mardi 6 août 2019

La fontaine de Barenton


L’âme de la fontaine de Barenton
Dans son palais oriental et ses fabuleux jardins, partagée entre sa belle et odorante orangeraie et sa gloriette embaumée par les fleurs et les fruits de saison, la belle Blanchefleur vivait sa grande passion aux côtés de son époux le prince Jasmin à qui elle avait donné de magnifiques enfants, Nourredine et Fouad, Maya et Lila si adorables qu’on ne pouvait que les aimer.
Outre les nuits qui lui apportaient des sensations inexpliquées et toujours renouvelées, ses moments favoris restaient ceux qu’elle passait à déguster un excellent breuvage, le moka qui lui apportait un regain de vigueur. Elle le dégustait à petites gorgées, en compagnie de son époux.
L’âme de la fontaine de Barenton, si longtemps incarnée par son défunt époux, le chevalier de Ponthus, restait ancrée dans sa mémoire et pour que perdure son souvenir, elle avait fait venir de Brocéliande l’armure du chevalier et des objets personnels qui lui avaient appartenu. Un peintre avait réalisé des aquarelles représentant la fontaine et le château, demeuré si longtemps un sanctuaire.
Une pièce du palais réservé à ses enfants et à ceux qui les servaient était à l’image de ces objets devenus cultes et Blanchefleur s’y rendait pour embrasser Amour, Aurore et Lilwen et leur rappeler, sous forme de saga, les exploits de leur père.
Cependant il arriva que dans cet espace-temps sans nuages, des rêves récurrents obscurcissent ses nuits.
La fontaine bouillonnait sans relâche, s’emparant de sa personne.
Blanchefleur devenait la fontaine et cette fantasmagorie était si vivace qu’à son réveil, elle avait la tentation de se débarrasser de cette eau qui coulait en son corps comme une rivière.
Elle était la fontaine et semblait à la merci du premier vandale qui songerait à s’emparer de sa personne dédiée à Brocéliande.
Lorsqu’elle s’ouvrit à ces fantasmes à son époux, le prince Jasmin, ce dernier sourit et lui répondit sans ambages :
«  Blanchefleur, ma Dame à nulle autre pareille, je savais qu’il viendrait, ce jour, où, pour ne pas vous perdre, je devrais vous renvoyer en Occident.
J’ai pris les devants, mon âme et j’ai fait réaliser une armure à votre taille, solide, sans défaut et poudrée d’or, comme il sied pour une reine.
Une escorte est prête avec mes meilleurs guerriers pour vous accompagner jusqu’en terre de Brocéliande. De plus des mules chargées de biens et de richesses destinés à être prodigués autour de vous, rouleaux de soies, services à moka que vous aimez tant, porcelaines de Chine et tant de merveilles qui vous sont coutumières feront le lien entre nos deux univers.
D’ailleurs je vous suivrai par la pensée et je ne manquerai pas de surgir à vos côtés lorsque ma présence sera nécessaire.
 Avec ma garde royale, je mettrai à mal ceux qui veulent en découdre avec la reine de mon cœur et défendrai votre fontaine qui est devenue mienne puisque vous en êtes le symbole vivant ».
Heureuse d’avoir un époux aussi aimant et prêt à l’aider dans sa tâche considérée comme sacrée par les divinités de la forêt, Blanchefleur éprouva un amour immense et un regain de bonheur vivace pour cet orient qui ne lui avait apporté que le bonheur et lorsque ses bagages furent prêts, elle prit la tête du convoi, en armure, pour se porter au secours de leur fontaine immortelle.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire