dimanche 31 mai 2015

Au roi de mon coeur





Le roi de mon cœur se promène dans les bois, cueille des fleurs qui sentent le printemps, jacinthes, pervenches, muguet qu’il envoie dans sa demeure et se glisse dans une barque qui épouse le lit de la rivière.
Il écrit des poèmes, dessine et confie ces trésors aux cygnes qui l’accompagnent. Il croise Mélusine et lui confie son amour pour une belle enfermée dans une tour où elle rêve et soupire.
« Ah si je vous avais connu, soupire Mélusine, comme je vous aurais aimé mais aujourd’hui je ne suis que le fantôme de la magnifique sirène qui tint les hommes sous l’émeraude de son regard. Quant à la belle qui ne quitte pas son domaine, garde la ! elles sont rares celles qui attendent leur roi de cœur, rêvant de se blottir contre sa poitrine comme un oisillon apeuré ».
Et la belle sirène s’en fut non sans avoir gratifié le prince de colliers et de bracelets de perles ainsi que de bagues d’émeraude, de la couleur de ses yeux.
Heureux de sa journée, le roi de cœur s’en fut retrouver sa belle et tous deux s’endormirent enlacés sous des bouquets de fraîcheur et des perles de bonheur.

dimanche 24 mai 2015

Complainte du chevalier





Ma belle a une taie sur l’œil et je ne peux l’en délivrer !
Que Saint Michel et Saint Georges me viennent en aide car je ne peux rien pour elle ! Je chasse les dragons pour les mettre à mort, j’erre dans les forêts pour aider la veuve et l’orphelin si besoin est et si mon roi l’ordonne, je pars vers l’Orient délivrer le tombeau du Christ.
C’est ainsi que je suis parti loin du château de ma reine et qu’elle a usé ses beaux yeux en regardant la ligne d’horizon, rêvant de me voir apparaître avec mon bouclier forgé par un orfèvre et mon armure noire où erre un dragon d’or transpercé par ma lance fleurdelisée. Ma belle, ma mie, mon adorée, il me faut te quitter car un fier chevalier doit avoir pour compagne une femme qui sache lire, broder et cuisiner.
Choisis ton monastère et je t’y conduirai. Tu ne manqueras de rien et le vent m’apportera tes serments d’amour.
Mais à sa grande surprise, sa dame d’amour s’effondra à ses pieds, morte.
 « Mais que s’est-il passé ? gémit le chevalier. Elle était encore si belle et si rayonnante malgré cette blessure incurable. Chevalier, tu as parcouru le monde mais tu ne connais rien dans le domaine féminin. Tu aurais dû te douter que la reine ne pourrait pas supporter de laisser sa place à une plus jeune et plus belle qu’elle ! Mais qui me parle ? dit le chevalier car il n’y avait âme qui vive sur le chemin de ronde. Que t’importe, foi de chardonneret ? » et l’oiseau s’envola, laissant le chevalier face à son destin.

samedi 23 mai 2015

Les Fées de la Nuit






Les fées de la nuit m’ont emportée dans un pays fabuleux où règnent les licornes. Installée dans le patio d’un Riad où chante une fontaine, j’écris la romance des fleurs du jasmin et de l’oranger.
Il y a longtemps que les chevaliers et leurs opposants ont quitté notre terre. Il n’est plus besoin de chanter leurs exploits. Les sabots de leurs chevaux ne fouleront plus une terre gorgée de sang.
Dans les fondrières qu’ils nous ont laissées, coquelicots, bleuets et marguerites ont fleuri pour que les enfants en fassent des bouquets.
Mais voilà qu’un chevalier à l’armure couleur de soleil surgit d’un tournesol. Ses armes luisent et son bouclier sculpté de figures légendaires, Yseult la Blonde et Dame Guenièvre, les fées Morgane et Viviane repousse les assaillants qui veulent s’y frotter tant le pouvoir des femmes est magique.
Mon chevalier est parti pour des pays qui ont besoin d’hommes courageux et je suis restée parmi les fleurs à écrire les broderies de mon âme.
Les fées de la nuit se sont éclipsées et m’ont offert leur royaume où vivent les licornes, chargées de me protéger jusqu’à la fin de ma vie.

vendredi 22 mai 2015

La chapelle au clair de lune





Devenue batelière pour voir les hommes de près et les choisir à sa guise, Mélusine, avenante et précise dans l’art de naviguer sur la Loire, charmait ceux qu’elle promenait, détaillant ici et là les beautés pittoresques des bords du grand fleuve.
Un jour, elle crut voir un prince déguisé comme elle le faisait et elle se tint ses gardes. Soudain il murmura une vieille chanson.
Les premiers mots « La chapelle au clair de lune où j’ai tant rêvé de vous » la propulsèrent dans un univers qui lui était étranger, plein de tendresse et de sentiments à fleur de peau.
Cette vive émotion déclencha le processus étrange qui l’enveloppait comme une malédiction : sa queue de sirène envahit peu à peu le bas de son corps et elle plongea dans le courant argenté, laissant son prince aux prises avec le fleuve plein de surprises et de remous. Ce dernier n’hésita pas à plonger à son tour et tous deux accostèrent dans un îlot qui abrita leurs amours.
« Mais où est donc votre chapelle » murmura l’enchanteresse. « Ici » lui répondit le prince en ouvrant grands les bras.