vendredi 24 juin 2016

Les Nuits d’Or



Mon bébé d'amour, ma belle au bois, ma beauté, mon ange aux ailes d'or, je te veux, nuit et jour, à mes côtés.
Qu'un vin doux réveille nos ardeurs ! J'en connais qui sont de velours et d'autres d'un délicieux pétillant qui ravive les ardeurs.
Mon amour, mon ange, ma beauté, je t'aime à en mourir et ton absence me pèse.
Que l'on me donne des parfums venus d'orient pour que je m'enivre à l'évocation de ton nom qui brûle en mon cœur
comme un oiseau ardent, un phénix sans cesse surgissant de ses cendres, une rose de feu sur les plumes de sa tête.
Ma toute petite fille, mon amour de rêve, ma reine de Saba, je te veux, enveloppée de dentelles anciennes et de voiles brodés d'or avec une couronne de fleurs d'oranger pour contenir tes beaux cheveux.
Je me prosterne à tes pieds car je suis ton chevalier d'amour, celui qui te chérira toute sa vie et te donnera de beaux enfants qui courront dans les vignes de nos pères.
Les raisins blonds couleront sur leurs joues roses et je te prierai de ne point les gronder car ils sentiront le suc de la terre et en auront à jamais l'amour, brasero de la vie.
Mon amour, ma beauté, les beaux jours s'enfuiront et nous aurons de la peine à rester enlacés mais, je le jure, je n'aimerai que toi et nous irons tout doucement vers le port où nous attend la caravelle de notre dernier voyage.
Ses voiles d'or luiront au firmament et nous partirons, mon cœur, comme les amants qui auront connu mille et une nuits d'or.

mardi 21 juin 2016

La Noce





Sur la route du rêve, j'ai croisé un gros nuage rose où l'on distinguait nettement un carrosse d'or. Je l'ai suivi et je suis arrivée dans le parc d'un château aux allées d'althéas et d'hortensias.
Un couple charmant vêtu à l'ancienne se disait des serments en s'enlaçant avec la fougue de ses vingt ans. J’ai su à l'instant que j'entrais dans un roman courtois où l'on se jure de s'aimer éperdument jusqu'à la fin de ses jours et j'ai souri au beau nuage festonné d'argent.
Assise sous la pergola, j'ai commencé l'aventure insensée d'un chevalier de rêve et de sa dame d'amour aux rubans merveilleux.
Mais soudain le ciel s'obscurcit et des nuages sombres s'amoncelèrent pour éclater en grêlons cristallins.
Monté sur un cheval noir, un cavalier menaçant apparut dans ce décor féerique et il m'emporta jusqu'au fin fond d'une forêt étrange, inextricable, sans lumière, sans fleurs et sans oiseaux puis il me jeta sans ménagement dans la cellule triste d'un château humide, habité par des corbeaux.
Fort heureusement, j'avais gardé sur moi mon fameux petit carnet, celui où je note tous mes rêves et lorsque je l'ouvris, il y eut une série d'éclairs, le tonnerre retentit et je me retrouvai dans le château de mes rêves, sous la pergola où couraient groseilles, roses et jasmins et je repris le roman commencé en écrivant le chapitre du mariage fabuleux, marqué par un festin oriental digne des Mille et Une Nuits avec une gigantesque pastilla et des mets savoureux.
La mariée fit son entrée et on la plaça au cœur d'une roue forgée par les désirs incandescents des souvenirs princiers.
La belle fut portée triomphalement par des jeunes gens vigoureux et on lança des pétales de roses, de jasmin et de fleurs d'orangers sur la noce qui célébra avec faste les amants éternels en scandant leurs prénoms qui devinrent ceux de Tristan et Yseult.

