mercredi 25 juillet 2012

Retrouvailles



Dans les hautes tours d’un château perché près des nuages, entre ciel et brume, les silhouettes de preux chevaliers et de leurs dames flottaient, prêtes à se réincarner.
« Guenièvre, ma mie, où êtes-vous ? » psalmodiait une voix. « Tristan, mon doux ami, je ne peux vous oublier » chantait la belle Yseult à la blonde chevelure. Se débarrassant du tombeau de verre où il gisait emprisonné par sa belle amie, Viviane au regard de déesse, Merlin déploya son étendard où éclatait le cerf d’argent qui arborait la croix celtique des origines.
Alors la ronde des chevaliers et de leurs dames envahit le château tandis que les hérauts annonçaient l’heure du festin et de la danse.
Ce furent de belles retrouvailles et plus d’un musicien se surpassa à la vielle, à la flûte à bec ou à la harpe à la vue des yeux des jolies dames que chaque poète s’ingénia à fleurir, penché sur son écritoire et poudrant d’or le portrait achevé.
Mais il se trouva une romancière qui sortit de sa réserve et n’hésita pas à chanter le port souple et altier et le visage aux traits fins d’un chevalier qui ne lui était peut-être pas destiné.
Maniant la plume comme le sabre des samouraï, la romancière gagna la bataille et tel chevalier qui, dans les légendes, était destiné pour l’éternité à sa belle, tomba sous le charme de l’écrivain aux yeux d’or et ploya le genou devant elle en devenant son bel amour courtois pour la vie, du moins le temps d’un livre !

Rêve d'Amour



Pour toi, ma belle, je tamiserai mes mots pour qu’ils deviennent poudre d’or et pépites, pour toi, j’irai sur les routes du ciel et ramènerai des nuages que tu fileras au rouet, les transformant en fils de soie qui te donneront des robes de princesse, j’irai dans les galeries des mines d’or et te rapporterai lingots et jeans de diva, je partirai en Chine à la recherche de perles fines, j’écrirai des romans pour que tu ne trouves pas l’ennui, je chanterai les mélodies des troubadours et je te ferai rire en inventant des histoires cocasses, pleines de fantaisie, pour toi, je vivrai au jour le jour, oubliant mes grands rêves et mon idéal. Mon cheval de lune restera dans son box et je resterai près de toi en oubliant le bel azur, les oiseaux, l’océan et ses voiliers.
 Tu seras mon Yseult, ma Guenièvre, ma belle du temps jadis, ma belle Otero, ma sage fille aux yeux bleus, comme dans les romans d’Émile Zola et enfin ma femme d’aujourd’hui, mon amante et mon rêve, ma rose d’Amour, toi l’Unique, la multiple et l’éternelle.

lundi 23 juillet 2012

Ode aux capucines



Des lianes de capucines volent au vent léger, semant les graines de la poésie qui germent dans les jardins. Un habillage coloré fait de ma pergola une divinité florale de la Renaissance. Lovée au cœur de cette armure de rêve, j’écris l’ineffable douceur de cette fleur magique. Venue d’Amérique du Sud avec les Conquistadors, elle orne les plus beaux vases et se mêle aux salades gourmandes pour leur apporter beauté et croquant. L’une des plus jolies ritournelles « Dansons la Capucine » reste dans nos mémoires comme le chant qui ouvre à une plus ample connaissance de cette modeste fleur aux mille vertus et aux coloris les plus extravagants, nuances tropicales qui explosent en nos pays tempérés comme un chant triomphant.

mardi 17 juillet 2012

La Fée des Poètes


 
 Un papillon sur la joue et un nuage sur l’épaule, la Fée des Poètes marchait sur un tapis de roses. Une pergola où se nichait une balancelle enrichie de coussins filés or sur fond de pourpre où se détachaient des oiseaux en strass apparut au bout du sentier.
La Fée s’y installa, légère et rêveuse car elle attendait un ou plusieurs hôtes. Où étaient les poètes ? Elle se promettait de leur offrir des écritoires luxueuses et enluminées. Sur le dos de son éventail qu’elle maniait avec dextérité, il y avait quelques phrases essentielles tenant aux secrets de la vie, la mémoire des mots, leur usage dans le quotidien et leur action sur le monde. Toutes ces questions avaient été posées par Arthur Rimbaud mais, nouvel Icare, il s’était brûlé les ailes à l’approche du soleil.
Il arriva pourtant, il en reste toujours un, le poète des rues et des champs. Refusant de suivre la Fée sur le chemin ô combien difficile, il tenta de l’embrasser « J’ai embrassé l’aube d’été ». Ces vers cascadaient en lui comme une chanson vivifiante mais la Fée lui donna quelques coups secs de son éventail, devenu un objet punitif.
Calmé, le poète s’assit à ses côtés, lui demanda pardon en couplets versifiés puis s’endormit.
Au réveil, il ne restait de la Fée qu’un peu de poudre d’or et une écritoire magique où le poète commença un recueil enrichi d’images solaires.