samedi 31 août 2019

La Princese Camélia


La princesse Camélia
Après avoir sellé son cheval Foudre, la princesse Camélia prit la direction de l’océan car on lui avait signalé la présence d’un voilier au large de la côte.
Escortée par des hommes et des suivantes dévouées à sa cause, elle arriva au bord d’une crique où était amarré un magnifique vaisseau.
Elle se retira dans une maison des bords de l’eau qu’elle avait fait construire pour surveiller les abords de son royaume et se contenta d’examiner les mouvements  qui pouvaient se produire à bord du voilier.
Un jeune homme mélancolique apparaissait toutes les heures et muni d’un ukulélé, il chantait des romances émouvantes et mélodieuses.
Les sirènes bondissaient pour l’encourager dans ses déclarations mélodieuses.
La princesse Camélia se joignit aux sirènes dans un magnifique costume de bain, bleu lagon décoré d’oiseaux et de fleurs.
Elle adressa une invitation au prince en chantant un couplet de sa composition :
« Toi qui chantes l’amour avec tant de conviction et d’émotion, je t’invites à venir en mon palais et nous deviserons par couplets alternés si tu le souhaites pour que ce dieu magnifique et insaisissable vienne nous voir et nous offrir ses services.
Nous jouerons à  des jeux innocents dans les jardins et nous interpellerons la déesse Aphrodite pour qu’elle nous aide à choisir l’âme-sœur qui nous accompagnera toute la vie »
Le prince fut charmé par cette invitation et y répondit favorablement avec beaucoup de ferveur.
Ils convinrent d’un jour et d’une heure et la princesse s’en retourna en son palais pour préparer l’entrevue.
Tout fut mis en œuvre sur le plan matériel pour que tout soit aussi parfait que possible et des invitations furent envoyées aux alentours pour que de jolis jeunes gens et des demoiselles aussi belles que talentueuses participent à l’événement festif.
Le grand jour arriva. La princesse reçut tous les participants et s’entendit prononcer leurs titres et leurs noms.
Le prince mélancolique venait d’un royaume du Nord. Il se prénommait Yvan et avait reçu une solide éducation littéraire et artistique.
Il savait également dessiner et peindre et il proposa à la princesse de faire l’esquisse de son portrait.
Ravie de cette proposition, la princesse déclara en accepter le principe et lors d’une valse un rendez-vous fut pris pour que se tienne la première séance de pose.
Le lendemain, le prince arriva au palais avec son attirail de peintre et il se mit immédiatement au travail, la princesse ayant revêtu, à sa demande, une tenue printanière, tout à fait charmante.
Ils se tenaient dans un patio inondé de soleil et ce détail n’échappa pas au prince qui notifia ce détail avec des couleurs chatoyantes.
Il peignit jusqu’à ce que le pinceau lui échappe des mains et reprit le chemin de la crique où son bateau était amarré.
La princesse lui avait proposé l’hospitalité mais le prince Yvan déclara qu’il avait besoin d’entendre le clapotis des vagues pour dormir.
Les séances durèrent peu, le prince dessinant et peignant comme si sa vie était en jeu et lorsque le tableau fut terminé, chacun ne put retenir un cri d’admiration tant cette création était exceptionnelle.
La beauté de la princesse y apparaissait dans tout son éclat et un supplément d’âme, imperceptible et miroitant au gré des instants lumineux de la journée, jaillissait de la toile comme un diamant.
Le prince déclara que désormais il considèrerait ce tableau comme son chef-d’œuvre et décréta qu’il pouvait rejoindre son royaume.
Rien ne put le faire changer d’avis et lorsque la princesse arriva le lendemain au bord du rivage, ce fut pour constater que le vaisseau avait disparu.
Les sirènes disparurent à leur tour et la princesse reprit ses activités ordinaires avec mélancolie.
Il ne lui restait que le tableau merveilleux mais quel n’était pas le prix de ce présent tout à fait hors du commun !
Le bruit courut dans tous les royaumes avoisinants qu’il existait une princesse d’une beauté hors du commun.
Des peintres talentueux firent des copies du portrait et ils circulèrent, favorisant les émois de jeunes hommes, prêts à risquer leur vie pour qu’une telle beauté éclaire la monotonie des jours.
C’est ainsi que de nombreuses demandes en mariage parvinrent au palais.
La princesse Camélia fut si courtisée qu’elle en oublia peu à peu le prince Yvan.
Les fêtes se succédèrent au palais et vint enfin le moment tant attendu où le cœur de la belle princesse se mit à battre avec ardeur lors d’une mazurka.
Fermant les yeux pour être sûre de ne pas être désappointée en découvrant les traits de son cavalier, la princesse regarda son vis-à-vis à la fin du morceau et reconnut alors le prince Yvan qui lui offrit sa bague de fidélité et d’amour.

jeudi 29 août 2019

Douce Dame


Douce Dame
Douce dame jolie, aux yeux de lin et au teint d’églantine, tu m’apparais comme la vision d’un monde nouveau.
Ton corps souple et dansant me ravit et je ne me lasse pas d’admirer tes courbes apaisantes et enivrantes et je rêve de ces jours aujourd’hui enfuis où je pensais naïvement que le monde m’appartenait et qu’il me suffirait de vouloir la possession d’un trésor pour qu’il soit à moi.
Il me semble que la piste de danse où tu exerces ton talent repose sur du sable et que tout est si fragile que l’on peut s’attendre, à chaque instant, à ce que tu disparaisses, toi qui es le symbole même de la beauté.
Je te suivrai où que tu ailles et s’il me faut te suivre dans les enfers, je suis prêt à la damnation.
Douce dame jolie, je te redis mon amour et ma fidélité.

samedi 24 août 2019

Vacances d'été


Cette fois c’est bien fini, les jouets sont endormis, le bateau du capitaine est ancré dans la crique du salon et les jeux créatifs se sont tus pour rentrer dans la caverne de la mémoire.
D’une voix de stentor, mamie qui s’est piquée au jeu, annonce l’entrée de Corneline, la fille de Corne d’Or, avec ses sabots de feu et la fière coursière, interprétée par Eloan fait une entrée fracassante au son de la Cazérienne car le cher enfant interprète simultanément tous les rôles.
Il est la coursière ardente, l’écarteur brave qui multiplie les écarts et le sauteur intrépide qui se lie les jambes pour réussir un magnifique saut de l’ange.
Il n’oublie ni les tumades, ni les accidents humains qui peuvent parfois hélas émailler cette course de légende venue du fond des âges, résurgence de ces temps où l’homme affrontait les bêtes sauvages.
Il salue à la fin, croulant sous les bravos et boit ensuite le cassis- orangina de la victoire dans un gobelet d’argent car rien n’est refusé au brave des braves qu’il incarne !
Il retire à regret son habit de lumière et retrouve les jeux ou les activités du garçon de cinq ans qu’il est toujours en dépit de ses velléités de grandir plus vite que Peter Pan dont il admire pourtant les exploits.
Ce sera bientôt la rentrée scolaire avec ses joies et ses peines et sa discipline si salutaire pour canaliser toutes ces formidables énergies qui sommeillent au cœur de tous ces enfants qui ne demandent qu’à se développer pour devenir de grands hommes et des femmes inoubliables qui jalonnent les siècles de leurs exploits inouïs !

mercredi 14 août 2019

La ronde des elfes


La ronde des elfes
Dans la clairière enchantée, les elfes forment une ronde pour danser au clair de lune avec les fées.
Ils ont de jolies ailes argentées et ils portent des sabots dorés pour bien marquer la cadence.
Les oies sauvages les appellent mais les lutins se souviennent des aventures de Nils Holgersson à travers la Suède et de ses rencontres avec  Smirne le renard et ils n’ont pas envie de rejouer les épisodes douloureux de la traversée suédoise.
Les elfes s’abreuvent dans les eaux claires d’une fontaine et ils jouent à cache-cache dans les bois.
Le roi des elfes offre sa couronne à une jolie princesse qui vit dans un château semblable à celui de la Belle au bois dormant et on décide alors de donner une fête pour célébrer l’événement.
Carafes de sirop d’orgeat et friandises appréciées par les elfes et les fées ainsi que par les princes, princesses et grandes personnes de toutes catégories sociales, circulent à la ronde mais un rayon de lune chasse les participants qui s’en retournent dans les pages de contes dont ils sont sortis, grâce à la plume d’une conteuse qui n’a pas oublié les joies de son enfance.