samedi 11 juin 2016

Vente de livres extraordinaire





Il m'est arrivé il y a quelques années de les vendre tous et c'était déjà une somme rondelette ! Un homme en costume fripé et à demi déchiré, chaussé de tongs était entré dans un restaurant où nous nous trouvions mon mari et moi. Il s'est assis à une table voisine et a commandé du homard ; la serveuse lui dit : c'est cher vous savez mais il a laissé voir une liasse de billets impressionnante. Il craignait que les homards souffrent et voulait assister à l'opération, un original à coup sûr ! Nous avons échangé quelques paroles et mon mari lui a dit : ma femme écrit, il a répondu cela ne m'étonne pas et chose étonnante il a ajouté, elle doit écrire des contes à la manière de Madame d' Aulnoye (l'auteur de La Belle et la Bête). Il a ensuite ajouté qu'il m'achèterait mes livres lorsqu'il aurait fini de déjeuner. Je lui ai donné l'adresse du site où nous passions quelques jours en compagnie de camarades de mon mari. Au moment où je pensais qu'il m'avait oubliée, il est arrivé en taxi, un peu ivre ! Je suis entrée dans le taxi et lui ai montré mes livres, en proposant un mais il a insisté : je les prends tous ! Comme le calcul n'est pas mon fort, je m'en suis remise au chauffeur qui se faisait une joie d'établir la note. Il a sorti sa fameuse liasse et comme je n'avais pas l'appoint le chauffeur a tranché superbement : Madame vous enverra son prochain livre ! Il a griffonné son adresse et me l'a tendue en me disant : ça fait bien hein Monsieur le comte et Manoir ! je lui ai fait remarquer que je lui avais adressé la parole sans connaître ses origines ! Beau souvenir !

jeudi 9 juin 2016

Deux Ans



Tu as deux ans, petit Eloan et sur les lignes de ta vie, les fées, les papillons et les roses tracent des chemins d’amour.
Ton papa est le plus tendre et le plus affectueux des veilleurs de rêve, il veut préserver toutes tes chances de réussite et de bonheur.
Mamie t’a surnommé Petit Bonheur et elle est bien décidée à ce que la fée Cristal apporte le soleil éternel dans ton petit cœur qui bat comme les ailes des anges.
Parrain est bien décidé à faire de toi un as de la raquette car le tennis est sa grande passion et il a tant de patience envers toi qu’il en est parfois la victime. Tu bloques son téléphone car tu adores pianoter sur les boutons qui passent à ta portée.
Quant à Papi, il use de toutes ses forces pour te porter, te donner à manger et t’accompagner vers tes promenades au fond du jardin ou à l’entrée du poulailler où deux poules blanches, couleur de l’espoir, ont fait, leur entrée pour te souhaiter avec le beau gâteau d’anniversaire, la splendeur de tes deux ans !
Mille bisous dorés et cristallins, Eloan, notre petit Roi !

