mardi 26 janvier 2016

Perle de Lune




Perle de Lune, mon aimée, tu t'es incrustée dans mon cœur et depuis tu t'y loves, tu prends de l'ampleur, tu deviens si belle que je n'ai plus de place pour une autre princesse.
Je vais comme un amant du temps jadis. J’ai trempé un gobelet d'argent dans la fontaine de Barenton mais aucun chevalier n'est venu me défier.
En me penchant pour observer mon reflet dans l'onde féerique, c'est une perle que j'ai vu se déployer et je suis mort à l'instant de t'avoir trop aimée.

samedi 23 janvier 2016

L'enfant de la rivière





Elle est apparue, comme çà, un soir de mai, nageant au fil de la rivière parmi les liserons d'eau et les nénuphars.
Je l'ai appelée et elle est venue en riant. Elle parlait une langue étrangère où l'on distinguait çà et là quelques mots de grec et de persan.
Comme elle était vêtue d'un simple paréo, je l'ai emmenée chez moi et je lui ai offert des vêtements qui avaient appartenu à ma fille. Je lui ai aussi donné son bracelet d'argent.
La petite Eila riait et elle esquissa quelques pas de danse puis s'endormit.
Je la portai dans une chambre au papier peint et aux meubles fleuris de roses.
Elle dormit trois jours et lorsqu'elle se réveilla, elle mit ses petits bras autour de mon cou.
Depuis elle vit à mes côtés, parle notre langue, joue du piano et écrit des romans pour sa poupée.
"Migrants" qu'ils disent, mais ne le sommes- nous pas tous ?
Nous vivons dans ces vallées un peu de temps, plus ou moins long selon les destinées et puis nous partons vers des paysages inconnus où nous apprenons enfin à nous conduire comme les enfants des paradis perdus.

vendredi 22 janvier 2016

Les jardins de mon âme



Dans les jardins de mon âme, je me suis longtemps promenée et puis un jour, je me suis arrêtée dans un endroit qui me sembla propice au bonheur.
Il y avait une source qui s'écoulait en jasant, des oiseaux et des tapis de fleurs odorantes et capiteuses où dominaient le jasmin et la rose, les fleurs des amants.
A l'abri du vent, sous une pergola, je me suis servie de parchemins étoilés et j'y ai jeté mes rêves en bouquets.
C'est alors qu'il est apparu, le prince des contes, une rose noire à la main, celle de mes chevaliers et j'ai lu dans son œil bleu la douceur orientale qui m'a toujours enchantée.
Nous avons conversé de mille riens, esquissé le projet d'un jardin d'amour.
J'ai fermé les yeux un instant et lorsque je les ai ouverts à nouveau, j'étais seule mais un vent de fleurs s'était matérialisé en un manteau royal et c'est ainsi vêtue que j'ai poursuivi l'écriture d'un nouveau livre à la recherche d'un temps nouveau, sous une pluie d'étoiles de jasmin.

samedi 2 janvier 2016

La princesse Indira


En respirant le parfum d'une rose de son jardin, la princesse Indira se trouva aspirée par une force aux volutes cristallines et propulsée dans un monde nouveau tapissé de fleurs qui se mirent à parler pour l'acclamer. " Longue vie à notre princesse" disaient-elles en chœur et six pivoines en tenue de bal tinrent à l'escorter jusqu'au cœur de son palais dont le dôme argenté scintillait au soleil.
Escalier de marbre sous les vivats d'une foule qui fleurait bon le jasmin et le réséda, ces fleurs secrètes des jardins d'amour, hall majestueux sous une verrière que des lustres de cristal illuminaient et enfin salon d'apparat où la princesse put se poser grâce à un sofa majestueux.
Comme dans les contes qui se respectent, on lui servit une agréable collation puis on l'invita à gagner ses appartements pour y prendre un bain parfumé avant de s'étendre dans un lit royal pour un sommeil réparateur.
Le lendemain, la princesse désira connaître les secrets de ce palais inédit mais le protocole lui interdit d'avoir une conversation suivie avec âme qui vive.
Enfin prête, elle se promena dans les jardins et c'est au détour d'un sentier bordé de buis élégants qu'elle vit apparaître le plus beau des princes.
Il avait la grâce du lys blanc, le charme du coquelicot et la beauté ineffable du bleuet dans sa ganse de blé mûr.
"Permettez-moi de me présenter, dit l'apparition, je suis le prince Sasha mais pour vous, je serai surtout le prince Amour" et il s'inclina pour lui baiser la main.
Puis pour sceller le caractère sacré de leur rencontre, il sortit une bague de son écrin et la passa au doigt d'Indira. La bague était constituée de diamants roses qui jetaient mille feux et elle s'adaptait à la perfection à l'annulaire gauche de la princesse, ce qui était assurément un signe du destin.
Ils unirent leurs mains et cheminèrent jusqu'à un bosquet où se dissimulait le plus charmant des jardins d'amour. Ils s'assirent sur un banc et observèrent les oiseaux qui décrivaient dans le ciel de folles arabesques.
Le temps passa à une vitesse vertigineuse et c'est avec surprise qu'Indira se retrouva dans son jardin près de la rose qui l'avait propulsée dans un monde enchanté.
De son aventure, il ne lui restait que la bague, preuve qu'elle n'avait pas rêvé !
Pensive, elle s'en retourna à petits pas jusqu'à son palais, s'attendant à être rattrapée par le prince Amour.
Elle l'attendit des années. Le jardin devint un appel floral. Lys et roses alternaient dans un fol embrassement.
Alors qu'Indira s'apprêtait à tourner la page de cet amour du monde des fleurs, un voyageur activa le heurtoir de la porte de chêne du palais.
Elle le reconnut à son regard. Il était le plus aimant des hommes et sans donner la moindre explication sur ce retard étrange, le prince enlaça son bel amour et ils se perdirent dans une passion embaumée par les mimosas et le jasmin.