Le Prince au teint de lys


Le prince au teint de lys
Il était une fois un prince au teint de lys et de rose et aux cheveux blonds comme les blés. On le prénomma Daniel.
Il grandit avec la force du héros dont il portait le nom et nul ne pouvait lui résister.
Un jour, il décida de partir au loin afin de mettre à l’épreuve ce don qu’on lui attribuait.
Il sella son cheval Sabot d’écume et partit en direction des forêts avoisinantes.
Il chevaucha longuement et finit par arriver dans une clairière habitée par un ermite qui avait fait vœu de mutisme.
Il lui confia son cheval et marcha à l’aventure.
Un lion se profila à l’horizon et alors que Daniel envisageait de l’affronter à mains nues, un chevalier à la cotte de mailles usagée apparut. Il prit ainsi la parole :
«  Je suis Yvain, celui que l’on nomme le chevalier au lion. J’errais dans la forêt, prêt à mettre fin à mes jours car la dame de mon cœur m’avait chassé pour avoir oublié la date de nos épousailles quand ce lion est apparu.
Loin de se jeter sur moi pour me déchirer à belles dents, il s’est couché à mes pieds et j’ai pu constater qu’il souffrait à cause d’une épine qu’il avait dans le pied.
Je la lui enlevai et lui passai un onguent qui le soulagea.
Depuis ce jour, il ne m’a pas quitté et nous sommes amis, soudés par une compréhension réciproque : il me garde et je lui évite les inconvénients de sa condition animale.
Daniel fut enchanté par cette rencontre et lui conta que son prénom était prédestiné à l’amitié vouée aux lions puisque le héros éponyme, jeté dans une fosse habitée par les lions avait été épargné par ces bêtes que l’on disait féroces, grâce à l’intervention d’un ange.
Tout en devisant, Yvain et son ami Daniel, suivis par le lion arrivèrent aux portes d’un château.
« Il me faut te quitter dit Yvain car j’ai fait vœu de vivre en ermite ».
La séparation se fit instantanément et lorsque les deux silhouettes ne furent plus qu’un point à l’horizon, Daniel activa le heurtoir.
Une hôtesse lui apparut, vêtue de longs voiles brodés d’or.
Elle lui accorda l’hospitalité  et ils entrèrent dans un boudoir où on leur apporta les rafraichissements d’usage.
Daniel accepta de passer quelques jours au château et ce fut une suite de jours enchanteurs où la qualité des repas fut à la hauteur des aubades charmantes, données sous de multiples formes.
Daniel se rendit compte que les arts avaient été un peu délaissés dans son éducation.
La force brute, même ciselée par l’art chevaleresque, était en quelque sorte éloignée des centres primordiaux de la vie.
Lorsqu’il quitta ses hôtes, Daniel prit la décision de se retirer dans un ermitage pour y méditer.
Il reprit Sabot d’écume, son fidèle cheval, et s’en retourna à son château pour le laisser en bonne compagnie.
Il se fit construire un ermitage où il se retira, priant sa famille de venir le chercher si besoin était ;
Il vécut ainsi quelques années et lorsqu’il connut les livres saints et qu’il joua correctement de plusieurs instruments de musique, composant des mélodies et des romans, il décida de sortir de sa retraite.
Devenu sage, Daniel désira de fonder une famille et il chercha parmi les damoiselles des alentours, celle qui aurait eu l’éducation nécessaire pour donner à leurs enfants le goût des belles lettres et du savoir.
Élodie fut choisie pour sa connaissance des langues anciennes et sa pratique de l’enluminure, de la broderie, de la peinture et de l’écriture de romances que Daniel prit plaisir à mettre en musique.
Ils vieillirent auprès de leurs enfants et une heureuse destinée les préserva de guerres meurtrières.
Yvain qui avait été convié à leurs noces eut la chance d’obtenir le pardon de sa dame.
Quant au lion, il vécut encore des jours de bonheur auprès de son ami et se contenta de promenades dans le parc, sans souci des horizons lointains et du gibier.
Daniel et Yvain devinrent des amis inséparables et l’on dit que parfois, dans la forêt, les fées se racontent leur histoire, se félicitant d’avoir assisté à l’éclosion des arts au détriment de la force, fût-elle chevaleresque, et des instincts brutaux des bêtes que l’on dit sauvages et qui manquent tout simplement d’amour.