mercredi 1 juin 2016

Les Tulipots voient rouge





A l’approche du printemps, les Tulipots, notamment les plus jeunes, eurent envie de battre le pavé pour clamer leur colère. Imitant les Frondeurs qui menaient une lutte intestine à la Maison du Peuple, les idéalistes qui allaient de Solferino aux cafés branchés en passant par les plateaux télévisés pour proclamer leur vie, sortaient les drapeaux à l’effigie du parti au pouvoir pour contester une loi Travail censée en donner à tous et naturellement aux Jeunes. « Oh mais le compte n’y est pas disaient-ils pleins de rage, imitant le loup de la fable. Où sont les promesses tenues dans les meetings proclamaient-ils, oubliant que tout homme politique, même sincère, ne peut tenir toutes les promesses faites pour obtenir des voix » et boudant avec rancœur, ils juraient la perte de celui qui avait voulu leur bonheur, quitte à faire le jeu de prédateurs tapis dans l’ombre, prêts à ramasser la mise sur le velours de la Présidentielle.
Puis un homme aux épaisses moustaches qui semblaient d’un autre temps et qui consistaient à donner un air farouche à un visage somme toute ordinaire battit le pavé et multiplia les déclarations de guerre à un gouvernement qui cherchait seulement à trouver des solutions de réussite dans un pays bloqué par tant d’usages et  de lois que la contradiction était au cœur de la marelle politique où le ciel était assombri par des nuages noirs.
Il osa même s’en prendre au ballon rond dont la fête était annoncée. Il n’hésita pas une seconde à s’adresser aux camarades travailleurs afin qu’ils bloquent le pays de manière rédhibitoire.
Dans ce jeu pervers, un homme jeune, aux beaux yeux bleus et aux déclarations empreintes de bon sens et stigmatisant à la fois le gouvernement qu’il servait et les pseudos révolutionnaires, se fit remarquer dans des postures singulières, notamment la pêche à l’anguille en Camargue, terroir privilégié pour celui qui amorce une conquête lente et sûre du pouvoir.
Son nom hantait les médias et son sourire à la fois angélique et carnassier flottait sur le drapeau où se détachaient ses initiales. E. M. qui épousaient celles de son mouvement En Marche, si bien nommé pour celui qui entamait une longue marche vers le château central dont chacun rêvait.
Parallèlement, jeunes et moins jeunes investissaient la Place de la République, sous le nom de Nuit Debout. C’était à la fois un mouvement destiné à la reconquête de l’esprit, au théâtre comme  dans les périodes pré révolutionnaires et bien entendu aux épisodes festifs gourmands, merguez et saucisses chères à tout mouvement populaire rôtissant sur des braseros.
On interdit l’alcool car des abus conduisirent certains rêveurs à des débordements dont ils n’étaient plus maîtres.
Interrogé sur la valeur qu’il accordait à ce mouvement si singulier, Manolète rétorqua par une boutade disant qu’en ce qui le concernait, il était toujours debout nuit et jour, faisant ainsi allusion au farniente que l’on prêtait à ces révolutionnaires qui rebattaient les cartes du monde la nuit mais qui vraisemblablement dormaient le jour.
Cette remarque attisa la recrudescence de la colère dite patriotique mais on reçut un peu moins les meneurs sur les plateaux médiatiques, certains journalistes pensant à juste titre que leur corporation serait peu ou prou remise en cause tant la volonté de tout détruire pour pouvoir renaître devint pressante.
Des ultras, cagoulés et matraqués s’en prirent au matériel urbain et aux biens des commerces avoisinants, brisant les vitrines et allumant des feux pour bien marquer leur territoire.
La haine de l’état sous toutes ses formes fut à son comble quand des énergumènes connus des forces de police selon l’expression consacrée, mirent le feu à une voiture avec la volonté d’enfumer les passagers jusqu’à ce que mort s’ensuive. N’écoutant que son courage, un homme qui venait de se faire recaler à un examen le menant à la titularisation, évita les coups qu’un adversaire voulait lui porter en pratiquant un évitement sportif admirable.
Les photos firent le tour du monde et le président l’anoblit par une légion d’honneur méritée. Orson Casenave, présent à la cérémonie, assura ce brave des braves qu’il serait élevé au grade supérieur en respectant les normes administratives usuelles. Le jeune femme qui était à ses côtés dans la voiture transformée en brasier connut également les honneurs de la République, ce qui était tout de même la moindre des choses, compte tenu de la frayeur qui avait dû surgir lors de cet épisode douloureux.
On arrêta les agresseurs présumés et à la suite d’une plaidoirie bien menée par un avocat talentueux, chacun évita la prison où tout quidam sensé aurait voulu l’y conduire, sous prétexte qu’il était difficile, voire impossible de déterminer si la personne jugée était seule ou appartenait à un groupe !
Subtile distinction qui valut à chaque criminel en puissance de battre le pavé à nouveau, à sa guise et de fomenter, pourquoi pas ? une nouvelle révolte !
Déçus par ces rebondissements sauvages, de nombreux Tulipots se tournèrent vers un parti qui promettait de mettre un terme à l’impunité, oubliant que sa figure de proue était avocate et qu’elle ne pourrait, en aucun cas, contourner le code civil, à moins de le détruire pour en faire une réécriture, ce qui ne manquerait pas de jeter à nouveau de vagues de mécontents dans les rues .
Et pendant ce temps, le président élu homme politique mondial 2016 se demandait si sa préconisation n’allait pas se trouver vérifiée.
Avant d’être élu, conscient de la difficulté de sa tâche, il aurait confié à des proches « J’espère qu’on ne nous jettera pas des pierres à la fin ».
Certains plumitifs, agressifs et virulents mirent un bémol à leurs éditos au vitriol et l’on commanda des ouvrages lénitifs notamment un livre intitulé Mademoiselle qui brossait un tableau charmant de la vie privée élyséenne.
Bel Aubépin se fendit d’un petit ouvrage intitulé sobrement Qui est l’ennemi ? rappelant à toutes fins utiles que le royaume des Tulipots restait le point de mire d’un ennemi protéiforme, qui pratiquait la haine des valeurs ancestrales de notre pays, de Saint Louis à nos jours, nommé Daesh dont le drapeau noir flottait comme l’étendard du malheur annoncé.
Mais cela c’est une autre histoire.