle venait de terminer sur le chemin de table destiné aux fêtes s'envola, laissant à sa place de la poudre d'or.
Après avoir suivi le vol de l'oiseau céleste, Oriane se pencha sur le centre de sa broderie et découvrit avec surprise les contours d'un jeune prince avenant à la silhouette dorée.
Elle emporta soigneusement le précieux ouvrage dans sa chambre, déterminée à attendre le prochain miracle.
Les jours suivants, elle privilégia la peinture à la broderie et esquissa de nombreux portraits du prince mystérieux.
Le dernier lui parut d'une grande beauté et elle fit le serment de découvrir cet amour de contrées lointaines où l'or coulait à flots, un eldorado de l'amour.
Elle prit la décision de voyager et de parcourir le monde oriental où ce prince devait nécessairement résider.
La ville de Marrakech fut sa première étape. Les parfums, les bijoux, les danses l'enchantèrent.
Elle fréquenta les riads à la mode et fit de belles rencontres, éloignées néanmoins du magique portrait.
Elle mit alors le cap sur la ville d' Alep, respira l'odeur des étals et celle des savons estampillés par un maître-savonnier.
Elle fit provision de produits nécessaires à l'entretien de sa beauté et poursuivit sa route vers cet orient des Mille et une Nuits où les contes coulaient de source.
Pendant ce temps, le prince d'or l'attendait en son palais.Un paon lui avait apporté le portrait d'Oriane et il avait fini par trouver sa résidence.
Il l'attendait, le cœur plein d'amour.
Comme il regardait avec tendresse les portraits que sa dame avait réalisés, il lui vint un désir d'écriture et il commença un livre où l'amour avait son visage.
Les mois passèrent puis les années et la belle Oriane ne revenait toujours pas, cherchant en vain le prince de ses rêves.
Un messager vint prévenir le prince Amant que son père venait de décéder et qu'on l'attendait pour conduire le deuil.
Amant écrivit une lettre circonstanciée à sa dame et lui laissa l'ouvrage qu'il venait justement de terminer.
Son titre Amour de Rose correspondait tout à fait aux rêves qu'il avait entretenus en suivant le vol des oiseaux et en respirant les parfums du jardin d'amour.
Le paon revint et reprit sa place sur le chemin de table, effaçant les contours dorés du prince.
Oriane, de son côté, décida de mettre un terme à sa quête et de revenir en son palais.
Un étrange hasard voulut qu'ils se croisent sur le chemin du retour.
Ils se reconnurent car l'âme des amants a une couleur turquoise et un parfum de rose orientale.
Chacun reprit sa route après avoir juré de se revoir, une fois la période du deuil terminée.
De retour au palais, Oriane découvrit avec bonheur le retour du paon turquoise sur sa broderie et le livre que son aimé avait écrit à sa gloire;
Elle commença un trousseau où les fleurs et les oiseaux donnaient une note lumineuse.
Ce fut le plus charmant des mariages et ce jour là, le prince Amant revêtit un somptueux costume couleur or et la belle Oriane avait une robe de dentelle incrustée de diamants, gages d'éternité.

Charme de Botticcelli




Digne émule de la déesse Flore,Lucrèce  s'en va par les chemins, respirant l'odeur des fleurs des champs et des roses.
Pour adhérer à la terre qu'elle aime tant, elle ôte ses chaussures et marche pieds nus sur la glaise qui lui communique sa vigueur et son ardeur.
Pour détailler la beauté d'un bleuet, d'un coquelicot ou d'un simple bouton d'or, elle s'assied sur l'herbe avec précaution pour que l'éphémère charme de ces offrandes ne se détruise pas avant l'heure du requiem.
Avec pour compagnon un grillon porte-bonheur en hommage à Elsa Triolet, Lucrèce goûte la beauté terrestre et l'emporte dans sa demeure où elle se met à chanter Le temps du muguet pour immortaliser l'idéal qu'elle a vrillé au cœur dont elle fait cadeau à ses amis pour leur plus grand bonheur.

vendredi 19 mai 2017

Requiem

 Je suis passée comme un rêve sans pouvoir imprimer mes pas sur la terre qui m'était si chère dans l'enfance.
Je me suis entourée de livres et de roses et j'ai ressenti une révélation de mon existence, peut-être fictive mais empreinte d'une ouverture vers le ciel auquel j'aspire ardemment.
Les cieux se sont ouverts et des colombes sont venues jusqu'à moi pour me rendre le goût de vivre et de vouloir follement que l'amour et la paix règnent en ce monde si tourmenté que le mot "colère" est sans doute le plus employé pour décrire l'état d'âme des habitants d'un grand pays qui a oublié peu à peu des pans de son histoire pour n'en retenir que des anecdotes dérisoires, aussi éloignées de la réalité que le fut un paysage peint par un âne à qui un peintre facétieux avait attaché un pinceau.
Pour échapper à ces tourments de l'esprit, je reprends la plume et la trempe à nouveau dans l'encrier des poètes avec la couleur turquoise qui a toujours été mienne.
J'irai dans les jardins, j'irai près des fontaines et je recueillerai les chants d'oiseaux pour les métamorphoser en mots qui finiront par chanter.